Essai original en version anglaise publié le 1er juillet 2014.
Donald Watson a fondé, avec quelques autres personnes, la Vegan Society en 1944.
Voici ce que j’ai écrit au sujet de Watson dans l’encyclopédie culturelle sur le végétarisme :
WATSON, DONALD (1910–2005)
Né le 2 septembre 1910, à Mexborough, Yorkshire du Sud, en Angleterre, Donald Watson a inventé le terme « végane » pour décrire les personnes qui s’abstiennent de consommer et d’utiliser des produits d’origine animale. Il a fondé la Vegan Society afin de promouvoir cette idée. Watson a passé une grande partie de sa vie comme ébéniste ou enseignant l’ébénisterie. Son père était directeur d’une école près de chez lui. Son oncle et sa grand-mère dirigeaient la ferme familiale, et à un âge précoce, Watson, qui croyait jusqu’alors que la ferme était un lieu idyllique, assista à l’abattage d’un porc. C’est à ce moment que commença sa remise en question de la relation entre les humains et non humains, qui se poursuivit durant toute son adolescence.
En 1924, âgé de 14 ans, Watson est devenu végétarien. Vingt ans plus tard, en 1944, il fonda la Vegan Society, bien que cela faisait déjà quelques années que son mode de vie était végane et qu’il se nourrissait de façon végétalienne. Le mot « vegan » est composé des premières et dernières lettres du mot anglais « vegetarian ». Watson croyait que le véganisme était la conclusion logique au rejet, pour des raisons de moralité et de santé, des produits d’origine animale. Il soutenait que les produits laitiers, tels le lait et le fromage, ainsi que les œufs, exploitaient tout autant la vie d’animaux, des êtres sensibles, et étaient tout aussi cruels que l’abattage d’animaux pour leur chair : « La cruauté incontestable associée à la production de produits laitiers a démontré clairement que le lactovégétarisme* n’était rien qu’à mi-chemin entre la consommation de chair et un véritable régime alimentaire humain et civilisé, et nous pensons, par conséquent, que pendant notre vie sur terre, nous devrions essayer d’évoluer suffisamment pour faire le “parcours complet”. » Il évitait également de porter du cuir, de la laine ou la soie, et afin d’éviter de tuer les vers, il utilisait une fourchette plutôt que d’une bêche pour jardiner.
Watson était contre la chasse, la pêche, les sports sanguinaires et l’utilisation d’animaux à des fins d’expérimentation. Bien qu’il disait avoir du respect pour ceux qui libéraient les animaux de laboratoire ou prenaient part à d’autres formes d’action directe, il disait aussi craindre que ces activités soient contreproductives. Il était un défenseur de l’agriculture biologique et un critique de la manipulation génétique des plantes et des animaux.
Watson illustrait et vantait les bienfaits pour la santé d’un régime végétalien, mais il est évident qu’il voyait le véganisme avant tout comme un principe moral. Il considérait le mouvement pour le véganisme comme « le plus grand mouvement n’ayant jamais existé », car le véganisme apportait une solution à la crise, causée par l’avidité et la violence, qui affectait et affligeait l’humanité et brandissait la menace d’un désastre écologique. Bien que n’étant pas religieux au sens traditionnel, il avait des croyances spirituelles profondément ancrées, telle l’idée qu’être carnivore viole les lois naturelles et la violence envers les animaux non humains est une violation des lois spirituelles, qui cause malheur psychologique et mauvaise santé. Watson soutenait que la compassion était la seule partie utile de la religion et que le véganisme implique de pratiquer la compassion.
Watson était engagé envers la non-violence de façon générale. Durant la Seconde Guerre mondiale, il avait un statut d’objecteur. Il a vécu une vie saine et active jusqu’à sa mort en 2005, à l’âge de 95 ans. Comme l’a également fait le dramaturge George Bernard Shaw, à propos de ses funérailles, Watson avait prédit que « les esprits de tous les animaux », que Watson n’avait jamais mangés, seraient présents.
Gary L. Francione
J’espère que, même à partir de cette brève entrée, le profond respect que je voue à Watson et à sa vision progressiste est apparent.
J’ai écrit cette entrée au sujet de Watson en 2010. En 2011, j’ai en fait été banni du forum de la Vegan Society, parce que je faisais la promotion du véganisme, après avoir démarré une discussion que vous pouvez lire ici.
