Archives annuelles : 2010

Pédophilie « humaine » et « compassionnelle »

Chers Collègues :

Depuis de nombreuses années, j’affirme que si l’exploitation animale ne peut être moralement justifiée (et je ne pense pas qu’elle puisse l’être), alors nous devons, sur un plan individuel, stopper notre participation directe à l’exploitation animale en devenant végans et, sur un plan social, exiger l’abolition de cette exploitation, et non sa réglementation. J’ai soutenu par exemple que, ayant déterminé que la pédophilie est moralement mauvaise, nous ne saurions, en dépit du caractère répandu de la pédophilie dans nos sociétés, préconiser une pédophilie « humaine ». De même, nous ne devons pas préconiser une exploitation animale « humaine ». Si l’exploitation animale est moralement injustifiable, alors nous devons le dire, et le dire clairement. (J’ai également démontré que, sur un plan pratique, les réformes de bien-être animal ne fonctionnent pas et sont, dans les faits, contreproductives).

Par conséquent, c’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai pris connaissance des réactions publiques à la publicité d’Amazon.com pour un livre téléchargeable intitulé Le Guide du pédophile de l’amour et du plaisir : code de conduite d’un amoureux des enfants, décrit par son auteur comme une « tentative de rendre les situations pédophiles plus sûres pour les enfants qui s’y trouvent impliqués, en établissant pour les adultes certaines [sic] règles à suivre. » CNN rapporte :

Un livre téléchargeable en vente sur Amazon.com et défendant la pédophilie a déclenché des centaines de commentaires et menaces d’utilisateurs en colère appelant au boycottage du détaillant en ligne à moins qu’il ne supprime le titre.

Près de 1700 utilisateurs ont posté des commentaires sur le livre à partir de 21h40, déploré sa publication et juré de boycotter Amazon jusqu’à ce qu’il efface le titre auto-publié de son site. Au moins deux pages Facebook ont été créées et consacrées au boycottage d’Amazon.

Amazon.com a apparemment stoppé la vente du livre en vertu de cette indignation publique.

La réaction au livre prouve mon propos : même si nous savons tous que la pédophilie est omniprésente dans la société, et même si promouvoir une pédophilie « humaine » peut amener à réduire la souffrance des enfants qui en sont les victimes, nulle personne estimant que la pédophilie est moralement mauvaise ne pense que nous devrions plaider en faveur d’une pédophilie « humaine » ou « compassionnelle ».

De même, ceux qui pensent que l’exploitation animale est moralement mauvaise ne doivent pas faire campagne en faveur d’une exploitation « heureuse » ou « compassionnelle » des animaux, ni plébisciter les labels viande « heureuse ». Le message doit être clair : nous ne pouvons pas justifier l’utilisation des animaux, fût-elle « humaine ». La réalité, bien sûr, est que la plus « humaine » des utilisations des animaux implique encore ce qui serait considéré comme de la torture si des humains en étaient les victimes. Aucune utilisation des animaux, quelque « humaine » ou « compassionnelle » soit-elle, ne peut être justifiée, exactement de la même façon qu’aucune pédophilie, quelque « humaine » ou « compassionnelle » soit-elle, ne peut l’être.

Il n’y aura de véritable mouvement des droits des animaux que lorsque leurs défenseurs réagiront avec autant d’indignation à la promotion d’une exploitation animale « heureuse » que nous le faisons tous à la promotion d’une pédophilie « heureuse ».

Si vous n’êtes pas végan, devenez-le. C’est très facile, c’est meilleur pour la santé et la planète. Et c’est surtout, moralement, la bonne chose à faire.

Si vous êtes végan, alors sensibilisez les autres au véganisme de manière créative et non-violente.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2010 Gary L. Francione

Commentaire n° 21 : The Animal Rights Debate, le forum de discussion Approche Abolitionniste et une réponse à Nicolette Hahn Niman

Chers Collègues :

Dans ce Commentaire, je débats de trois sujets.

Premièrement, je parle de mon nouveau livre, The Animal Rights Debate: Abolition or Regulation?, coécrit avec le Professeur Robert Garner et publié par Columbia University Press.

Ce livre se concentre sur le débat en cours au sein de la communauté de la défense animale, à savoir : devons-nous poursuivre les réformes de bien-être en tant qu’elles seraient un moyen de faire advenir, à la fin, les droits des animaux ? Je plaide contre les réformes de bien-être ; Garner plaide pour.

