Archives de l’auteur : Gary L. Francione

Le changement de paradigme exige de la clarté quant à la base morale du mouvement : le véganisme

Si nous voulons un jour faire évoluer le paradigme de l’exploitation animale, alors nous devons être clairs quant à la manière dont nous voulons qu’il change.

Nous devons être clairs sur le fait que le véganisme doit constituer, sans aucune équivoque, le fondement de tout ce qui mérite le nom de mouvement des « droits des animaux ». Si les « droits des animaux » veulent dire quelque chose, alors cela signifie que nous ne pouvons justifier moralement aucune forme d’exploitation animale ; que nous ne pouvons justifier de traiter les animaux comme des ressources humaines, quelque « humain » que puisse être par ailleurs leur traitement.

Nous devons cesser de croire que les gens vont trouver le véganisme « rebutant » et que par conséquent nous devons promouvoir quelque chose de moindre que le véganisme. Si nous développons avec clarté les idées morales et les arguments en faveur du véganisme, alors les gens comprendront. Ils peuvent ne pas tous devenir végans immédiatement ; en fait, la plupart ne le deviendront pas. Mais nous devons toujours être clairs quant à ce principe moral de base. Si quelqu’un veut procéder par étapes et évoluer progressivement, ce sera sa décision, et non quelque chose que nous lui aurons conseillé de faire. Le principe de base doit toujours être limpide. Nous ne devons jamais promouvoir l’exploitation « heureuse » ou « humaine » comme quelque chose d’acceptable sur le plan éthique.

L’idée selon laquelle nous devrions plébisciter une exploitation « heureuse » ou « humaine » envisagée comme une suite de « petits pas » tait le fait que les réformes de bien-être n’aboutissent sensiblement pas à une protection accrue des intérêts des animaux ; en fait, les réformes de bien-être ne font la plupart du temps rien de plus que rendre l’exploitation des animaux économiquement plus profitable en se focalisant sur des pratiques (caisses de gestation, étourdissement des poulets à l’électricité, box pour l’élevage des veaux de batterie…) qui sont, quoi qu’il arrive, financièrement non rentables. Les réformes de bien-être rendent l’exploitation animale plus rentable en éliminant des pratiques économiquement vulnérables. D’une manière générale, on peut dire que ces changements seraient survenus de toute façon et ce en l’absence de campagnes pour le bien-être animal, précisément parce qu’ils corrigent les inefficacités du processus de production. Et ces réformes de bien-être rendent évidemment le public plus à l’aise par rapport à l’exploitation animale. Le mouvement viande/produits d’origine animale « heureux » en est clairement la preuve.

Jamais nous ne militerions en faveur d’un esclavage, d’un viol, d’un génocide, etc., « humain » ou « heureux ». Aussi, si nous croyons que les animaux importent sur le plan moral et qu’ils ont intérêt non seulement à ne pas souffrir mais aussi à continuer d’exister, nous ne devons pas consacrer notre temps et notre énergie à militer en faveur d’une exploitation animale « humaine » ou « heureuse ».

Les réformes de bien-être et l’ensemble du mouvement pour l’exploitation « heureuse » ne sont pas des « petits pas ». Ils sont de grands pas au contraire — qui vont tragiquement en arrière.

Certains défenseurs des animaux estiment qu’il est inacceptable d’affirmer que le véganisme doit constituer la base morale du mouvement, sous prétexte que c’est « s’ériger en juge » ou que cela constitue une affirmation péremptoire selon laquelle le véganisme est moralement préférable au végétarisme, ce qui suppose donc une condamnation des végétariens (ou des autres consommateurs de produits d’origine animale) qui seraient des gens « mauvais ». Je réponds oui à la première partie, et non à la seconde. Il n’y a pas de distinction moralement cohérente entre la viande et les autres produits d’origine animale. Tous ces produits représentent la même chose et nous ne pouvons justifier le fait de consommer un seul d’entre eux. Dire que vous ne mangez pas de viande mais que vous consommez des produits laitiers, des œufs ou autre, ou que vous ne portez pas de fourrure mais portez du cuir ou de la laine, est comme de dire que vous mangez la chair des vaches tachetées mais pas celle des vaches marron ; cela n’a strictement aucun sens. La « frontière » supposée entre viande et autres produits d’origine animale n’est qu’un fantasme — une distinction arbitraire qui permet de compartimenter l’exploitation et de considérer certaines formes d’exploitation comme « meilleures » ou acceptables sur le plan éthique. Il ne s’agit pas de condamner les non-végans ; en revanche, il s’agit de lancer un appel à ces derniers afin qu’ils reconnaissent que leurs actions ne sont pas en conformité avec le principe moral dont ils affirment par ailleurs reconnaître la validité, et que tous les produits d’origine animale sont le résultat d’une souffrance et d’une mort infligées à des êtres sentients. Il ne s’agit pas de juger autrui ; en revanche, il s’agit de juger des pratiques et des institutions. Et c’est une composante nécessaire d’une vie éthique.

Si nous partons du principe que le fait de dire que le véganisme est moralement préférable au végétarisme n’est pas possible sous prétexte que « chacun fait ce qu’il veut », alors le jugement moral devient complètement impossible, ou alors il est spéciste. Il devient impossible parce que si « chacun fait ce qu’il veut », alors il n’y a rien à dire aux gens racistes, sexistes, antisémites, homophobes, etc. Si nous disons que ces formes de discrimination sont moralement mauvaises, mais qu’en ce qui concerne les animaux « chacun fait ce qu’il veut » et que nous ne saurions établir de jugements moraux à l’encontre, par exemple, de la consommation de produits laitiers, alors nous devenons bel et bien spécistes car nous n’appliquons pas la même analyse morale pour les non-humains que pour les humains.