Et maintenant, la Vegan Society a décidé de « redorer son image » au moyen de sa campagne — Vous n’avez pas être végane — qui a couté 6 000 £. La Vegan Society a explicitement et délibérément abandonné le véganisme comme base morale, en faveur d’une version plus souple du véganisme flexible, que la Vegan Society définit par « consumérisme végane » :
La Vegan Society « C’est fantastique Anne, nous constatons que de plus en plus de véganes sont enchantés de la nouvelle approche de la Vegan Society, qui a pour effet de faire bénéficier un plus grand nombre d’animaux de l’augmentation du consumérisme végane. Vous pouvez joindre en ligne facilement ici : http://bit.ly/mbstvs Mario »
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Un article au sujet de Ruth Semple, Chef des communications, politiques publiques et de la recherche, à la Vegan Society avait ceci à dire :
Semple, qui a rejoint l’organisme en octobre 2012, savait qu’elle avait un sérieux problème à résoudre. Non seulement la visibilité de l’organisme de bienfaisance était faible — tant auprès du public qu’auprès des journalistes — mais son image de marque et son identité ne reflétaient plus ses objectifs. Plutôt que d’exister uniquement pour informer et aider les individus à devenir véganes, la Vegan Society veut maintenant s’engager avec les décideurs politiques à un niveau supérieur et au sujet d’un éventail plus large de questions, telles que le développement international et le changement climatique.
Ainsi, Semple s’est engagé dans le plus grand projet de changement d’image jamais réalisé par l’organisme, au cout de 6 000 £. « Au début, certains membres du personnel étaient résistants, parce qu’ils n’en voyaient pas la nécessité », dit-elle. « Ils demandaient pourquoi nous dépensions autant d’argent sur du travail de conception, alors que nous devrions faire autre chose. »
Néanmoins, elle est allée de l’avant avec le projet, se basant sur la recherche universitaire préexistante, qui examinait la représentation des véganes dans les médias — généralement, dit Semple, on les considérait comme des personnes austères ou qui suivent toutes les modes — et analysant la base de données 2013 des membres, qui révéla que l’âge moyen des membres était de 56 ans.
« Nous avons réalisé que nous devions attirer la prochaine génération et découvrir ce qu’eux voulaient », dit Semple.
Et quelle est donc cette « recherche universitaire préexistante » à laquelle Semple fait référence ?
Il s’agit d’une étude : M. Cole et K. Morgan, Vegaphobia : derogatory discourses of veganism and the reproduction of speciesism in national UK newspapers (Vegaphobie : discours désobligeants sur le véganisme et la reproduction du spécisme dans les journaux du Royaume-Uni), parue dans le journal British Journal of Sociology (2011), Volume 62, numéro 1.
Et que dit cette unique étude ?
Elle dit que les journaux en Grande-Bretagne dépeignent les véganes et le véganisme de manière désobligeante — comme des « ascètes, suiveurs de toutes les modes, sentimentalistes, ou, dans certains cas, des extrémistes hostiles » — dans le but de perpétuer le spécisme et de déconnecter les discussions sur le véganisme des questions morales et éthiques présentées par l’exploitation animale.
Est-ce une surprise ? Une surprise de quelque façon ?
Les journaux appartiennent à des sociétés qui ont des intérêts économiques dans la perpétuation de toutes sortes d’injustice, incluant, mais sans s’y limiter, l’exploitation des animaux, et qui ont intérêt à maintenir la discussion au niveau le plus superficiel, de sorte que nous évitions de discuter des vrais problèmes de morale et d’injustice.
Fait intéressant, les auteurs concluent que les efforts des médias pour discréditer le véganisme pourraient refléter la
vision selon laquelle la violence humaine envers les animaux non humains est profondément problématique pour la plupart des humains. Si ce n’était pas le cas, il y aurait peu de raison pour le discours vegaphobique, tel que mis en lumière dans nos résultats de recherche. (Page 150)
Autrement dit, les grands médias dépeignent les véganes et le véganisme de façon négative précisément pour détourner l’attention des croyances morales qu’ont la plupart des gens. Autrement dit, nous pensons tous que ce que Michael Vick ou Mary Bale ont fait était mal, mais les médias nous découragent de faire la connexion profonde entre ce qu’ils ont fait et ce que nous faisons dans notre vie de tous les jours.
