Chers collègues :
Ceux qui soutiennent les réformes de bien-être animal sont tous très exaltés. Ils se réfèrent à un article du Journal sur l’Économie de l’Agriculture intitulé Impacts des campagnes de communication sur le Bien-Être animal sur la Demande de viande et les réformistes clament que « La Science Intervient Enfin : Les Campagnes pour les Réformes de Bien-Être Animal amènent les Gens à Acheter Beaucoup Moins de Viande. »
Je suis actuellement en train de discuter avec des collègues formés en économie et en statistiques pour apporter une réponse complète à cette étude, qui souffre à mon avis de problèmes méthodologiques et a été mal conçue. Mais je dirais que même un bref examen de l’article suffit pour se rendre compte que les affirmations des réformistes sont pour le moins hyperboliques.
Avant toute chose, la consommation de viande augmente et ne diminue pas. Cette étude ne dit pas que les campagnes réformistes ont donné lieu à une réelle diminution de la consommation de viande. Au contraire, elle expose que la demande, mesurée sur une période d’environ dix ans, n’a pas augmenté autant que les auteurs l’auraient pensé si l’attention des médias sur les questions de bien-être animal n’avait pas augmenté. Les auteurs reconnaissent le fait que ce freinage de la hausse de la demande est « faible, mais statistiquement significatif ».
Il y a de nombreux, très nombreux problèmes avec cette étude. Par exemple, les auteurs n’ont pas été capable de trouver le même « faible » résultat dans le cas des vaches. Ils affirment en outre que « cette perte de la demande quitte le complexe de la viande plutôt que de se répercuter sur la demande des autres viandes ». Mais ils définissent le « complexe de la viande » comme celui des vaches, porcs et volailles. Le taux moindre d’augmentation de la demande, « faible » comme le reconnaissent les auteurs, pourraient s’être déplacé vers de nombreux autres produits d’origine animale qui ne font pas partie du « complexe de la viande » tel qu’il est défini. Les auteurs indiquent aussi clairement que faire le lien entre les résultats qu’ils ont trouvé et les préoccupations de l’ordre du bien-être animal pose problème.
En bref, la consommation d’animaux est en hausse mais elle n’a pas augmenté autant en ce qui concerne les porcs et les poulets, et cela pourrait s’expliquer par des préoccupations de bien-être animal mais cela pourrait aussi n’avoir rien à voir avec des préoccupations de bien-être animal et tout ralentissement de l’augmentation de la demande pourrait très bien se refléter par un changement sur le marché des poissons, des oeufs, des produits laitiers et des aliments préparés à base de viande.
Et c’est ce qui exaltent les réformistes ?
Au cours des dix dernières années, les organisations réformistes ont dépensé des milliards de dollars pour la promotion de leurs campagnes de bien-être. Mettons de côté les problèmes d’ordre méthodologique de cette étude ; si c’est le meilleur résultat que les réformistes sont en mesure de montrer, alors je serais d’accord pour dire que la science est, en effet, intervenue : les réformes de bien-être animal sont inutiles et absolument pas rentables.
Je publierai des informations complémentaires pour une réponse plus formelle au fur et à mesure que la chose se profile.
Si vous n’êtes pas végan, devenez-le. C’est facile ; c’est meilleur pour votre santé et pour la planète. Mais, surtout, c’est moralement la bonne chose à faire. Vous ne ferez jamais rien dans votre vie d’aussi facile et satisfaisant.
Le monde est végane ! Si vous le voulez.
Gary L. Francione
©2011 Gary L. Francione