Deuxièmement, il y a deux semaines, le 26 octobre 2010, nous avons lancé le Forum Approche Abolitionniste, où les personnes intéressées peuvent venir discuter des questions théoriques concernant l’abolition, du véganisme et des idées pratiques d’une éducation végane créative et non-violente, mais aussi échanger des informations sur la nutrition, la nourriture végane, la façon d’élever les enfants végans, etc.

A ce jour, nous comptons plus de 200 membres et les discussions sont formidables. Seulement deux règles sont à respecter : rester poli et respectueux, et ne pas promouvoir la violence.

Si vous désirez apprendre plus de choses à propos de la philosophie végane et de l’approche abolitionniste des droits des animaux, pensez à rejoindre le Forum.

Troisièmement, je réponds à Nicolette Hahn Niman, du Ranch Niman, qui vend de la viande « heureuse » provenant, selon le site, d’animaux « Elevés Humainement dans les Fermes et les Ranchs Familiaux Durables ».

Dans un récent article paru dans The AtlanticDogs Aren’t Dinner: The Flaws in an Argument for Veganism, Mme Niman nie que nous souffrions de schizophrénie morale en traitant certains animaux comme des membres de notre famille et en plantant nos fourchettes dans d’autres. Son analyse, en un mot, est que, culturellement, nous entretenons des relations différentes avec les chiens et les cochons.

C’est précisément le problème : culturellement, nous traitons certains nonhumains sentients comme des choses et d’autres comme des personnes. Mais les normes culturelles ne peuvent en aucun cas servir de justification aux normes culturelles ! Si c’était le cas, alors le racisme, le sexisme, tous les genres de discriminations et les violations des droits humains seraient justifiés.

J’espère que vous prendrez plaisir à écouter ce Commentaire.

Si vous n’êtes pas végan, pour quelle raison ne l’êtes-vous pas ? Il n’est pas nécessaire que les humains exploitent les nonhumains. Alors qu’attendez-vous ? Devenir végan est facile ; c’est meilleur pour votre santé ; et c’est surtout, moralement, le moindre que vous puissiez faire si vous considérez que les animaux ont une signification morale.

Si vous êtes végan, alors sensibiliser autrui au véganisme de manière créative et non-violente.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2010 Gary L. Francione

Le Barreau de New York ne place pas la barre assez haut

Chers Collègues :

Je viens juste de recevoir un avis déclarant que le 11 novembre 2010, le Barreau de la Ville de New York, le Comité des Questions Légales se rapportant aux Animaux, présente un programme décrit en ces termes :

Les vaches heureuses viennent de Californie – Poudre aux yeux ou fraude à la consommation ?

Jeudi 11 novembre 2010, 18h30 – 20h30

L’étiquetage des produits d’origine animale, incluant les produits alimentaires d’origine animale et les biens de consommation, qui contiennent de tels labels et des messages vendeurs comme « humain », « sans cage », « plein air », « pas de broyage de bébés » et « 100% fausse fourrure », qui peuvent induire le consommateur en erreur quant aux normes de bien-être animale du produit portant un tel label.

Comme ceux d’entre vous qui connaissent mon travail le savent, je suis très critique à l’égard du phénomène de l’exploitation « heureuse ».

J’ai critiqué la Humane Society of the United States pour être un partenaire dans l’exploitation en faisant la promotion de l’exploitation « heureuse ».

J’ai critiqué Mercy for Animals pour avoir proclamé que Costco, le géant du détail, a fait un « pas en avant » en acceptant de commercialiser du veau « humain ».

J’ai critiqué Farm Sanctuary pour s’être focalisé sur le traitement des animaux des élevages industriels, comme si un traitement plus « humain » rendait l’exploitation animale plus acceptable.

J’ai dénoncé le fait que HSUS, sa filiale idéologique Compassion over Killing, Farm Sanctuary, Mercy for Animals et d’autres associations de bien-être animal aient approuvé explicitement le label viande « heureuse » Compatissant envers les Animaux de Whole Foods.

Aussi, lorsque j’ai appris que le Barreau de la Ville de New York tenait un débat pour savoir si l’exploitation « heureuse » induisait réellement le consommateur en erreur, j’ai voulu savoir qui étaient les intervenants :

Le programme est le suivant :

Orateurs :
CHERYL LEAHY, Conseillère Générale, Compassion Over Killing ;
ALISON LONGLEY, Directrice de campagnes, Farm Sanctuary ;
JONATHAN R. LOVVORN, vice-président & Avocat en chef (Chief Counsel), Animal Protection Litigation & Research, Humane Society of the United States ;
MATT RICE, NYC, Coordinateur de campagnes, Mercy for Animals.