Les auteurs concluent :
Par conséquent, l’effort visant à réaffirmer sans cesse le lien entre le véganisme et la libération des animaux non humains reste valable, et la tentation de promouvoir le véganisme sous le couvert non conflictuel d’un choix de mode de vie sain pourrait s’avérer imprudente. Cela ne veut pas dire que d’éduquer sur les aspects pratiques d’une vie basée sur la non-violence n’a pas d’importance, mais cela est en proie à la cooptation. (Page 150)
Êtes-vous tombé de votre chaise jusqu’à présent ?
La Vegan Society se fonde sur la recherche universitaire pour sa campagne « Vous n’avez pas à devenir végane », alors que la recherche soutient la conclusion opposée. Cette recherche indique que les médias tentent de discréditer le véganisme précisément parce que les gens se soucient moralement des animaux, et cela soutient l’idée que nous devrions continuer à insister sur la question morale et à parler des aspects pratiques d’une vie basée sur la non-violence. La Vegan Society utilise cette recherche pour justifier l’abandon de l’argument moral et l’abandon de toute discussion sur les aspects pratiques d’une vie basée sur la non-violence, en faveur d’un message de véganisme flexible et de « consumérisme végane ».
La « cooptation » a déjà eu lieu.
Voici trois des nouvelles affiches de la campagne de la Vegan Society :
Embrassez végane
Vous n’avez pas à être végane pour aimer le rouge à lèvres végane.
Mangez végétalien
Vous n’avez pas à être végane pour aimer la crème glacée végétalienne.
Courrez végane
Vous n’avez pas à être végane pour aimer les chaussures véganes.
Je me demande ce que Donald Watson penserait de cette nouvelle campagne. Je me demande s’il aurait été heureux de voir sa Vegan Society produire de telles affiches.
En 1944, dans le premier journal de la Vegan Society, Donald Watson déclarait ceci :
Une critique commune est que le temps n’est pas encore mûr pour notre réforme. Le temps ne peut-il jamais être mûr pour quelque réforme que ce soit, sans avoir été muri par la détermination humaine ? Est-ce que Wilberforce a attendu le « murissement » du temps avant de commencer sa lutte contre l’esclavage ? Est-ce que Edwin Chadwick, Lord Shaftesbury et Charles Kingsley ont attendu un tel moment inexistant, avant d’essayer de convaincre le grand poids mort de l’opinion publique que l’eau potable et les salles de bains constitueraient une amélioration ? S’ils avaient annoncé leur intention d’empoisonner tout le monde, l’opposition qu’ils ont rencontrée aurait difficilement pu être plus forte. En laissant à la postérité la réalisation de nos idéaux, il y a un danger évident, car la postérité pourrait ne pas avoir nos idéaux. L’évolution peut être rétrograde ainsi bien que progressiste ; en effet, il semble toujours y avoir une forte gravitation dans la mauvaise direction, à moins que les normes existantes ne soient protégées et que les nouvelles visions ne soient honorées.
En 2014, Jasmijn de Boo, PDG de la Vegan Society, dit :
Développée après une longue période de recherche et de dialogue constructif, la campagne montre que nous avons vraiment écouté les points de vue des végétariens et des mangeurs de viande. Certaines personnes arrivent à faire le saut vers le véganisme du jour au lendemain, mais nous comprenons que, pour d’autres, les messages « Devenez véganes. Maintenant ! » sont perdus.
Comme si nous devions choisir entre un slogan simpliste, « Devenez véganes. Maintenant ! » et l’abandon du véganisme comme une base morale, en faisant la promotion d’un véganisme flexible et du « consumérisme végane ».
Le PDG de Boo poursuit :
Tout le monde est désormais libre d’embrasser le véganisme ; non seulement ceux qui sont déjà véganes, mais ceux qui considèrent le devenir et qui veulent commencer à intégrer plus de plats à base de plantes dans leur régime alimentaire, ou remplacer leurs chaussures en cuir par des versions véganes. Dans les supermarchés et en ligne, les véganes peuvent choisir parmi un large éventail de produits alimentaires. En fait, cela n’a jamais été plus facile.
Nous ne sommes pas là pour dire aux gens quoi faire ou comment vivre. Nous donnons aux gens le choix et la chance de se joindre à nous. Nous sommes là pour soutenir tous ceux qui se dirigent vers un mode de vie plus éthique et durable. Ce n’est pas tout ou rien. Il s’agit de démarrer une conversation ou de planter une graine.
