Chers Collègues :
Bonne Année.
Je désapprouve certainement l’idée des « Lundis sans viande ». Mais je voulais quand même livrer une brève réflexion sur ce sujet.
Comme vous le savez, je défends le véganisme et j’estime que l’activisme animal devrait consister essentiellement en une éducation végane créative et non-violente. Nous devons insister sur le fait que le véganisme est facile et que n’importe qui, s’il le désire, peut devenir végan aujourd’hui, maintenant.
Ceci étant, si des gens viennent me dire : « Je veux devenir végan mais il m’est impossible de le faire tout de suite », je leur explique que la consommation d’un produit d’origine animale, quel qu’il soit, est moralement injustifiable. Je leur suggère également de manger végan pendant quelque temps au petit-déjeuner, puis au déjeuner, puis enfin au dîner. Jamais je ne leur conseille de manger des œufs de poules « élevées en plein air » ou de la viande « heureuse ».
De même, je suggère aux personnes qui ne supportent pas l’idée de devenir véganes tout de suite mais qui veulent néanmoins l’être un jour, d’essayer de l’être pendant une journée, puis de recommencer quelques jours plus tard, etc., jusqu’à le rester pendant 7 jours.
En ce sens, je n’aurais pas d’objection aux « Lundis sans viande » (ou n’importe quel autre jour de la semaine) si nous faisions clairement comprendre : (1) qu’ils sont instaurés en reconnaissance de l’impératif éthique selon lequel nous ne pouvons justifier l’utilisation des animaux ; et (2) qu’ils ne sont qu’un pas vers le véganisme intégral.
Les « Lundis sans viande » renforcent l’idée selon laquelle la chair des animaux serait moralement différentiable des autres produits d’origine animale. Ils sont également plébiscités par beaucoup comme une fin en soi destinée à réduire les impacts environnementaux de la consommation de viande, ou encore comme une mesure de santé comparable à la réduction de la consommation d’alcool. Pour toutes ces raisons, je ne soutiens pas les « Lundis sans viande ».
Mais je soutiendrais un « [Jour] Végan » s’il était clairement dit qu’il était partie prenante de nos obligations morales envers les nonhumains et qu’il était explicitement décrit comme un pas supplémentaire vers le véganisme intégral. Je ne suis certainement pas opposé au fait de dire nettement que les produits d’origine animale sont nuisibles à la santé et qu’ils ont des conséquences environnementales néfastes. Mais je pense que le point central d’une telle journée doit être une réflexion morale sur l’utilisation des animaux, ainsi qu’un message comme quoi nous devons évoluer vers un véganisme à plein temps.
Nous ne devons cependant jamais cesser d’insister sur le fait que le véganisme est facile, et que n’importe qui peut devenir végan immédiatement afin de faire un pas réel et important en direction de la non-violence.
Un « [Jour] Végan » aurait au moins le mérite de ne pas renforcer la notion erronée qu’il existerait une différence moralement importante entre la chair et les autres produits d’origine animale.
Et rappelez-vous : Le monde est végane ! Si vous le voulez.
Gary L. Francione
© 2010 Gary L. Francione