Approche Abolitionniste et Farm Sanctuary débattent de la « viande heureuse », de l’abolition et des réformes de bien-être

Introduction

J’ai accepté de discuter de la « viande heureuse », de l’abolition et des réformes de bien-être avec Bruce Friedrich, autrefois à PETA et désormais aux côtés de Farm Sanctuary. Ce débat a été originellement commandé par un magazine dont nous tairons le nom, qui a refusé de le publier au prétexte que je ne serais pas d’accord avec certains changements effectués qui altéraient ce que j’avais dit.

La discussion se déroule comme suit : je donne un discours d’ouverture auquel répond Bruce. L’allocution liminaire de Bruce est suivie de ma réponse. Les voici tels que nous les avons exactement soumis au magazine. Le seul changement est que Bruce a préféré utiliser les prénoms, et qu’en conséquence, j’ai changé « Friedrich » en « Bruce ».

Discours d’ouverture de Gary L. Francione

Le mouvement moderne de protection animale est divisé.

Il y a les réglementaristes, qui se concentrent essentiellement sur le traitement des animaux nonhumains et qui, plus généralement, promeuvent et soutiennent : (1) les réformes de bien-être dont ils prétendent qu’elles rendront le traitement des animaux plus « humain », telles que les cages « enrichies » pour les poules ; (2) les campagnes ciblées, comme les campagnes anti-fourrure et anti-foie gras ; et (3) la « consommation compassionnelle » via l’acceptation des produits d’origine animale « heureux », tels que ceux qui satisfont aux normes « Compassion pour les Animaux » de Whole Foods.

Certains réglementaristes affirment que ces mesures mèneront progressivement à l’abolition de l’utilisation des animaux à un moment donné du futur. D’autres ne recherchent pas cette abolition définitive ; ils ne considèrent pas l’utilisation des animaux comme mauvaise en soi, leur objectif se bornant seulement à assurer à ceux-ci un traitement « humain ».

Les réglementaristes s’opposent, parfois avec véhémence, à la promotion du véganisme comme base morale fondatrice. Dans la mesure où ils la font, ils présentent le véganisme comme un moyen de réduire la souffrance, avec les œufs de poules « hors cage », le porc « sans box » et d’autres produits « heureux » du même acabit. Peter Singer, le principal universitaire partisan du réglementarisme, caractérise même le fait d’être un végan cohérent de « fanatique », et dit que nous pouvons « manger éthique » si nous évitons les produits issus des élevages industriels au profit d’ « une quantité modérée de produits biologiques issus d’animaux élevés en pâturages ».

Et il y a les abolitionnistes qui considèrent que toute utilisation des animaux est mal, et ce indépendamment de la sorte de traitement que ces derniers subissent. Les abolitionnistes rejettent les réformes de bien-être, les campagnes ciblées et la « consommation compassionnelle ». Ils font la promotion du véganisme comme impératif moral et comme un choix de ne pas participer à l’exploitation animale. Ils cherchent à construire un mouvement populaire de végans éthiques.

Les grosses associations animalistes sont, en grande partie, réglementaristes.

Les abolitionnistes rejettent la position réglementariste parce qu’ils croient que si les animaux importent moralement, nous ne pouvons justifier aucune utilisation de ces derniers, quand bien même elle serait « humaine ». Mais les abolitionnistes rejettent également le réglementarisme pour trois raisons pratiques.

La première, c’est que les mesures de bien-être fournissent peu, sinon pas, de protection significative aux intérêts des animaux. Cela tient à ce que ceux-ci sont des propriétés et que cela coûte de l’argent de protéger leurs intérêts. En conséquence de quoi, les normes de bien-être resteront toujours basses. Nous avons des normes de bien-être depuis maintenant deux siècles et nous exploitons aujourd’hui plus d’animaux, et de manières plus horribles, qu’à aucun moment de l’histoire humaine.