Je suis membre du Barreau de l’Etat de New York et j’ai de l’estime pour le Barreau de la Ville de New York. Et j’accepte aussi que des avis raisonnables puissent différer sur la question de l’exploitation « heureuse ». Mais je suis triste de voir que le Comité des Questions Légales se rapportant aux Animaux tienne une session aussi ridiculement déséquilibrée et agisse apparemment comme une équipe de pom-pom girls pour des organisations particulières soutenant l’exploitation « heureuse ».

« Poudre aux yeux » ? Oui, je le pense en effet.

Si vous n’êtes pas végan, devenez-le. C’est très facile, c’est meilleur pour la santé et la planète. Et c’est surtout, moralement, la bonne chose à faire.

Si vous êtes végan, alors sensibilisez les autres au véganisme de manière créative et non-violente.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2010 Gary L. Francione

Le Forum de discussion Approche Abolitionniste est ouvert !

Chers Collègues :

J’ai reçu de nombreuses requêtes (plus de 200 depuis que le site a été originellement créé)  me demandant d’ouvrir un forum relié à ce site où les gens pourraient discuter des divers aspects de l’approche abolitionniste des droits des animaux. Par conséquent, avec l’aide de Randy W. Sandberg (qui a conçu et entretient le site), d’Adam Kochanowicz et d’autres personnes, nous lançons le Forum Approche Abolitionniste.

Le Forum sera tenu par des modérateurs volontaires qui tous connaissent la théorie abolitionniste. Ils ont mon entière confiance. Les modérateurs modéreront ; je n’ai nulle intention de jouer les arbitres.

Je tiens à souligner que ce Forum doit être un espace de discussion poli et respectueux. Il est bien que les gens soient en désaccord et débattent avec rigueur. C’est même un aspect très important de ce Forum, le but étant que les participants développent une meilleure compréhension de l’abolition et de la philosophie végane. Le débat rigoureux est donc souhaitable ; un discours injurieux et incivil ne l’est pas.

Puisque l’approche abolitionniste que j’ai développée est non-violente, je demanderais également à ce que personne n’utilise le Forum afin de faire la promotion de la violence.

Bien que les modérateurs soient tous bien informés de l’approche abolitionniste, ils ont leurs propres manières de voir qui peuvent ne pas s’accorder avec les miennes ou avec celles des autres modérateurs. Par conséquent, les positions exprimées par un modérateur ne doivent pas être imputées à un autre modérateur ou à moi-même.

Pour rejoindre le Forum, vous devez vous créer un compte en cliquant sur le bouton « Devenir membre » ici. Une fois que votre compte est validé, on vous demandera de poster une introduction réfléchie sur vous-même, après quoi vous aurez accès à l’intégralité du Forum.

J’espère que vous utiliserez ce Forum afin d’apprendre ce qu’est la philosophie végane abolitionniste, de clarifier certains points qui vous semblent obscurs, de partager vos aperçus et d’instruire les autres, et plus généralement d’entrer en rapport avec d’autres personnes désirant faire évoluer le statut des animaux de celui de biens à celui de personnes nonhumaines.

Si vous n’êtes pas végans, devenez-le. C’est très facile, c’est meilleur pour votre santé et la planète. Et c’est surtout, moralement, la bonne et la juste chose à faire.

Si vous êtes végan, alors sensibilisez les autres au véganisme de manière créative et non-violente.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2010 Gary L. Francione

Commentaire n° 20 : Plaidoyer végan créatif et non-violent en milieu hostile

Chers Collègues :

Je discute longuement dans ce Commentaire avec Jeff Perz et Renata Peters, deux militants végans abolitionnistes. Jeff et Renata habitent en Australie, à Alice Springs, une petite ville écartée du centre du pays dominée par l’industrie de l’élevage, exactement le genre d’endroit dont vous vous dites qu’il est impossible d’y générer de l’enthousiasme à propos du véganisme.

Mais Renata et Jeff font la preuve que n’importe quel endroit peut devenir un foyer du mouvement végan – si vous le voulez !

Jeff est canadien, Renata australienne. Ensemble, ces deux végans, qui sont également partisans d’une communication non-violente, parlent avec moi de la manière dont ils sont devenus végans, des raisons pour lesquelles ils sont abolitionnistes et de ce qu’ils mettent en œuvre à Alice Springs pour sensibiliser leur communauté au véganisme.