Lorsque nous parlons du véganisme à des végétariens ou à d’autres consommateurs de produits d’origine animale, nous ne devons jamais véhiculer l’idée que nous pensons qu’ils sont de « mauvaises » personnes. Nous devons à la place centrer notre discours sur le fait que n’importe quelle forme d’exploitation animale est incohérente avec le principe éthique qu’ils affirment eux-mêmes embrasser : à savoir que les animaux sont des membres de la communauté morale et qu’imposer souffrances et mort à n’importe quel membre de cette communauté – humain ou nonhumain – exige une raison irréfutable. Et quoi que puisse constituer une raison irréfutable, les préférences de goût, le confort, le sens de la mode, etc., n’en sont certainement pas.

Enfin, nous devons toujours être clairs quant au fait que l’exploitation animale est un mal en ce qu’elle implique du spécisme. Et le spécisme est mal parce qu’à l’instar du racisme, du sexisme, de l’homophobie, de l’antisémitisme, du classisme et de toutes les autres formes de discriminations humaines, il suppose d’infliger de la violence à des membres de la communauté morale là où l’infliction de la violence ne peut être moralement justifiée. Mais cela signifie que ceux d’entre nous qui s’opposent au spécisme s’opposent nécessairement aux discriminations interhumaines. Cela n’a aucun sens de dire que le spécisme est mal en ce qu’il est comparable au racisme (ou à n’importe quelle autre forme de discrimination) si par ailleurs nous ne nous positionnons pas contre le racisme. Or nous devons le faire. Nous devons nous opposer au racisme et nous devons toujours être clairs là-dessus.

Le véganisme s’inscrit dans l’éthique de la non-violence. Il s’agit d’un engagement à ne pas porter préjudice aux autres êtres sentients, à soi-même et à l’environnement dont tous les êtres dépendent pour vivre. Selon moi, le mouvement des droits des animaux est, par essence, un mouvement pour la fin de la violence envers tous les êtres sentients. C’est un mouvement qui réclame la justice fondamentale pour tous. C’est un mouvement pour la paix émergent qui ne s’arrête pas à la ligne arbitraire séparant les humains des non-humains. Changer un paradigme hiérarchique d’exploitation omniprésente dominant depuis des millénaires exige une grande dose d’un travail acharné. Et un tel travail exige de la clarté.

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Si vous n’êtes pas végan, pensez à le devenir. C’est une question de non-violence. Etre végan, c’est déclarer que vous êtes contre la violence envers les autres êtres sentients, envers vous-même et envers l’environnement, dont tous les êtres sentients dépendent.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Université Rutgers
©2012 Gary L. Francione

Hugh Fearnley-Whittingstall: Les Droits des Veaux Rosés Britanniques

Le célèbre cuisinier britannique Hugh Fearnley-Whittingstall, fait la promotion du Veau Rosé Britannique « heureux ». Il n’est pas le seul. Les grands groupes de protection des animaux, tels que la Royal Society for the Prevention of Cruelty to Animals et Compassion In World Farming, toujours prompts à rendre le public plus à l’aise par rapport à l’exploitation des animaux, font également la promotion du veau « heureux ».

Fearnley-Whittingstall dit: “Pour être honnête, si vous buvez du lait ou mangez du fromage, il est plus cruel de ne pas en manger. »
[Note des Traducteurs : Hugh Fearnley veut dire pas là qu’il est plus cruel de boire du lait/manger du fromage et de se passer de veau, que de manger du veau rosé britannique (car ces derniers sont mieux traités que les autres veaux, sous-produits de l’industrie laitière)]

Il a tout à fait raison.

La distinction entre la viande et autres produits animaux n’a vraiment aucun sens. Le végétarisme est une position moralement incohérente. Si vous considérez les animaux comme membres de la communauté morale, vous n’avez vraiment aucun choix à part devenir vegan.

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Si vous n’êtes pas végan, pensez à le devenir. C’est facile ; c’est meilleur pour votre santé et pour la planète ; et c’est surtout, moralement, la bonne chose à faire.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Université Rutgers
©2011 Gary L. Francione

Les droits des animaux, le bien-être animal et l’analogie avec l’esclavage

De nombreux végans s’irritent de ce que les non-végans qui prétendent se soucier moralement des animaux continuent de les consommer. Les premiers invoqueront souvent une analogie avec l’esclavage des humains, analogie qui se pose en ces termes : nous sommes tous d’accord sur le fait qu’utiliser des humains exclusivement comme des ressources — état connu sous le nom d’esclavage — est moralement exécrable. De la même façon, si nous pensons que les animaux sont des membres de la communauté morale, alors nous avons l’obligation de ne pas les traiter exclusivement comme des ressources et devons nous opposer à leur esclavage. Et si l’on s’oppose à l’esclavage animal, alors on adopte et on promeut le véganisme.

L’analogie fonctionne-t-elle ?

Oui et non. L’analogie avec l’esclavage, à laquelle je recours depuis maintenant vingt ans, n’est pas particulièrement convaincante si l’on maintient que les non-humains, à la différence des esclaves humains, ont seulement un intérêt à ne pas souffrir mais n’en ont pas à la poursuite de leur existence ou à l’autonomie. Et c’est, depuis Bentham, une croyance-phare de la position welfariste — à savoir que les animaux peuvent souffrir et ont intérêt à ne pas souffrir, mais qu’ils diffèrent cognitivement de nous en ce qu’ils n’ont pas conscience d’eux-mêmes et n’ont pas intérêt à poursuivre leur vie. Pour dire les choses autrement : les welfaristes soutiennent que les animaux n’ont pas intérêt à ne pas être des esclaves en soi ; ils ont seulement intérêt à être des esclaves « heureux ». Telle est la position promue par Peter Singer, dont les vues néowelfaristes dérivent directement de Bentham. A partir de là, le fait que nous utilisions les animaux n’a pas moralement d’importance : seule compte la manière dont nous les utilisons. Le problème moral, dans une semblable optique, n’est pas l’utilisation, mais le traitement.