Il n’est pas vrai que les réformes de bien-être entraînent, pour l’industrie, des coûts importants, lesquels reflèteraient une reconnaissance sociale de la valeur inhérente des animaux. Au contraire, un grand nombre de ces réformes augmentent en réalité le rendement de production. Par exemple, selon HSUS, qui, avec PETA, fait la promotion de l’abattage par atmosphère contrôlée (AAC) des volailles, l’AAC « a pour résultat d’économiser de l’argent et d’augmenter les revenus en diminuant les déclassements de carcasses, les contaminations et les coûts de réfrigération, en augmentant la production de viande, sa qualité et sa durée de vie, et en améliorant les conditions de travail des ouvriers ». On lit aussi qu’ « une usine traitant un million de poulets à rôtir par semaine avec une moyenne de carcasses préparées pesant 2 kg et un prix de gros de 0,6 € par livre augmenterait son revenu annuel de 1,39 million d’euros après adoption de l’AAC. »

La deuxième, c’est que les mesures de bien-être animal rendent les gens plus à l’aise par rapport à l’exploitation animale, et qu’elle les encourage en réalité à la poursuivre en leur faisant croire qu’ils peuvent se décharger de leurs obligations morales envers les animaux sans cesser de les utiliser dans leurs vies personnelles. Que pouvons-nous attendre d’autre quand des groupes comme PETA font l’éloge de McDonalds sous prétexte que McDonalds « montre le chemin » dans le traitement et l’abattage des animaux, ou décernent des prix à certains concepteurs d’abattoirs ? Les campagnes de bien-être et les projets de labels « heureux » créent en réalité des partenariats inquiétants entre l’industrie et le milieu de la défense animale.

La troisième, c’est que les abolitionnistes rejettent les campagnes ciblées en ce qu’elles laissent entendre que certaines formes d’exploitation sont pires que d’autres. Or, la fourrure, par exemple, n’est en rien pire que le cuir ou la laine, et il est faux de prétendre le contraire.

Les abolitionnistes voient la défense animale comme un jeu à somme nulle. Chaque seconde et chaque centime consacrés à rendre l’exploitation plus « humaine » ou à des campagnes ciblées, sont autant de temps et d’argent perdus pour l’éducation végane/abolitionniste.

Posons que vous ayez demain deux heures à consacrer à la défense animale. Vous avez un choix à faire. Vous pouvez distribuer de la documentation incitant les gens à consommer des œufs de poules « hors cage », ou de la documentation invitant ces mêmes personnes à ne pas manger d’œufs du tout puisque les œufs « hors cage » impliquent toujours l’exploitation, l’extrême souffrance et la mort des poules. Vous ne pouvez distribuer les deux types de documentation. Si vous le faisiez, les messages que vous enverriez seraient contradictoires et profondément déroutants.

Pour toutes ces raisons, les abolitionnistes estiment que nous devons cesser de promouvoir l’idée selon laquelle il existerait une « façon bonne » d’exploiter les animaux. Le fait est qu’il n’y en a pas. Nous devons sensibiliser les gens au véganisme, et construire un mouvement végan qui puisse préparer et produire des changements significatifs dans le futur.

Réponse de Bruce Friedrich :

Le véritable abolitionnisme est plus astucieux que cela

Gary donne une mauvaise interprétation des idées de Peter Singer et PETA, et il a tort quand il prétend que les abolitionnistes refusent les réformes de bien-être et les campagnes ciblées. Oui, les abolitionnistes font la promotion du véganisme comme base morale fondatrice, mais la plupart d’entre nous soutiennent également les campagnes ciblées et les réformes de bien-être.

Par exemple, tous les groupes abolitionnistes qui défendent le plus le véganisme (Mercy for Animals, Vegan Outreach, PETA, COK, the Humane League, Farm Sanctuary) soutiennent à la fois les campagnes ciblées et les lois sur le bien-être afin de mettre hors-la-loi les pratiques d’élevage cruelles. Nous les soutenons parce qu’ils réduisent la souffrance et la consommation de viande, et nous rapprochent de la libération animale.

Les réformes de bien-être réduisent la souffrance

Il est difficile d’imaginer quelque chose de pire que de passer sa vie entassé dans une stalle de gestation ; tandis que nous militons pour un véganisme total dans la société, c’est une chose pleine de sens pour les cochons bloqués en stalles que de les faire aller dans des élevages en groupe, où ils peuvent bouger et interagir avec les autres cochons. Si vous étiez une truie enceinte dans une stalle, vous désireriez cela.

De même, 9 milliards de poulets sont déversés des stalles, électrocutés et ont la gorge tranchée — tout cela en étant toujours conscients. Des millions d’entre eux sont ébouillantés vifs. S’il se trouvait des êtres humains innocents n’ayant aucun espoir d’éviter l’exécution, les défenseurs des droits de l’homme se battraient afin de rendre leur mort aussi indolore que possible — preuve en est que, précisément, cette bataille a été menée par le mouvement contre la peine de mort quant aux méthodes particulièrement cruelles d’exécution.