Renata et Jeff vous démontreront que vous n’avez pas besoin d’une grosse organisation ni d’un gros budget pour défendre efficacement le véganisme. Tout ce dont vous avez besoin, c’est de bonne volonté, de travailler dur et de réfléchir de manière créative au meilleur moyen de sensibiliser votre communauté. Les gâteaux végans aident pas mal !

J’ai trouvé mon échange avec Jeff et Renata très inspirant, et je sais qu’il en ira de même pour vous.

Au début de ce Commentaire, j’évoque brièvement la nouvelle campagne menée par le groupe welfariste britannique Animal Aid qui consiste à :

appeler la chaîne CCTV afin qu’elle aille dans tous les abattoirs britanniques et que le film soit mis à la disposition des parties indépendantes à l’extérieur de l’abattoir. Nous réclamons également un meilleur entraînement indépendant, un réentraînement et une évaluation réguliers, l’application rigoureuse des lois et l’interdiction pour les personnes condamnées pour violence ou cruauté envers les animaux de travailler dans un abattoir.

Un abattoir dont le contrat avec une grande chaîne de supermarchés britannique avait été suspendu après allégations, par Animal Aid, de cruauté envers les animaux, a vu son contrat rétabli après « améliorations, dont l’introduction de CCTV », conformément à ce qu’Animal Aid avait réclamé.

Andrew Tyler d’Animal Aid fait observer :

« Le fait que la société déclare que ses propres normes ont été améliorées de façon spectaculaire démontre très clairement l’importance de notre investigation ».

« Cela souligne en termes absolument clairs que ce que nous faisons, et continuerons de faire, est un travail capital. Nous sommes heureux que CCTV ait été introduite dans la place. Il est absolument essentiel que le film ne soit pas simplement recueilli, mais qu’il soit régulièrement et minutieusement examiné par Sainsbury’s et les autorités réglementaires », a déclaré M. Tyler.

Comme vous pouvez le deviner, de nombreux défenseurs des animaux sont naturellement indignés par le fait qu’Animal Aid s’associe désormais avec les exploiteurs en place pour promouvoir et vendre la viande « heureuse ».

Une collègue de Grande-Bretagne m’a envoyé la réponse qu’elle a reçue de Tyler suite à son objection concernant la stupidité de cette campagne. Tyler a tenté de justifier celle-ci avec l’exemple suivant :

Prenez cet exemple : vous vous trouvez dans un marché aux « bestiaux » et vous voyez des moutons se faire taper sur la tête à plusieurs reprises et piétiner. Intervenez-vous pour mettre fin à cette maltraitance extrême ou considérez-vous cela comme un acte « welfariste » étant donné que, même si vous stoppez les coups et le piétinement, les moutons seront toujours abattus ?

Ingrid Newkirk de PETA a produit le même argument il y a presque 20 ans lorsque, dans le contexte de la promotion d’une réforme de bien-être animal dont elle soutenait qu’elle nous rapprocherait des droits des animaux, elle affirmait que ceux qui s’opposaient aux réformes de bien-être refuseraient de l’eau à une vache assoiffée en route pour l’abattoir.

J’ai débattu de la position de Newkirk dans mon livre de 1996, Rain Without Thunder: The Ideology of the Animal Rights Movement. J’y affirmais que si j’étais garde dans un camp de concentration, je donnerais certainement de l’eau à un prisonnier politique conduit sur le lieu de son exécution. Mais si j’en concluais que le camp de concentration pour prisonniers politiques constitue plus généralement une institution injuste et immorale, je démissionnerais et ferais campagne pour faire fermer le camp. Je ne ferais pas campagne pour donner de l’eau aux prisonniers sur le point d’être fusillés, ou pour d’autres mesures destinées à justifier l’immoralité de l’institution.

Ma réponse à Newkirk s’applique à l’exemple de Tyler. Bien sûr que j’empêcherais que les moutons soient frappés. J’imagine que la plupart des propriétaires de moutons et des opérateurs d’abattoirs feraient la même chose : après tout, donner des coups de pied aux moutons entraîne des dégâts sur les carcasses et diminue la valeur desdits moutons. Mais ferais-je campagne pour un traitement plus « humain » des moutons ? Absolument pas. Car une telle campagne ne fait rien d’autre que justifier une institution intrinsèquement immorale et rendre le public plus à l’aise par rapport au fait de manger de la viande.

Et c’est exactement ce qu’Animal Aid est en train de faire, en encourageant les gens à croire qu’il y a une bonne et une mauvaise façon d’exploiter les animaux.