En d’autres termes, la Vegan Society était complètement incompétente dans ses efforts pour susciter l’intérêt des gens au sujet du véganisme. Plutôt que d’essayer de trouver un moyen de revigorer le message de justice interespèces et de non-violence de Watson, à l’intention de la nouvelle génération et du monde qui a désespérément besoin d’entendre ce message, la Vegan Society a décidé d’abandonner ce message au profit de l’idée que, si les gens achètent des produits véganes, tout est correct. Et étant donné que tout le monde achète des produits véganes, la Vegan Society peut déclarer la victoire, donner bonne conscience à tous par l’achat de produits véganes, pour ensuite obtenir des dons et des legs de gratitude, car la Société appose son sceau d’approbation sur leur non-véganisme ; sur leur véganisme flexible ; sur leur « consumérisme végane ». Cela est excellent pour les affaires de la Société et idéal pour les consommateurs qui, en faisant un don, peuvent acheter leurs indulgences à l’égard de leur exploitation animale. Les seuls perdants sont les animaux.
Est-il difficile d’éduquer les gens au sujet de la moralité en 2014 ? Oui, ça l’est très certainement. Mais, d’une manière différente, c’était également difficile en 1944, lorsque Donald Watson a essayé de traiter de ces questions, dans un monde qui émergeait tout juste des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, de la montée des dictateurs et des tyrans, et du cauchemar de l’holocauste.
Watson a relevé le défi en 1944. La Vegan Society en 2014 n’en a pas fait autant. En fait, elle a capitulé et déclaré la défaite. La Vegan Society affirme que son message de « consumérisme végane » est le seul moyen d’amener les jeunes à s’intéresser au véganisme, déclarant que
le nombre de « j’aime » sur la page de l’organisme excède maintenant 1 000 par semaine, comparativement à 100 à 200 auparavant.
Mais la page Facebook de l’approche abolitionniste, qui fait la promotion du véganisme comme base morale, atteint presque les 60 000 « j’aime », soit une augmentation d’environ 40 000 dans la dernière année, dont une grande partie (près de 40 %) provient de la tranche d’âge des 18-34 ans. Sans jamais avoir payé pour stimuler l’affluence.
L’idée qu’un message moral fort n’intéresse pas le public en général, ou plus particulièrement les jeunes, est absurde. La Vegan Society vient de décider qu’elle peut faire plus d’argent en jetant le message au rebut et en apposant son sceau d’approbation sur le non-véganisme, le véganisme flexible et le « consumérisme végane ».
Un moment de silence pour Donald Watson. C’est la moindre des choses que nous pouvons faire pour quelqu’un dont la vision progressiste et le message de non-violence ont été trahis et abandonnés.
**********
Si vous n’êtes pas végane, devenez-le s’il vous plait. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients, mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.
Le monde est végane ! Si vous le voulez.
Gary L. Francione
Professeur distingué, membre du conseil d’administration des professeurs, Université de Rutgers
© 2014 Gary L. Francione
*Ce texte est traduit en appliquant les rectifications orthographiques.
Pour en savoir plus : www.orthographe-recommandee.info
ADDENDA, 3 juillet 2014
Dr Matthew Cole, l’un des coauteurs de l’étude parue dans le journal British Journal of Sociology, a déclaré publiquement que l’étude :
ne fournit aucun soutien que ce soit pour arriver aux conclusions que la Vegan Society en a tirées ; cela a été clairement dit à la Vegan Society il y a plusieurs semaines, et ce, dans les termes les plus forts, et leurs incessantes références à cette étude ne sont pas justifiées.
Dr Matthew Cole :
« Suite à la correction de l’article ci-dessus, en tant qu’un des auteurs de l’article rapporté comme faisant partie du processus de changement d’image, je tiens à mettre au clair auprès de la Société que l’article ne soutient d’aucune façon la conclusion que la Vegan Society en a tirée, que cela a été clairement dit à la Vegan Society il y a plusieurs semaines, et cela dans les termes les plus forts, et que leurs incessantes références à cette étude ne sont pas justifiées. La référence complète à l’article est :
Cole, M. & Morgan, K. (2011) ‘Vegaphobia: Derogatory discourses of veganism and the reproduction of speciesism in UK national newspapers’, British Journal of Sociology, 61 (1): 134–153”
(Click on image to enlarge.)