Ajoutons à cela que la plupart des welfaristes sont utilitaristes — ils soutiennent que ce qui est bien ou mal est déterminé par ce qui maximise le plaisir, le bonheur ou la satisfaction des intérêts pour tous les individus affectés —, et vous vous retrouvez avec l’idée que tant qu’un animal ne souffre pas « trop », et étant donné qu’il n’a pas un intérêt dans sa propre existence, le fait qu’il ait eu une vie raisonnablement agréable et finisse dans les assiettes des humains est mieux que le fait de ne pas avoir eu de vie du tout. Si nous accordons aux animaux une existence raisonnablement plaisante et une mort relativement indolore, nous leur conférons en fait un bénéfice en les amenant à l’existence et en les utilisant comme nos ressources.

Par conséquent, il est compréhensible que, si une personne est welfariste, elle n’accepte pas l’analogie avec l’esclavage des humains. Pour cette personne, non seulement l’esclavage animal « heureux » n’est pas un problème, mais il est une bonne chose. Le problème avec l’esclavage des humains est que même ses formes « humaines » violent ces droits humains fondamentaux que sont la poursuite de l’existence, l’autonomie, etc. Mais si les animaux ne possèdent pas de tels intérêts, alors l’esclavage « humain » peut être juste ce dont nous avons besoin. Et c’est précisément l’opinion qui motive le mouvement viande/produits d’origine animale « heureux » et l’ensemble de l’entreprise welfariste qui consiste à essayer de rendre notre utilisation des animaux plus « humaine », plus « compassionnelle », etc.

J’ai établi que cette sorte de raisonnement pose problème à deux égards au moins :

Premièrement, l’idée que les animaux nonhumains n’ont pas intérêt à la poursuite de leur existence — qu’ils n’ont pas un intérêt à leur propre vie — suppose de s’appuyer préalablement sur un concept spéciste à propos du type de conscience de soi qui importe sur le plan moral. J’ai démontré que chaque être sentient a nécessairement un intérêt à continuer de vivre — chaque être sentient tient à sa vie —, et que dire que seuls les animaux humains, en vertu du fait qu’ils possèdent un type particulier de conscience de soi, ont intérêt à ne pas être traités comme des produits esquive la question morale fondamentale. Même si, comme certains l’affirment, les animaux nonhumains vivent dans un « éternel présent » — et je pense que ce n’est empiriquement pas le cas d’au moins la plupart des non-humains que nous exploitons régulièrement, qui ont souvenir du passé et sens du futur —, ils éprouvent, à chaque instant, un intérêt à continuer d’exister. Dire que cela ne compte pas sur le plan moral est simplement spéciste.

Deuxièmement, même si les animaux n’avaient pas intérêt à la poursuite de leur existence et auraient seulement intérêt à ne pas souffrir, l’idée que, sur un plan pratique, nous serions un jour en mesure de leur accorder des intérêts d’une quelconque importance morale relève purement et simplement du fantasme. L’idée que nous, propriétaires de ces produits, allons jamais accorder une quelconque espèce de poids significatif aux intérêts de nos biens est très peu réaliste. Est-ce possible en théorie ? Oui. Est-ce possible en pratique dans le monde réel ? Absolument pas. Les welfaristes parlent souvent de traiter les « animaux d’élevage » de la manière dont nous traitons les chiens et les chats que nous aimons et considérons comme des membres de notre famille. Qui peut vraiment croire cela possible en pratique ? Le fait que nous ne songions pas à manger les chiens et les chats indique que tel n’est pas le cas.

En outre, l’une des thèses centrales de mon travail est que puisque les animaux sont légalement considérés comme des biens meubles — qu’ils sont des produits économiques —, nous protégerons généralement leurs intérêts seulement lorsque nous en retirerons un bénéfice financier. Cela signifie que les normes du bien-être animal seront toujours très basses (ainsi qu’elles le sont actuellement en dépit du non-sens que constitue la promotion d’une exploitation « heureuse » et « compassionnelle »), et que les réformes de bien-être augmenteront généralement le rendement de production ; c’est-à-dire que nous protégerons les intérêts des animaux dans les situations où leur traitement n’affectera pas l’économie, et dans ce cas, les réformes de bien-être, dans l’ensemble, feront très peu pour améliorer les choses. Par exemple, l’utilisation des caisses de gestation pour les truies est sans incidence sur l’économie ; ces caisses sont supposément des alternatives plus « humaines » alors qu’en fait elles augmentent les rendements de production. De la même façon, le « gazage » des poulets est plus rentable économiquement que l’étourdissement à l’électricité.

Ainsi je comprends pourquoi les welfaristes ont un problème avec l’analogie de l’esclavage. Je pense qu’ils se trompent à de multiples égards tout en ne s’engageant jamais vraiment sur le terrain argumentaire. A la place, ils soutiennent que je « sème la zizanie » et « me moque de la souffrance des animaux ici et maintenant » en déployant les arguments qui sont les miens. Certains se montrent même plus virulents encore.

Le paradigme des droits, lequel, tel que je l’interprète, exige moralement l’abolition de l’exploitation animale et requiert le véganisme comme question de justice fondamentale, diffère radicalement du paradigme welfariste, qui se focalise en théorie sur la réduction de la souffrance et s’applique en réalité à amoindrir les aspects économiquement non rentables de l’exploitation animale. En sciences, ceux qui souscrivent à un paradigme sont souvent incapables de comprendre et de s’engager aux côtés de ceux qui souscrivent à un autre paradigme, précisément parce que le langage théorique qu’ils utilisent n’est pas compatible.

Je pense que la situation est similaire dans le contexte du débat qui oppose les droits des animaux au bien-être animal. Et c’est pourquoi les welfaristes ne peuvent tout simplement pas comprendre ou accepter l’analogie avec l’esclavage.

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Si vous n’êtes pas végan, pensez à le devenir. C’est une question de non-violence. Etre végan, c’est déclarer que l’on rejette la violence envers les autres êtres sentients, envers soi-même et envers l’environnement, dont tous les êtres sentients dépendent.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Université Rutgers
©2011 Gary L. Francione

Célébrer la paix durant les fêtes

J’entends souvent des gens dire qu’ils se sentent dépassés par la pauvreté et la violence de la vie moderne.