Cela ne veut rien dire. Il n’y a qu’une seule façon d’exploiter les animaux, et elle est mauvaise.

Nul ne devrait agresser sexuellement les enfants. Mais si certains le font, il vaut mieux qu’ils ne les torturent pas en plus de les agresser sexuellement. Devons-nous pour autant faire campagne en faveur d’une agression sexuelle « humaine » des enfants ? Non, bien sûr que non. Il n’y a pas de bonne façon d’agresser sexuellement les enfants, de même qu’il n’y a pas de bonne façon de torturer et de tuer les animaux.

Il est inquiétant de voir combien les consommateurs de viande/produits laitiers font l’éloge de la campagne d’Animal Aid. Mais c’était à prévoir. Animal Aid leur vend une indulgence et, pour obtenir leurs dons, leur disent qu’ils peuvent continuer d’exploiter les animaux aussi longtemps qu’ils achèteront la viande dans un supermarché se fournissant auprès d’un abattoir fonctionnant avec CCTV.

C’est réellement effroyable, et je demande à tous les défenseurs abolitionnistes des droits des animaux du Royaume-Uni de ne pas soutenir cette peu judicieuse campagne (bien que je sois persuadé que les welfaristes étatsuniens suivront aussi le mouvement). Et pendant que vous y êtes, les défenseurs britanniques : merci d’écrire à VIVA! pour leur demander d’arrêter de vendre des livres de cuisine non-végane, de plébisciter des restaurants et des auberges non-végans et de présenter le fait de manger des produits laitiers comme moralement meilleur que le fait de manger de la viande.

J’ajoute qu’il y a 20 ans, Newkirk disait que nous devions soutenir le welfarisme pour nous rapprocher des droits des animaux. Eh bien, nous voici 20 ans plus tard, et si Newkirk pense que nous nous en sommes rapprochés – fût-ce d’un centimètre -, elle est en plein déni. Et nous avons maintenant Tyler débitant les mêmes arguments ridicules.

Si vous n’êtes pas végan, devenez-le. C’est facile, c’est meilleur pour la santé et la planète, et c’est surtout, moralement, la bonne chose à faire. C’est ce que nous devons aux autres animaux. Si vous êtes végan, alors sensibilisez les autres au véganisme.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2010 Gary L. Francione

Mary Bale, Michael Vick et la Schizophrénie Morale

Chers collègues:

Mary Bale a jeté un chat dans une poubelle où le malheureux animal est resté piégé pendant environ 15 heures avant d’être libéré. Son acte cynique a été filmé et diffusé sur YouTube. Un article du Guardian décrit les réactions du public en ces termes :

La « cat bin woman » de Coventry est désormais détestée dans le monde entier, recevant des coups de téléphone anonymes et des menaces de mort venant d’aussi loin que d’Australie, après ce qu’elle décrit comme une « fraction de seconde de mauvais jugement » – capturé par une caméra de surveillance et posté sur YouTube.

Des centaines de personnes ont signé la page Facebook affirmant que « Mary Bale est pire qu’Hitler » et appelant à la « Peine de Mort pour Mary Bale ». Elle a également attiré les gros titres des journaux, qui vont de « It’s a fur cop » à « Miaow could she? »

Bale a été poursuivie par la RSPCA pour avoir causé des souffrances non nécessaires à un animal et a écopé d’une amende de 300 €. En outre, elle a été condamnée à payer une amende compensatoire d’un montant de 1700 €.

Réfléchissez à ceci.

La RSPCA, qui sollicite activement le public et l’encourage à infliger des souffrances et une mort non nécessaires aux animaux via son programme « Freedom Food » (lire 1, 2), a poursuivi Bale pour avoir causé à un chat des souffrances non nécessaires.

Le public, dont la majorité consomme des produits d’origine animale, cautionnant et participant ainsi directement à une conduite qui n’est en rien distincte, moralement, de ce que Mary Bale a fait, a condamné Mary Bale.

La situation est très similaire à celle qui impliquait le footballeur américain Michael Vick. Vick a plaidé coupable pour les combats de chiens qu’il organisait. Il a fait de la prison pour cet horrible crime et est toujours vilipendé par un grand nombre de personnes. Vick aimait s’asseoir autour d’une fosse de combat et regarder des chiens s’entredéchirer ; la plupart des gens qui ont critiqué Vick aiment de leur côté s’asseoir autour d’un barbecue et faire griller les corps d’animaux qu’on a torturés de la même façon que les chiens de Vick. Les
chiens de Vick et les animaux que les humains mangent souffrent et meurent pour une seule et même raison : le plaisir des humains.