ADDENDA, 4 juillet 2014
J’ai publié ce commentaire ici http://goo.gl/RWPXym :
Je suis végane depuis 32 ans. J’ai écrit pour The Vegan et j’ai été interviewé dans The Vegan dans le cadre d’une série sur l’éthique animale qui incluait Tom Regan, Peter Singer et moi-même. J’éprouve un grand respect pour Donald Watson et sa vision progressiste et j’ai écrit l’entrée sur Watson dans l’encyclopédie culturelle du végétarisme (2010). Malgré cela, en 2011, j’ai été banni du forum de discussion en ligne de la Vegan Society, parce que je me suis opposé au fait que la Société accepte des publicités payées qui font la promotion et l’éloge de restaurants et hôtels non véganes. J’ai écrit à ce sujet ici : http://goo.gl/Xuxjsc
À l’époque, j’avais prédit que la Vegan Society allait bientôt explicitement embrasser et promouvoir une quelconque version du véganisme « flexible ».
Et c’est précisément ce qu’ils ont maintenant fait. La Vegan Society tente de blâmer ceux qui voient le véganisme comme une base morale pour le fait que la Société n’ait pas eu plus de succès à attirer de nouveaux membres. Non, les véganes n’étaient pas le problème. Le problème est que la Société manque de leadeurship* créatif et dynamique depuis un certain temps déjà. Je crois qu’il y avait dans le passé certains membres du personnel qui avaient de bonnes idées, mais celles-ci ont été étouffées par un conseil d’administration plutôt béat et réactionnaire. Ces membres du personnel ne sont plus là. Quoi qu’il en soit, la Société a été complètement incapable de présenter la vision emballante qui motivait Watson, une vision qui est pertinente pour le monde de 2014bet dont nous avons besoin de façon encore plus urgente en 2014 qu’en 1944. Et maintenant, dans une tentative des plus cyniques et désespérée d’obtenir une plus grande part des dons de charité, la Vegan Society a mis en place un leadeurship qui est ouvertement hostile au véganisme en tant que base morale, et elle a complètement abandonné et trahi la vision de Watson. Je constate que le président actuel du Conseil d’administration indique sur sa biographie qu’il a dans le passé travaillé à la RSPCA.
Je suggère que nous prenions un moment de silence pour Donald Watson.
Puis je suggère que ceux parmi nous qui voient le véganisme comme une base morale continuent à promouvoir le message de non-violence et de justice interespèces de Watson. Malheureusement, la Vegan Society ne sera pas un allié dans cet effort.
Gary L. Francione
Professeur distingué, membre du conseil d’administration des professeurs
Université de Rutgers
ADDENDA, 4 juillet 2014
La PDG de la Vegan Society, Jasmin de Boo, a publié une déclaration en réponse à la réaction négative significative que la Vegan Society a reçue suite à son abandon du véganisme comme base morale.
de Boo déclare :
Nous sommes conscients qu’une certaine désinformation circule au sujet de la campagne Love Vegan et nous suivons cela de près — en particulier le slogan de la campagne, qui a parfois été que partiellement cité ou pris hors contexte.
Les slogans de la campagne Love Vegan sont les suivants :
« Vous n’avez pas à être végane pour aimer le rouge à lèvres végane »
« Vous n’avez pas à être végane pour aimer les chaussures véganes. »
« Vous n’avez pas à être végane pour aimer la crème glacée végétalienne. »
Nous savons que nous devons être inclusifs et ne pas juger si nous voulons encourager et soutenir un grand nombre de gens à devenir et végane et le rester.
Par végane, nous entendons végane tel que défini par nos membres fondateurs, il y a 70 ans cette année. Nous n’avons jamais fait campagne, et jamais nous ne le ferons, pour le « véganisme à temps partiel » comme mode de vie permanent, mais seulement comme faisant partie d’un parcours excitant vers le véganisme à 100 %. Nous savons par expérience que cela rend le concept plus accessible à tout le monde — et je suis certaine que vous serez d’accord que chaque pas vers le véganisme, si petit soit-il, fait une différence.
de Boo est simplement en train de confirmer exactement ce qui nous préoccupe tous.
- La Vegan Society dit vouloir être « inclusive et sans jugement ». Comment peut-on chercher à mettre fin à l’exploitation animale — ou à toute violation fondamentale des droits — d’une manière « inclusive et sans jugement » ? On ne peut prendre la position que « X est moralement juste » sans prendre la position que « non X est moralement répréhensible. » Le jugement est l’essence de la moralité. Dans cette déclaration, la Vegan Society affirme qu’elle rejette le véganisme comme un principe moral de base.