Nous vivons certainement une époque difficile et pleine de défis. Mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas agir. Nous le pouvons.

Voici trois suggestions pour vous aider à célébrer la paix durant cette saison des fêtes :

Premièrement, ne consommez pas. Prenez l’argent que vous prévoyiez d’utiliser pour acquérir des choses dont vous n’avez pas besoin et donnez cet argent à une famille qui a besoin d’aide dans ces moments très difficiles. Ou utilisez cet argent pour procurer de la nourriture végane et des couvertures sans laine à un site Occupy local.

Deuxièmement, si vous n’êtes pas végan, devenez-le et arrêtez de manger, porter ou consommer des produits d’origine animale. Il n’y a aucune justification pour cela. Et consacrez une partie de chaque jour à une éducation au véganisme créative et non-violente. Vos possibilités d’éducation peuvent prendre de nombreuses formes différentes.

Troisièmement, adoptez un animal sans foyer. Il y a tant d’individus qui ont besoin de vous. Si vous n’avez pas la place ou les ressources pour un chien ou chat, adoptez un hamster, un lapin ou un poisson. Il y a forcément un animal réfugié qui s’adaptera à votre mode de vie. Et si vous en adoptez un (ou plus), vous n’aurez pas seulement sauvé la vie d’un autre, mais cela vous permettra aussi d’enrichir votre propre vie de façon incommensurable.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University

©2011 Gary L. Francione

Débat sur les droits des animaux avec le philosophe libertaire Tibor Machan

Le jeudi 12 janvier 2012, la Société Fédéraliste de Rutgers patronne un débat entre le philosophe libertaire Tibor Machan et moi. Machan détient la Chaire R. C. Hoiles d’Ethique du Travail et de Libre Entreprise à l’Argyros School of Business & Economics de l’Université Chapman à Orange, en Californie. Il est chercheur au sein de la Hoover Institution à l’Université Stanford, et professeur adjoint au Cato Institute.

Machan est un éminent opposant aux droits des animaux.

Le débat aura lieu à la Faculté de Droit de l’Université Rutgers, New Jersey.

J’espère pouvoir poster ici une vidéo du débat.

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Si vous n’êtes pas végan, pensez à le devenir. C’est facile ; c’est meilleur pour votre santé et pour la planète ; et c’est surtout, moralement, la bonne chose à faire.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Université Rutgers
©2011 Gary L. Francione

Tuer et faire souffrir les animaux

Le mouvement pour le bien-être animal (« welfarisme »), depuis son apparition au XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui, repose sur l’idée selon laquelle l’utilisation des animaux est acceptable en soi parce que ces derniers n’ont pas un intérêt dans la poursuite de leur existence. Selon les welfaristes, les animaux nonhumains n’ont pas conscience d’eux-mêmes et ne sont pas sophistiqués, du point de vue cognitif, de la manière dont les humains le sont. Cela veut dire que la vie des non-humains a moins de valeur que la vie des humains. A en croire Peter Singer :

Alors que la conscience de soi, la capacité à penser l’avenir, à entretenir des espoirs et des aspirations quant au futur, à tisser des relations pleines de sens avec autrui et ainsi de suite, ne sont pas pertinentes face à la question d’infliger la souffrance… elles le deviennent face à celle de prendre la vie. Il n’est pas arbitraire de poser que la vie d’un être conscient de lui-même, capable de pensées abstraites, de prévisions, d’actes complexes de communication, et ainsi de suite, a plus de valeur que la vie d’un être dépourvu de ces capacités.

Les welfaristes établissent une différence entre le fait de tuer un non-humain, ce qui pour eux n’est pas en soi moralement inacceptable, et celui de lui infliger des souffrances « non nécessaires », ce qui est moralement inacceptable. Ils estiment que si nous permettons aux animaux d’avoir une existence raisonnablement plaisante et une mort relativement indolore, alors le fait que nous les exploitions peut être moralement acceptable. Là encore, selon Peter Singer :

Si c’est l’infliction de la souffrance qui nous inquiète, plutôt que le fait de tuer, alors je peux imaginer un monde dans lequel les gens mangeront des végétaux la plupart du temps, mais s’offriront de temps en temps le luxe d’œufs de poules élevées en plein air, ou même éventuellement de viande d’animaux ayant vécu une vie bonne dans des conditions naturelles à leur espèce, et tués humainement à la ferme.

C’est ce genre de raisonnement qui donne l’impulsion au mouvement viande/produits d’origine animale « heureux »  promu par Singer et pratiquement toutes les grandes associations animalistes des Etats-Unis et d’Europe. Pour ces personnes, le fait d’utiliser les animaux n’est pas le problème ; le problème, c’est la souffrance animale. Il s’ensuit que si nous diminuons la souffrance des animaux via des réformes de bien-être, alors nous rendons — toujours selon ces personnes — leur exploitation moins inacceptable. Le public alors peut continuer de consommer les animaux et avoir la conscience tranquille en se montrant « compatissant » à leur égard.

Dès lors, nous ne devons pas nous étonner du fait que de plus en plus de gens se sentent à l’aise par rapport au fait de consommer des produits d’origine animale. Après tout, les « experts » leur ont assuré que la souffrance décroît et qu’ils peuvent acheter de la viande « heureuse », des œufs de poules « élevées en plein air », etc. Ces produits portent même des labels approuvés par les associations animalistes. Le mouvement welfariste encourage véritablement la consommation « compassionnelle » des animaux.

Les réformes de bien-être font très peu pour augmenter la protection accordée aux intérêts des animaux, et ce en raison du facteur économique impliqué dans l’équation : les animaux, au regard de la loi, sont des biens. Ils sont des choses ne possédant pas de valeur intrinsèque ou morale. Cela veut dire que les normes de bien-être, que ce soit pour les animaux utilisés comme nourriture, dans les expérimentations ou dans n’importe quel autre but, seront basses et liées au niveau de bien-être requis afin d’exploiter l’animal de la manière la plus économiquement rentable pour l’exploiteur. En clair, nous protégeons généralement les intérêts des animaux seulement dans la mesure où nous en retirons un bénéfice économique. Le concept de souffrance « non nécessaire » est dès lors compris comme le niveau de souffrance qui ne frustrera pas l’usage particulier. Et cela peut représenter beaucoup de souffrance.