Le cas de Bale et celui de Vick sont de superbes exemples de schizophrénie morale.

Comme le disait un de mes amis : « Si nous n’éprouvons pas de sentiment d’horreur et si nous ne sommes pas choqués en passant devant un McDonald’s, où est le problème à ce que Mary Bale jette sa propriété dans une poubelle ? »

Et de la même manière que personne ne dit que des combats de chiens « humains » seraient acceptables, il est absurde de suggérer que l’exploitation « heureuse » des animaux utilisés pour la nourriture est moralement acceptable.

Il existe un remède simple contre la schizophrénie morale : devenir végan. C’est facile, c’est meilleur pour votre santé et la planète, et c’est surtout, moralement, la bonne chose à faire. C’est ce que nous devons aux autres animaux.

Si vous êtes végan, alors sensibilisez les autres au véganisme de manière créative et non-violente.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2010 Gary L. Francione

Le visage sympathique de la torture, de la mort et de l’exploitation animale

Chers Collègues :

Si vous doutez encore du fait que les réformes de bien-être animal entrent dans les intérêts de l’industrie, reportez-vous à l’article du 21 octobre 2010 paru dans le New York Times à propos de l’étourdissement par atmosphère contrôlée des volailles, lequel, comme j’en ai débattu ici-même en 2008, est plébiscité par PETA et la conceptrice d’abattoirs Temple Grandin, gagnante du prix PETA.

Voici ce qu’on peut lire dans le New York Times :

« Quand vous vous emparez d’un poulet, que vous le tournez la tête en bas et que vous l’accrochez à la chaîne, c’est du stress, du stress et encore du stress », a déclaré Scott Sechler, le patron de Bell & Evans. « Notre système est conçu pour que nous les amenions à l’endormissement et les tuions sans stress. »

La société Anglia Autoflow, qui construit les systèmes d’étourdissement pour les deux leaders, appelle ce procédé « étourdissement par atmosphère contrôlée », mais M. Pitman [patron de Mary’s Chickens] a déclaré que sa société songeait à employer l’expression « étourdissement par sédation » sur ses colis. Egalement sur la liste : « Abattus avec humanité », « Procédé humain » ou « Manipulé avec humanité ».

L’astuce, dit-il, est de faire connaître le but du nouveau système, qui est de s’assurer que les oiseaux « n’éprouvent pas de douleur ou de gêne supplémentaires dans les dernières minutes de leurs vies ».

M. Sechler a déclaré que le système a été conçu pour endormir les oiseaux en douceur, de la même manière qu’une personne subissant une anesthésie avant opération.

Afin de susciter cette image, il veut inscrire sur ses colis et publicités les mots « anesthésie par induction lente », qui indiquent déjà au consommateur que les oiseaux ont été élevés dans des conditions spacieuses avec lumière naturelle, nourriture sans antibiotiques ni sous-produits animaux. Les consommateurs qui veulent en savoir plus pourront aller sur le site de la société.

M. Sechler a déclaré que le système qu’il a choisi, après des années de recherches, était meilleur que les systèmes similaires d’étourdissement au gaz utilisés en Europe. Ces systèmes, dit-il, privent souvent trop vite les oiseaux d’oxygène, ce qui peut les faire souffrir. Ils sont également conçus pour les tuer plutôt que leur faire perdre simplement connaissance, ce avec quoi M. Sechler ne se sent pas à l’aise.

« Je ne veux pas que le public dise que nous gazons nos poulets », dit-il.

Et, bien sûr, un traitement meilleur signifie une meilleure viande :

M. Sechler ainsi que d’autres personnes plébiscitant le nouveau système ont dit s’attendre à ce que la viande soit de meilleure qualité, les animaux devant éprouver moins de stress, être moins meurtris et avoir les ailes moins cassées au moment de mourir.

PETA, qui plébiscite le gazage des poulets, soutient également que c’est dans l’intérêt économique des producteurs. Dans son Analyse de l’étourdissement par atmosphère contrôlée vs l’immobilisation électrique d’un point de vue économique, PETA plaide en faveur du gazage des volailles, affirmant que la méthode d’abattage par étourdissement à l’électricité « diminue le rendement et la qualité du produit », les oiseaux souffrant d’os cassés et le procédé ayant pour résultat d’affecter dangereusement la santé humaine. De plus, la méthode d’étourdissement à l’électricité « accroît les coûts de travail » de plusieurs manières. PETA soutient que le gazage en revanche « augmente la qualité du produit et le rendement », les os cassés, les bleus et les hémorragies étant soi-disant éliminés, la contamination réduite, la « durée de vie de la viande » augmentée tout comme la production « de blanc de poulet tendre ». PETA affirme également que le gazage « diminue les coûts de travail » en réduisant les accidents et la nécessité de certaines inspections, et en écourtant la rotation du personnel. Le gazage fournit « d’autres bénéfices économiques » à l’industrie volaillère en permettant aux producteurs d’épargner de l’argent sur les coûts d’énergie, par la diminution du gaspillage des sous-produits et de la consommation en eau.