Les réformes de bien-être réduisent la consommation de viande et nous conduisent à la libération animale

Autre exemple : les pays de l’UE qui ont interdit les cages de batterie ont vu décliner la consommation d’œufs, contrairement à ceux qui ne l’ont pas fait. Et une étude parue dans le Journal of Agricultural Economics a exposé en détail le fait que la couverture médiatique qui a accompagné les campagnes de bien-être animal centrées sur les systèmes de confinement spécifiques a conduit à une réduction de la consommation de l’ensemble des produits d’origine animale. Ce n’est pas un contre-exemple de ce dont je suis conscient.

De quel côté êtes-vous ?

Gary insinue que les améliorations du bien-être des animaux accroissent les performances des industries, un argument entièrement réfuté par les millions de dollars dépensés par le milieu de l’agriculture animale pour combattre lesdites améliorations. J’en veux pour seul exemple les industries du porc et des œufs, qui ont dépensé 10 millions de dollars afin de tenter de faire échouer la Proposition 2 de Californie (qui criminalisait les cages de batterie, les stalles de gestation et les box pour l’élevage en batterie des veaux) – Proposition 2 que Gary (très malencontreusement à mon sens) a associée, dans son opposition, aux industries de la viande et des œufs.

Conclusion

Le fait que les réformes de bien-être réduisent la souffrance des animaux dont les seules alternatives sont plus ou moins de souffrance, doit suffire pour leur faire gagner le soutien des abolitionnistes intelligents. Ajoutez à cela la preuve empirique que ces réformes réduisent la consommation de viande et changent la société, et vous comprendrez pourquoi l’immense majorité des groupes et des personnes abolitionnistes soutiennent les efforts visant à mettre hors-la-loi les pires abus.

Pour plus de détails, veuillez vous reporter à l’exposé de Nick Cooney, « Welfare Reform and Vegan Advocacy: The Facts », ainsi qu’à l’article de Vegan Outreach, « Welfare and Liberation ». Ces deux documents sont facilement disponibles via votre moteur de recherche.

Discours d’ouverture de Bruce Friedrich

Progrès graduels : bons pour les animaux et la libération animale

A Farm Sanctuary, nous partageons notre existence avec des animaux d’élevage et nous les considérons comme des personnes. Nous ne mangerions pas plus un poulet ou un cochon que nous ne mangerions un chien ou un chat. Chacun d’eux est un individu avec le même éventail d’émotions et de besoins que n’importe quel chien ou chat. Comme l’a remarqué Jane Goodall, « ce sont des personnes à part entière ».

Par conséquent, bien sûr que nous travaillons à éliminer les pires maltraitances commises sur les animaux d’élevage. Ces réformes réduisent la souffrance, font baisser la consommation de viande et nous font progresser sur la voie de la libération animale.

La règle d’or : prendre en considération le point de vue des animaux

Il y a, pour les poules, une différence importante entre la vie en cage de batterie ou la vie sans cage, et, pour les truies, entre les stalles de gestation et les élevages en groupe. Bien qu’il soit exact que les animaux dans les élevages sans cage ou de groupe sont toujours horriblement maltraités, évoluer vers ces systèmes graduellement moins mauvais diminue de manière sensible la souffrance des animaux concernés.

Mettez-vous à leur place : les stalles de gestation mesurent 2 x 0,6 mètres. L’immobilité perpétuelle entraîne le dépérissement des muscles et des os des cochons, de sorte que marcher devient atroce, et que même se lever est douloureux. Parce que les animaux se frottent contre les barreaux, sont allongés dans leurs propres excréments jour et nuit, ils souffrent de douloureuses brûlures d’ammoniaque, et leurs poumons s’irritent à force de respirer de l’air putride. Ils sont constamment affamés puisqu’ils reçoivent environ la moitié de ce qu’ils devraient normalement consommer.

Quand des êtres humains n’ont nul espoir de s’échapper, les militants des droits de l’homme demandent que leurs conditions de détention soient améliorées, même s’ils ne peuvent les faire libérer. Lisez simplement les derniers rapports d’Amnesty International ou d’ACLU sur les personnes qui ne devraient pas être en prison, et les réformes de bien-être que ces groupes réclament. Si un prisonnier politique est soumis à des coups et à de la torture, même si Amnesty ne peut le faire libérer, ils se battront néanmoins pour que la torture cesse — même si les conditions de détention demeureront grotesquement inhumaines. Ils veulent sa libération, mais également moins de maltraitance.