La position welfaristes qui dit que c’est que la souffrance des animaux et non leur meurtre qui soulève un problème moral, esquive une question très importante : elle pose que, parce que l’esprit des animaux diffère de celui des humains, les premiers, à la différence des seconds, n’ont pas la sorte de conscience de soi qui se traduit en un intérêt à continuer d’exister. Elle pose que la vie animale a nécessairement moins de valeur morale que la vie humaine. Et les welfaristes sont explicitement d’accord là-dessus, tel que cela apparaît clairement dans mon livre The Animal Rights Debate: Abolition or Regulation?

Un des points centraux de mon travail a été de contester l’hypothèse welfariste et de défendre la thèse selon laquelle la seule position non spéciste à embrasser est que tout être sentient — tout être qui est perceptuellement conscient et possède des états subjectifs de conscience — a un intérêt dans la poursuite de sa propre vie. Toute autre vision des choses accorde une préférence arbitraire à la cognition humaine. Il est spéciste d’affirmer que la vie animale est de moindre valeur que la vie humaine. Cela ne signifie pas nécessairement que nous devons, dans tous les domaines, traiter les non-humains de la manière dont nous traitons les humains. Mais cela signifie que, au regard du fait d’être traité exclusivement comme une ressource par ou pour autrui, tous les êtres sentients sont égaux, et nous ne pouvons justifier le fait de traiter quelque être sentient que ce soit comme une ressource.

Si les animaux ont un intérêt dans la poursuite de leur existence, ainsi que je l’affirme en vertu du simple fait qu’ils sont sentients, et si cet intérêt importe sur le plan moral, ce que je crois effectivement, alors il est seulement une conclusion possible : toute utilisation des animaux — fût-elle humaine — est injuste.

Si vous n’êtes pas végan, merci de penser à le devenir. C’est facile ; c’est meilleur pour votre santé et la planète ; et c’est surtout, moralement, la bonne chose à faire.

Et rappelez-vous : les réformes de bien-être font peu, sinon rien, pour réduire la souffrance des animaux. Mais quoi qu’il en soit, le point important est que le véganisme n’est pas juste une question de réduction de la souffrance ; c’est une question de justice morale fondamentale. C’est ce que nous devons à ceux qui, comme nous, tiennent à leur existence et veulent continuer à vivre.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Université Rutgers
©2011 Gary L. Francione

Vous avez foi (dans le welfarisme) ?

Vous avez foi (dans le welfarisme ?)

Je rejette les réformes de bien-être animal et les campagnes ciblées en ce qu’elles sont non seulement incohérentes avec les revendications de justice qui doivent être les nôtres si nous pensons réellement que l’exploitation des animaux est un mal, mais également parce que de telles approches ne peuvent fonctionner dans les faits. Les animaux sont des propriétés et protéger leurs intérêts coûte de l’argent ; par conséquent, le niveau de protection accordé auxdits intérêts sera toujours bas et les animaux, dans le meilleur des cas, seront toujours traités de manières qui seraient considérées comme de la torture si elles étaient infligées à des humains.

En approuvant les réformes de bien-être qui rendent soi-disant l’exploitation plus « compassionnelle », ou les campagnes ciblées qui suggèrent à tort qu’il y a une distinction morale pertinente entre la viande et les produits laitiers, ou entre la fourrure et la laine, ou entre un steak et du foie gras, nous trahissons le principe de justice qui pose que tous les êtres sentients sont égaux et qu’ils ne doivent pas être utilisés exclusivement comme des ressources humaines. Et sur le plan pratique, nous ne faisons pas autre chose que de rendre les gens plus à l’aise par rapport au fait d’exploiter les animaux.

Je maintiens que ceux qui estiment que les animaux sont des membres de la communauté morale doivent, à la place, rendre clair le fait que le véganisme, défini comme le fait de ne pas manger, porter ou utiliser les animaux, constitue un principe moral de base non négociable et sans équivoque, et qu’ils doivent consacrer leurs efforts et leurs ressources à une éducation végane populaire qui peut revêtir une myriade de formes créatives mais ne doit jamais comporter de violence.

Ceux qui critiquent ma vision des choses affirment que mon insistance sur la nécessité d’une défense du véganisme créative et non-violente requiert une sorte de foi afin qu’une telle approche fonctionne.

Je trouve ce genre de critique ironique en ce qu’il semblerait que s’il est une position qui requiert la foi (définie comme croyance maintenue envers et contre toute évidence empirique existante), alors cette position est bien celle des réformes de bien-être et des campagnes ciblées qui ne mèneront nulle part sinon à davantage d’exploitation animale.

Le bien-être animal : pourquoi ?

Comment peut-on croire que les réformes de bien-être mèneront à l’abolition ? Si nous examinons l’histoire de ces réformes, nous constatons que la plupart d’entre elles sont mineures, qu’elles n’ont guère été respectées et qu’elles ont même accru le rendement de production et fourni des bénéfices économiques aux producteurs. Nous évoluons dans le paradigme du bien-être animal depuis maintenant 200 ans et nous exploitons davantage d’animaux aujourd’hui, et de manières plus horribles, qu’au cours de toute notre histoire.

Comment peut-on croire que promouvoir l’exploitation « heureuse » mènera à l’abolition de l’exploitation ? Faites preuve de bon sens. L’exploitation « heureuse » ne mènera nulle part sinon à rendre le public plus à l’aise devant certaines formes d’exploitation animale. Si tel n’était pas le cas, les industries de l’exploitation, qui marchent main dans la main avec les grandes corporations de bien-être animal, n’investiraient pas toutes les ressources qu’elles mettent dans les campagnes pour l’exploitation « heureuse » et autres campagnes de labelling.