- Le slogan « Vous n’avez pas à être végane » ne change pas si vous dites que « Vous n’avez pas à être végane pour aimer le rouge à lèvres végane ». Voilà le problème. La Vegan Society réduit le principe moral qu’est le véganisme à ce que la Société a baptisé « consumérisme végane ».
- Personne n’a jamais consommé ou ne consommera que des produits d’origine animale. Tout le monde consomme des produits véganes au moins à l’occasion. Alors en quoi le fait que quelqu’un achète une paire de chaussures véganes le conduirait-il à devenir végane, en particulier lorsque la Vegan Society a décidé qu’elle ne ferait pas la promotion du véganisme comme une base morale ? Comment le « consumérisme végane » nous conduira-t-il au véganisme ? À quel « parcours » de Boo fait-elle référence ? Dire que cette campagne est extrêmement ridicule est la chose la plus positive qui peut être dite à son sujet.
- Dire que la Vegan Society actuelle a quoi que ce soit à voir avec celle que Donald Watson a fondée en 1944 est injuste envers la mémoire de Watson et c’est de la pure fantaisie. La Société embrasse le relativisme moral. Le problème est qu’il y a une chose que nous pouvons dire avec une certitude absolue : Donald Watson n’était pas un relativiste moral et la Vegan Society de 1944 n’était pas basée sur le relativisme moral.
- Il est intéressant que de Boo dise que nous devons être « sans jugement », alors que la Société a, tout au long de la discussion en ligne à propos de cette question, caractérisé les véganes qui font la promotion du véganisme comme base morale de toutes sortes de façons ad hominem.
de Boo déclare :
Étant donné que nous ne recevons aucun financement de la part du gouvernement, la grande majorité de nos revenus provient de notre système de certification de produits véganes. Le fait d’avoir un plus grand nombre de produits certifiés véganes par la Vegan Society accomplit trois choses : cela donne aux gens plus de confiance lors de l’achat de produits véganes, cela montre aux entreprises et aux détaillants que la part de marché des produits véganes est en croissance, et cela finance les activités de bienfaisance de la Vegan Society.
de Boo confirme explicitement ce que beaucoup d’entre nous soupçonnaient à propos de la nouvelle campagne : que le but est d’obtenir de la part des fabricants de produits non véganes qu’ils paient la Vegan Society afin d’obtenir un sceau d’approbation pour certains articles véganes qu’ils ont peut-être. Et la Vegan Society rassure ces fabricants qu’ils ne font pas la promotion du véganisme ; ils font simplement la promotion de produits véganes.
En réponse aux objections que les animaux sont mentionnés comme une raison de devenir végane après la santé, l’environnement et le développement économique, de Boo déclare :
Les sous-titres de la page de notre site « Pourquoi végane ? » ne sont délibérément pas numérotés, mais nous comprenons certaines des préoccupations qui ont été soulevées à propos de cette page. Le nouveau site est encore en cours de construction et nous savons que quelques-unes des pages ont encore besoin de révision.
Donc, la Vegan Society a dépensé 6 000 £ sur le « changement d’image », a fait toute cette « recherche » et tenu tous ces groupes de discussion, mais ils ont simplement oublié d’apporter les correctifs au site avant le lancement ?
Voyons donc.
Dans l’article même qui traite du lancement, nous trouvons la déclaration suivante :
Plutôt que d’exister uniquement pour informer et aider les individus à devenir véganes, la Vegan Society veut maintenant s’engager avec les décideurs politiques à un niveau supérieur et au sujet d’un éventail plus large de questions, telles que le développement international et le changement climatique.
La Société a décidé délibérément de ne plus mettre l’accent sur les animaux. Ce n’est pas une question d’avoir négligé de peaufiner le site internet.
Et cette décision de ne plus mettre l’accent sur les animaux est d’autant plus remarquable qu’il y a seulement quelques mois, de Boo reconnaissait :
Des statistiques tirées d’un sondage effectué auprès des membres de la Vegan Society, que certains d’entre vous ont peut-être rempli il y a quelques années, ont révélé que plus de 80 % de nos membres sont véganes pour les animaux. La plupart des Britanniques, qui s’inscrivent actuellement à notre défi végane [N. D. T. Traduction de Vegan Pledge, qui est un engagement à se nourrir de nourriture végane durant 30 jours.], disent la même chose. La compassion pour les animaux est une motivation clé à devenir végane pour les animaux et à le demeurer. C’est important que nous embrassions cela d’une manière positive.