Ce genre de campagne ne sert à rien sinon à rendre le public plus à l’aise par rapport au fait d’exploiter les animaux. Mieux, les grandes organisations de bien-être animal sont devenues des partenaires actifs de l’exploitation animale en aidant l’industrie à apposer un smiley sur la mort, la torture et l’exploitation et en l’aidant en même temps à rendre l’exploitation animale plus efficace et rentable économiquement. Si vous doutez encore de ce qu’est la viande « heureuse » et du rôle qu’elle est censée jouer, à savoir rendre le public plus à l’aise par rapport à l’exploitation animale, c’est que vraiment vous ne faites pas attention.

Le non-sens de l’exploitation « heureuse » constitue un énorme pas en arrière. Les gens ne deviendront jamais végans s’ils croient qu’ils peuvent exploiter éthiquement. Et c’est exactement le message que le mouvement pour l’exploitation « heureuse » cherche à transmettre : à savoir que nous pouvons continuer d’exploiter les animaux et de nous payer des produits d’origine animale tant que les animaux sont traités « humainement ». Comme Peter Singer l’a déclaré :

Pour éviter d’infliger des souffrances aux animaux – sans parler des coûts environnementaux de la production animale intensive -, nous devons réduire drastiquement notre consommation de produits d’origine animale. Mais cela signifie-t-il un monde végan ? C’est une solution, mais pas nécessairement la seule. Si c’est de l’infliction de souffrance dont nous nous soucions, plutôt que de l’infliction de la mort, alors il m’est également possible d’imaginer un monde dans lequel les gens mangeront principalement de la nourriture végétale, mais s’offriront occasionnellement le luxe d’œufs de poules élevées en plein air, ou même éventuellement de viande d’animaux ayant bien vécu dans les conditions naturelles à leur espèce, et tués humainement à la ferme. (The Vegan, automne 2006.)

Le mouvement pour l’exploitation « heureuse » représente la promesse d’une exploitation « compassionnelle », de sorte que nous puissions nous permettre le « luxe » d’exploiter les animaux.

C’est un « luxe » que les animaux ne peuvent pas s’offrir.

Il n’y a pas d’exploitation « humaine », et même s’il y en avait une, elle impliquerait encore et toujours le massacre injustifiable de nonhumains sentients. Singer et son mouvement pour l’exploitation « heureuse » ne sont pas gênés par la question du meurtre des animaux, parce qu’ils ne croient pas que ceux-ci aient un intérêt à la poursuite de leurs existences. J’ai débattu de ce problème dans d’autres articles, dont ceux-ci : 1, 2, ainsi que dans mon nouveau livre, The Animal Rights Debate: Abolition or Regulation?, où je discute du mouvement pour l’exploitation « heureuse » avec le Professeur Robert Garner.

Si vous êtes contre l’exploitation animale ; si vous considérez les animaux comme des membres de la communauté morale ; si vous rejetez l’idée que les nonhumains ne sont que des objets et des ressources pour les humains, vous n’avez qu’une seule option : devenir végan. C’est facile, c’est meilleur pour votre santé et la planète, et c’est surtout, moralement, la bonne et la juste chose à faire. C’est ce que nous devons aux autres animaux. Si vous n’êtes pas végan, alors vous participez directement à l’exploitation animale. Et vous ne vous en tirerez pas moralement en mangeant des poulets gazés.

Si vous êtes végan, alors sensibilisez les autres au véganisme de manière créative et non-violente.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione

©2010 Gary L. Francione

Ajout du 26 octobre 2010 :

PETA a fait paraître un communiqué de presse faisant l’éloge de Bell & Evans qu’elle cite :

« Nous sommes heureux de montrer une fois encore la voie au reste de l’industrie du poulet », déclare Scott Sechler, le président de Bell & Evans. « Le bien-être animal est une composante-clé de notre business ; nous investissons dans ce qui nous importe, parce que c’est la bonne chose à faire. »

On notera au passage que M. Sechler ignore à propos que le gazage des volailles est économiquement bénéfique à ses affaires, comme le démontre l’analyse de PETA.