Comment peut-on croire qu’en continuant de la sorte à renforcer et consolider le paradigme des animaux considérés comme des propriétés, nous abolirons un jour l’exploitation animale ?

Comment peut-on croire que les campagnes ciblées mèneront à l’abolition de l’exploitation ? Jetons seulement un œil sur les campagnes ciblées de longue date, comme la campagne contre la fourrure. Cette campagne est menée depuis des décennies, or l’industrie de la fourrure n’a jamais été aussi puissante. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucune base morale autorisant à distinguer la fourrure de la laine ou du cuir, ou le fait de porter les animaux et celui de les manger. Tant que les gens ne comprendront ni n’accepteront ce principe moral général, ils ne percevront pas le problème qu’il y a à ne dénoncer que les utilisations spécifiques. Et ce n’est pas une réponse que de dire, ainsi que le font de nombreux défenseurs, que la fourrure représente une utilisation gratuite des animaux. Parce que le fait de les manger l’est aussi. Nous mangeons les animaux parce qu’ils ont bon goût. Et les plaisirs du palais ne constituent pas une justification meilleure que la mode.

Comme je l’ai écrit ailleurs, les partisans des réformes de bien-être n’abordent jamais ces questions ; ils se contentent de dire que les critiques qu’on leur adresse « sèment la zizanie », ou que les alternatives à leur manière de voir sont « trop idéalistes ». En d’autres termes, nous n’avons rien à dire.

Le véganisme comme principe moral de base : pourquoi pas ?

L’appel à une défense du véganisme créative et non-violente défie les gens d’appliquer un principe moral que la plupart d’entre eux acceptent et prétendent considérer comme important : à savoir qu’il est moralement mal d’infliger souffrance et mort aux animaux sans nécessité, et que le plaisir, le divertissement ou le confort ne sauraient constituer des nécessités. Lorsque les gens sont confrontés à l’argument qui pose que critiquer Michael Vick pour les combats de chiens qu’il a organisé n’a aucun sens si parallèlement nous mangeons les animaux ou des produits d’origine animale, ou avec celui qui rappelle la similarité des animaux que nous aimons et de ceux que nous mangeons ou portons, ils peuvent ne pas devenir tous immédiatement végans, mais au moins aurons-nous fait en sorte qu’ils commencent à réfléchir en termes moraux au problème général de l’utilisation des animaux. Et dans la mesure où l’argument porte – et il portera pour beaucoup -, alors ils commenceront à envisager la question de l’éthique animale d’une autre manière.

Si, comme je le soutiens, nous ne pouvons justifier l’utilisation, fût-elle « humaine », des animaux, alors nous devons être clairs là-dessus. Nous devons dire clairement que nous ne pouvons justifier le fait de les manger, de les porter ou de les utiliser. Point barre. Si les personnes qui se soucient de ces questions ne désirent pas encore abandonner l’utilisation des animaux et devenir véganes, elles peuvent adopter la politique des petits pas qu’elles veulent. Mais une telle politique ne doit jamais être considérée comme normativement désirable si nous croyons réellement que l’utilisation des animaux est injuste. De la même façon que nous ne dirions jamais d’un sexisme et d’un racisme « humains » ou « heureux » qu’ils sont acceptables, nous ne devons jamais dire de la viande, des produits laitiers ou de n’importe quel produit d’origine animale « humains » ou « heureux » qu’ils sont moralement acceptables.

Enfin, promouvoir le véganisme comme principe moral de base n’est pas davantage une question de « pureté » morale que ce ne l’est lorsqu’on promeut la justice pour les humains. On aime à nous répéter que même si nous devenons végans, nous ne pouvons éviter de causer du mal aux non-humains. C’est vrai. Vivre dans le monde et s’engager dans n’importe quelle sorte d’action a nécessairement des conséquences défavorables pour autrui, qu’il soit humain ou nonhumain. Nous devons, bien sûr, nous efforcer de causer le moins de mal possible à l’ensemble des êtres sentients. Mais le fait que nous ne puissions éviter entièrement le mal ne veut pas dire que nous ne devons pas au moins mettre fin à tout le mal intentionnel que nous infligeons aux non-humains sentients, de la même façon que ce n’est pas parce que nous ne pouvons éliminer toute la violence du monde qu’il devient pour autant moralement acceptable de tuer les autres humains.

Si nous voulons jamais abandonner le paradigme de la propriété, alors nous devons amener les gens à reconnaître que l’utilisation des animaux, fût-elle « humaine », ne peut se justifier moralement. Je suis persuadé qu’une défense du véganisme créative et non-violente n’est pas seulement cohérente avec l’exigence de justice qu’implique, selon moi, la position des droits des animaux, mais qu’elle est le meilleur moyen de parvenir à ce but qui consiste à déplacer le paradigme de la propriété vers la notion que les animaux sont des personnes morales.

Les militants engagés dans une éducation végane créative et non-violente rapportent tous que les résultats sont stupéfiants ; que les gens réagissent, et réagissent positivement.

Et je suis certain que le fait de croire que les réformes de bien-être, les campagnes ciblées, l’exploitation « heureuse », etc. nous mèneront partout sauf à un plus grand niveau de confort dans l’exploitation des animaux exige une forme de foi particulièrement aveugle.

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Si vous n’êtes pas végan, pensez à le devenir. C’est facile ; c’est meilleur pour votre santé et pour la planète ; et c’est surtout, moralement, la bonne chose à faire.

Si vous êtes végan, sensibilisez toutes les personnes avec qui vous êtes en contact au véganisme d’une manière créative et non-violente. Si vraiment nous considérons les animaux comme des membres de la communauté morale ; si vraiment nous croyons que nous ne pouvons justifier la souffrance et la mort non nécessaires des animaux, alors nous ne pouvons justifier le fait que des milliards d’entre eux meurent pour le plaisir de nos palais.