Les défenseurs des droits civiques et des droits des femmes n’ont jamais dit qu’une égalité complète et immédiate était la seule chose pour laquelle se battre. Ils ont combiné une rhétorique puissante, qui a défini leur large vision du changement, avec des batailles politiques durement combattues en faveur d’améliorations graduelles : une fin de l’esclavage puis de la ségrégation, le droit de participer aux élections, une fin de l’asservissement direct, de la discrimination à l’embauche et au salaire, et ainsi de suite — le tout dans le contexte d’un système profondément injuste. Ils ont accueilli chaque réforme comme une étape vers le but final.

Des étapes sur le chemin de la libération

Une fois que la société reconnaît que les animaux de ferme ont des intérêts qui comptent, le principe de cohérence peut jouer, et nous pouvons faire remarquer que si les animaux de ferme ont des intérêts, la société doit reconsidérer le fait de les tuer et de les manger. Les efforts réformistes mènent ainsi à une diminution de la consommation de viande. Et naturellement, les pays dotés des meilleures lois de protection animale sont ceux qui comptent le plus de militants des droits des animaux et de végans. Inversement, les pays qui ne sont pas dotés de telles lois sont ceux qui comptent le moins de militants des droits des animaux et de végans.

Comme l’explique Matt Balls, co-fondateur de Vegan Outreach : « L’évidence montre que les réformes attirent l’attention des non-végétariens sur la question, et persuadent beaucoup d’entre eux à reconsidérer leur éthique et leurs actes. Les groupes animalistes utilisent alors leurs victoires pour gagner en visibilité et faire pression afin d’obtenir de nouvelles réformes. De cette façon, les mesures de bien-être animal tendent à glisser vers l’abolition. »

Conclusion

Vous ne verrez jamais Farm Sanctuary soutenir la consommation de produits d’origine animale. La grande majorité de nos efforts se concentre sur la promotion du véganisme, y compris notre Campagne Compassionate Communities, notre site web, l’ensemble de nos événements et chacune de nos lettres d’information. Farm Sanctuary est une organisation de droits, et nous ne compromettrons jamais cette position.

J’ai personnellement écrit des articles pour le Huffington Post qui exposent sans équivoque possible que la « viande humaine » est une contradiction dans les termes. J’ai débattu de cette question sur les campus des facultés à travers le pays et rédigé cinq pages sur le sujet pour le livre de Jonathan Safran Foer Eating Animals.

Parce que nous sommes une organisation de droits, nous soutenons également l’élimination des pires abus commis sur les animaux de ferme. C’est dans l’intérêt de ceux qui souffrent. C’est dans l’intérêt de notre but à court terme, qui est de réduire la consommation de viande. Et c’est dans l’intérêt de la libération animale.

Réponse de Gary L. Francione

Je ne doute pas de la sincérité de Bruce Friedrich, mais nous avons des manières fondamentalement différentes de penser l’éthique animale.

La promotion de l’exploitation « heureuse »

Bruce déclare que Farm Sanctuary ne défend pas les produits d’origine animale obtenus avec « humanité ». Je ne suis pas d’accord. Par exemple, Farm Sanctuary a signé avec d’autres une déclaration publique reconnaissant « apprécier et soutenir l’initiative pionnière prise par Whole Foods Market de respecter les Standards Farm Animal Compassionate. » (Voir http://bit.ly/eli95N). De telles déclarations présentent clairement l’exploitation « heureuse » comme désirable.

Les groupes de droits des animaux ne doivent jamais s’engager dans le business de la promotion ou de la louange des standards d’exploitation de l’industrie. Les défenseurs des droits des animaux doivent être clairs quant à leur opposition à toutes les formes d’exploitation. Ils doivent envoyer au public un message sans équivoque : que nous ne pouvons justifier moralement quelque utilisation des animaux que ce soit. Ils doivent se concentrer sur un but : la baisse de la demande. Ils ne doivent jamais faire la promotion de la consommation « compassionnelle » (c’est-à-dire de produits obtenus de façon soi-disant « humaine ») qui ne fait que perpétuer la demande et rendre les gens plus à l’aise par rapport au fait de consommer des produits d’origine animale.

Bruce évoque le combat d’Amnesty International contre la torture. Il omet de dire qu’Amnesty International ne décerne pas de prix aux bourreaux ni n’approuve de labels garantissant moins de torture. Il n’en va pas de même des organisations de droits des animaux.