Et PETA de déclarer :

En promettant d’adopter un système d’abattage qui réduit grandement la souffrance des poulets, Bell & Evans prouvent que le bien-être animal et les bonnes affaires marchent main dans la main », assure Tracy Reiman, la vice-présidente exécutive de PETA.

C’est à couper le souffle. Mais alors, PETA et Bell & Evans sont partenaires dans l’exploitation, et pour l’un comme pour l’autre il s’agit seulement de business.

Le gazage des poulets n’est bon pour les affaires de M. Sechler que s’il vend plus de poulets morts ou s’il réduit ses coûts de production, ou les deux. Or il est clair que le gazage réduit les coûts de production, et grâce à la complaisance de PETA, M. Sechler peut espérer vendre davantage d’oiseaux morts. PETA peut alors crier « victoire » pour les animaux et récolter les dons que le public lui verse avec gratitude pour la récompenser de le faire se sentir beaucoup plus à l’aise par rapport au fait de manger les poulets.

Bell & Evans sont gagnants. PETA aussi. Seuls les animaux sont perdants.

Et que dire du principe exigeant que les droits des animaux signifient véganisme ? Eh bien, Ingrid Newkirk résume ainsi la situation : « Tordons le cou au principe. »

Devenez végan. Contrairement au fait de manger des poulets gazés, c’est la bonne chose à faire.

Gary L. Francione
©2010 Gary L. Francione

Pas de troisième choix

Chers Collègues :

Il y a le véganisme et il y a l’exploitation animale. Il n’y a pas de 3ème choix. Si vous n’êtes pas végan, vous participez directement à l’exploitation animale.

Si vous n’êtes pas végan, demandez-vous si votre confort, plaisir, amusement ou convenance ont autant de valeur qu’une vie. Si votre conclusion est que non, alors devenez végan. C’est facile, meilleur pour votre santé et l’environnement, et, plus important que tout, c’est, d’un point de vue moral, la bonne chose à faire.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2010 Gary L. Francione

Souffrance et mort « non nécessaires »

Chers Collègues :

Nous sommes tous d’accord pour dire qu’il est moralement mal d’infliger souffrance et mort « non nécessaires » aux animaux. Si cela a un sens, alors cela doit vouloir dire que nous ne pouvons pas justifier le fait d’infliger souffrance et mort aux animaux pour des raisons de plaisir ou de confort. Or précisément, quelle est notre meilleure justification pour infliger souffrance et mort aux 57 milliards d’animaux (sans compter les poissons) que nous mangeons annuellement ?

Le plaisir. Le confort.

Par conséquent, la seule justification que nous ayons est précisément celle dont nous disons qu’elle ne suffit pas. C’est de la schizophrénie morale.

Si vous n’êtes pas végan, vous participez directement à l’exploitation animale. Etre végan est facile, meilleur pour la santé, et c’est surtout le moyen le plus puissant que vous ayez en tant qu’individu de dire « non » à l’exploitation animale.

Si vous êtes végan, alors sensibilisez les autres au véganisme.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2010 Gary L. Francione

Exploitation bénie

Chers Collègues :

Si vous plébiscitez l’ « omnivore consciencieux » opérant des choix « compassionnels », devinez quoi ? Les gens continueront à manger des produits d’origine animale. Ils continueront de participer directement à l’exploitation animale et ne verront pas où est le mal. Après tout, les « experts », les « gens des droits des animaux » auront béni leur consommation de produits d’origine animale…

Si vous plébiscitez le végétarisme comme un choix « compassionnel », vous donnez aux gens le feu vert pour consommer produits laitiers et autres produits d’origine animale. Ceci explique pourquoi nous connaissons tous de nombreux végétariens qui ne sont jamais devenus végans. Pourquoi le deviendraient-ils alors que les experts auto-désignés ne cessent de leur dire qu’ils se déchargent de leurs obligations morales envers les animaux rien qu’en étant végétariens ?

Si vous considérez les animaux comme des membres de la communauté morale, vous arrêtez de les consommer. Un point, c’est tout. Ce n’est pas une question d’exploitation « heureuse » ; la question, c’est de mettre un terme à l’exploitation.

Si vous n’êtes pas végan, devenez-le. C’est facile, c’est meilleur pour la santé et l’environnement, et surtout, c’est moralement la bonne chose à faire.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2010 Gary L. Francione