Et rappelez-vous : le véganisme n’est pas seulement une affaire de réduction de la souffrance ; c’est une question de justice morale fondamentale. C’est ce que nous devons à ceux qui, comme nous, tiennent à leur existence et veulent continuer à vivre.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2011 Gary L. Francione

Commentaire sur l’intelligence de type humain et la valeur morale

Nous tombons fréquemment dans la presse sur de nouveaux articles annonçant que les scientifiques ont déterminé que les animaux nonhumains possèdent certaines caractéristiques cognitives que nous associons à l’intelligence humaine. Ceci implique que si les animaux nonhumains ont une intelligence de type humain, alors ils ont une plus grande valeur morale : plus « intelligents » ils seront (en termes humains), plus ils auront de valeur.

Cette approche est problématique pour plusieurs raisons :

Premièrement, il n’y a absolument aucun rapport logique entre la possession d’une intelligence de type humain et la moralité d’utiliser les animaux comme des ressources. La possession d’une intelligence de type humain peut indiquer que certains animaux ont des intérêts que d’autres animaux peuvent ne pas avoir. Les grands singes nonhumains, qui de fait possèdent une intelligence de type humain sous de nombreux aspects, peuvent avoir des intérêts que les chiens ou les poissons n’ont pas. Mais les grands singes nonhumains, les chiens et les poissons ont tous intérêt à ne pas être traités comme des ressources, et ceci simplement en vertu du fait qu’ils sont des êtres sentients et qu’ils possèdent une conscience subjective. Tous les êtres sentients ont intérêt à ne pas souffrir et à poursuivre leur existence, et ces intérêts sont nécessairement niés dès lors que ces êtres sont traités comme des ressources humaines.

Nous proclamons que l’intelligence humaine est moralement précieuse en soi parce que nous sommes des humains. Si nous étions des oiseaux, nous dirions que la capacité à voler est moralement précieuse en soi. Si nous étions des poissons, nous dirions que la capacité à vivre sous l’eau est moralement précieuse en soi. Mais en dehors de telles proclamations évidemment auto-intéressées, il n’y a rien de moralement précieux en soi dans l’intelligence humaine.

Deuxièmement, dans la mesure où nous affirmons que l’intelligence de type humain est moralement pertinente, alors nous sommes nécessairement englués dans l’idée que les humains dotés d’une plus grande intelligence ont moralement plus de valeur que les humains dotés d’une intelligence moindre. Ceci se vérifie dans la réalité ; nous pouvons ne pas traiter tous les humains de la même façon. Nous payons un chirurgien du cerveau plus qu’un concierge, parce que nous estimons davantage les compétences du premier. Mais même en supposant que ces écarts salariaux soient légitimes, dirions-nous que le concierge vaut moins que le chirurgien, par exemple dans des cas où il nous faudrait décider lequel des deux devrait être utilisé comme donneur d’organes forcé ou comme participant malgré lui d’une expérience douloureuse ? Bien sûr que non. Dans les cas où il s’agirait d’être utilisé exclusivement comme une ressource pour autrui, le concierge et le chirurgien sont égaux.

Et, à moins que nous ne voulions être spécistes, nous devons conclure que tous les êtres sentients – humains et nonhumains – sont égaux dès lors qu’il s’agit de ne pas être traités comme des ressources.

Troisièmement, les tests d’ « intelligence » sont de ceux auxquels les animaux nonhumains peuvent ne jamais gagner. Nous savons depuis des décennies que les grands singes nonhumains possèdent une intelligence de type humain, en raison des similarités génétiques existant entre eux et les grands singes humains. Il est peu probable que d’autres animaux nonhumains montrent jamais de plus haut degré d’intelligence de type humain. Et pourtant nous continuons d’exploiter les grands singes nonhumains (et de nombreux autres primates nonhumains) de toutes sortes de façons.

Les jeux d’ « intelligence » ne sont que cela – des jeux. Il y a encore une autre raison de ne pas accorder aujourd’hui aux animaux une signification morale en vertu d’une plus ridicule (et douloureuse) recherche pour déterminer s’ils peuvent résoudre des casse-tête mathématiques humains ou exécuter d’autres tâches sans aucune pertinence morale.

Nous savons déjà tout ce que nous avons besoin de savoir pour parvenir à la conclusion que nous ne pouvons justifier de manger, de porter ou d’utiliser les animaux – parce que, comme nous, les animaux sont sentients. Ils possèdent une conscience subjective. Ils ont intérêt à ne pas souffrir et à poursuivre leur existence.

Rien d’autre n’est requis.

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Si vous n’êtes pas végan, pensez à le devenir. C’est facile ; c’est meilleur pour votre santé et pour la planète ; et c’est surtout, moralement, la bonne chose à faire.

Si vous êtes végan, sensibilisez toutes les personnes avec qui vous êtes en contact au véganisme d’une manière créative et non-violente.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2011 Gary L. Francione

L’accord HSUS/UEP (United Egg Producers) : deux réactions

Le 7 juillet 2011, la Humane Society of the United States et les United Egg Producers ont annoncé qu’ils « travailleraient de concert afin de demander l’instauration d’une loi fédérale requérant des cages plus grandes ainsi que d’autres améliorations des conditions de vie des quelque 280 millions de poules pondeuses de la nation. »

Cette loi, si elle est votée, sera introduite progressivement au cours des 18 prochaines années et exigera :

des cages donnant à chaque poule 144 pouces carrés d’espace au lieu des 67 dont elles disposent aujourd’hui. Ces cages comprendraient également certains enrichissements d’habitat, comme des perchoirs, des aires de grattage et de nidification, qui permettront aux oiseaux de satisfaire leurs besoins naturels.