Le véganisme cohérent défini comme « engouement culturel »

Bruce considère le véganisme comme un moyen de réduire la souffrance, non comme un impératif moral. Il va jusqu’à prétendre que le véganisme cohérent implique une idée de « pureté personnelle », qu’il représente un « engouement culturel narcissique » (voir http://bit.ly/T6OD7h). Je ne suis pas d’accord.

Bruce cite Jane Goodall disant que les animaux « sont des personnes à part entière ». Je ne vois pas très bien ce qu’elle entend par là étant donné que, au moins jusqu’à une interview de 2009, Goodall reconnaissait elle-même qu’elle n’était pas végane.

L’inefficacité des réformes de bien-être

Les victoires des réformes de bien-être de la dernière décennie peuvent être résumées facilement : des millions ont été dépensés pour les campagnes de bien-être avec bien peu de bénéfices pour les animaux. Je note que Farm Sanctuary soutient actuellement une loi nationale afin d’introduire progressivement, pour les poules, les cages « enrichies ». Même la très conservatrice Compassion in World Farming reconnaît que les cages « enrichies » ne triomphent pas des « graves problèmes de bien-être » des cages conventionnelles. (Voir http://bit.ly/XTMRZM)

Bruce évoque la campagne contre les stalles de gestation. Les études citées par les défenseurs des animaux démontrent que certaines alternatives à ces stalles diminuent en ré alité le coût de production. L’industrie adoptera de toute façon ces mesures ; aussi ne doivent-elles pas être présentées comme des mesures pour les « droits des animaux ».

Il n’y a pas d’évidence crédible que « les efforts réformistes mènent à une diminution de la consommation de viande ». En revanche, nous lisons tous les jours que des gens recommencent à consommer des produits d’origine animale sous prétexte qu’ils sont produits avec « compassion » ou qu’ils portent un label « humain » soutenu par des organisations animalistes. Et il n’y pas d’évidence factuelle que les réformes de bien-être mènent à l’abolition.

Pour résumer, nous n’avons pas aboli l’esclavage humain en le rendant progressivement « humain ». Jamais nous n’abolirons l’esclavage animal tant que nous ferons la promotion d’une exploitation réglementée. Nous devons déplacer le paradigme en établissant le véganisme comme base morale sans équivoque.

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J’inviterai Bruce à faire un podcast sur le sujet au cours de la nouvelle année. J’espère sincèrement qu’il acceptera. Nos divergences sont profondes, mais nous nous efforçons d’en discuter de manière civile.

Gary L. Francione

Professeur, Rutgers University

Addendum (19 janvier 2013)

Le récent article de Bruce Friedrich sur les œufs de batterie conclut :

Jusqu’ici, la seule chaîne d’épicerie nationale à avoir interdit la vente d’œufs de poules élevées en cage est Whole Foods. La seule enseigne de restauration à promettre de les retirer de leurs chaînes d’approvisionnement est Burger King (avant 2007). Ces compagnies méritent d’être applaudies pour de tels progrès. Ce type de cages sera également illégal en Californie en 2015 et dans le Michigan en 2019, et la législation visant à les bannir sera bientôt présentée dans le Massachusetts (si vous vivez dans cet Etat, vérifiez les mises à jour sur FarmSanctuary.org).

A Farm Sanctuary, nous vivons avec des animaux d’élevage, et nous ne les mangerions, eux ou leurs œufs, en aucune circonstance. Nous luttons contre la maltraitance des poules quel que soit le système d’exploitation, y compris les élevages sans cage ou en cage à plusieurs. Mais nous travaillons également dans le but d’abolir les pires abus commis sur les animaux d’élevage, et il est difficile d’imaginer pire que ces cages de batterie minuscules, étroites et stériles où 250 millions de poules sont en ce moment forcées de passer leur vie.

Les cages de batterie doivent disparaître.

Quel message embrouillé.

Comme l’a commenté quelqu’un sur la page Facebook d’Approche Abolitionniste :

Bien, alors que dois-je faire en premier exactement ?… Ne plus soutenir le massacre des poules en devenant végan, ou bien écrire une lettre à Burger King et Whole Foods où je les félicite de continuer à soutenir ce massacre ?

Exactement. J’ajoute qu’un lecteur pourrait aussi conclure qu’il est moralement acceptable de continuer à manger des œufs tant qu’ils viennent de poules « heureuses ».

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University