Quatre-vingts pour cent des membres le sont pour les animaux. Et la Vegan Society décide d’abandonner la notion de véganisme comme une base morale et d’opter pour le « consumérisme végane », le développement international et le changement climatique ?
C’est à couper le souffle.
de Boo déclare :
Comme toujours, nous sommes ouverts à toutes suggestions pratiques et positives relatives à notre travail comme organisme de bienfaisance, et nous accueillons le dialogue poli et constructif sur notre page Facebook.
Nous acceptons de devoir nous assurer que nos communications sont tout aussi respectueuses ; et comme mentionné ci-dessus, nous prendrons des mesures, effectives immédiatement, afin de veiller à ce que les commentaires faits sur Facebook au nom de la Vegan Society soient respectueux et amicaux en tout temps.
Les réponses qui ont été publiées sur Facebook au nom de la Vegan Society, relativement à cette nouvelle campagne, ont été tout sauf « respectueuses ». En effet, ceux qui sont en désaccord avec la nouvelle direction de la Vegan Society ont carrément reçu des insultes.
de Boo doit assumer la responsabilité pour cela et ne pas jeter ses employés sous le bus. Elle doit reconnaitre que le refus de s’engager dans une critique légitime est une politique de la Vegan Society qui remonte jusqu’en haut.
En 2011, quand j’ai soulevé le fait que de la Société acceptait des publicités payées faisant la promotion et l’éloge de restaurants non véganes, j’étais parfaitement « poli et constructif ». En effet, j’ai pris le temps d’écrire une longue note pour discuter du problème d’une manière des plus constructives. On m’a remercié d’avoir soulevé une « question raisonnable » et on m’a dit que le conseil d’administration prenait en considération mes préoccupations. Et puis, sans la moindre explication, j’ai été banni du forum de discussion en ligne. Jamais je n’ai reçu une réponse à mes préoccupations sur la question de la publicité non végane. Le 2 octobre 2013, j’ai écrit une note parfaitement polie à la PDG de Boo pour demander comment le Conseil avait décidé de régler la question.
Je n’ai jamais reçu un accusé de réception ni une réponse.
de Boo demande :
Pourquoi les gens disent-ils que la Vegan Society a « renié ses principes » ?
Parce que c’est ce qu’elle a fait.
GLF
ADDENDA, ajouté le 6 aout 2014 :
La Vegan Society a publié cette déclaration à ses mentors du défi végane (cliquer ici pour la traduction française de la lettre) :
(Cliquer pour agrandir.)
J’ai plusieurs commentaires à formuler :
Premièrement, la Vegan Society a tort de prétendre qu’il y a eu une « mauvaise interprétation délibérée de [leur] campagne Love Vegan ».
« L’ambassadrice » de la Vegan Society, Fiona Oakes, a déclaré sur la BBC Radio que le véganisme n’est pas « pour tout le monde » et « probablement pas pour beaucoup de gens », puis a défendu ces déclarations en qualifiant ceux qui favorisent le véganisme comme une base morale de « cinglés fondamentalistes ».
« L’ambassadrice » Oakes a affirmé que la promotion du véganisme comme une base morale « cause du tort » aux animaux.
Et, comme l’a démontré l’essai ci-dessus, tout ce changement d’image par la Vegan Society est un rejet explicite du véganisme en tant qu’impératif moral.
Si une « mauvaise interprétation délibérée » a lieu, c’est de la part de la Vegan Society, qui rejette le véganisme pour épouser une forme plus souple de « véganisme flexible », en espérant que le reste d’entre nous ne le remarque pas.
Nous l’avons remarqué.
Deuxièmement, l’affirmation selon laquelle leurs « buts et objectifs restent les mêmes que ceux de [leurs] fondateurs il y a 70 ans » est plus qu’absurde et totalement irrespectueuse envers la mémoire de Donald Watson.
Troisièmement, il est troublant de constater que la Vegan Society demande aux gens de ne pas critiquer publiquement sa position.
GLF
*Ce texte est traduit en appliquant les rectifications orthographiques.
Pour en savoir plus : www.orthographe-recommandee.info