Que fera HSUS en contrepartie ? HSUS a

rapidement annuler une campagne destinée à interdire entièrement les cages en échange de l’opportunité de travailler à l’élaboration d’une norme unique, à l’échelle nationale, réclamant, pour les poules, des conditions de vie meilleures. L’association a également promis d’ajourner ses efforts visant à obtenir des initiatives de vote dans les Etats du Washington et de l’Oregon, et serait d’accord pour ne pas mener d’investigations secrètes dans les grands élevages de poules pondeuses à moins qu’elle ne soit au courant de pratiques particulièrement scandaleuses.

HSUS déclare cet événement « historique ». Cela donnera lieu, bien sûr, à une vaste campagne afin que passe la loi en question, et il y aura, bien entendu, toutes sortes de défis légaux. Le grand « show de la compassion » durera des années. Les appels aux dons pour « aider les animaux » seront sans fin.
Le meilleur scénario consiste bien sûr à ce que le projet de loi soit déposé et adopté rapidement. Que gagneraient les poules ? Une cage « enrichie » de 124 à 144 pouces d’espace — cage progressivement introduite au cours des 18 prochaines années, et le fait que les œufs « heureux » qu’elles produiront seront flanqués du sceau d’approbation HSUS. Cette situation est analogue à celle où les opposants à la torture par l’eau annonceraient triomphalement qu’ils ont signé un accord pour introduire progressivement des planches à eau capitonnées sur une période de 18 ans.

Les défenseurs des animaux ont eu deux réactions très différentes par rapport à cet accord entre HSUS et UEP.

Premier type de réaction : certains défenseurs critiquent HSUS, affirmant que cet accord constitue une trahison. Ils ont raison lorsqu’ils disent que c’est un désastre pour les animaux, mais, en toute justice, que peut-on attendre de la Humane Society ?

HSUS nie explicitement être en faveur des droits des animaux ou de l’abolition de l’exploitation animale. Au contraire, l’association soutient le label « viande heureuse » Certifiés Elevés et Manipulés Humainement du Humane Farm Animal Care, et deux cadres supérieurs de HSUS siègent au conseil d’administration du Humane Farm Animal Care.

La Humane Society International (HSI) est un affilié de HSUS, et le PDG de HSI est un cadre de HSUS. La branche australienne de HSI, qui se définit elle-même comme « le bras mondial de HSUS », sponsorise un label « viande heureuse » sur lequel elle prélève un cachet.

Wayne Pacelle, PDG de HSUS, reconnaît lui-même que « la Humane Society a l’esprit large en ce qui concerne l’alimentation. Environ 95 % de nos membres ne sont pas végétariens. » Il ajoute :

Mais je crois que manger est un acte moral, et que nous pouvons faire des choix qui minimisent la souffrance des animaux. Nous pouvons par exemple acheter des œufs de poules élevées en plein air, du porc qui ne provient pas d’élevages industriels, et éviter de manger du veau et du foie gras.

et

Nous plaidons pour une chasse responsable, une limitation des pires excès ainsi que des pratiques les plus inhumaines et déloyales.

La pêche n’est pas un problème, sauf si quelqu’un commet quelque chose d’horrible, comme dynamiter les poissons. La majorité du travail que nous avons réalisé en faveur du monde marin concerne la protection des mammifères marins et des oiseaux de mer.

Pacelle déclare également :

Notre conseil de directeurs est national et composé de volontaires. Très peu d’entre eux sont végétariens. Je le suis pour ma part depuis mon adolescence. Ce que je fais dans ma vie personnelle ne reflète pas nécessairement la politique de HSUS. Nous soutenons des programmes certifiés humains, nous soutenons d’autres agriculteurs, nous travaillons avec les agriculteurs, nous pensons que l’agriculture est une profession noble.

Je ne pense pas que quiconque puisse raisonnablement prétendre que notre travail s’oriente vers une élimination de l’agriculture animalière comme certaines personnes de l’industrie s’obstinent à le répéter.

Ainsi, joindre nos forces à celles de l’industrie afin de produire et de promouvoir des œufs « heureux » s’accorde parfaitement à ce que réalise HSUS depuis des décennies. L’accord HSUS/UEP confirme simplement — une fois de plus — que HSUS conclut des marchés avec l’industrie et fait sentir à ses membres non végétariens qu’ils s’engagent dans une conduite moralement acceptable en achetant de la viande, des produits laitiers ou des œufs « heureux » approuvés par HSUS.

Tout ce que fait HSUS, c’est mettre en œuvre le concept, parfaitement dénué de sens, d’exploitation « humaine » tel qu’il est appliqué depuis deux siècles. La seule différence entre le HSUS d’il y a cinquante ans et le HSUS actuel, c’est que ce dernier étend sa philosophie d’exploitation « bonne conscience » aux animaux d’élevage alors qu’il y a cinquante ans, il se focalisait essentiellement sur les animaux que nous fétichisons culturellement : les chiens et les chats.

Le second type de réaction de la part des défenseurs des animaux affirmant être plus progressifs que HSUS a été cependant d’approuver l’association dans sa déclaration selon laquelle son accord avec UEP constitue une sorte d’événement « historique » ; un « pas décisif » ; une « étape » en direction des droits des animaux.

Tout cela est parfaitement ridicule. Les cages « enrichies » impliquent la torture des poules. Point barre. La torture peut être légèrement « moins pire », tout comme, dans le cas du supplice de la baignoire, les planches à eau matelassées rendent ledit supplice « moins pire ». Mais soyons clairs : les poules seront toujours torturées. Et elles finiront toujours dans un abattoir. La seule différence est que ces œufs de poules torturées seront déclarés « humains » par HSUS. Cet accord sera contreproductif en ce qu’il renforcera la croyance selon laquelle nous pouvons exploiter les animaux d’une manière « douce » ou « compassionnelle ».

De nombreux défenseurs des animaux affirment que puisque les gens, de toute façon, ne vont pas s’arrêter de manger des œufs, alors nous devons faire quelque chose maintenant pour les animaux qui souffrent. Mais cet accord, à l’instar de la plupart des accords relatifs à l’exploitation « heureuse » promus par HSUS et d’autres organisations (y compris celles qui se revendiquent des associations de « droits des animaux »), n’entre pas en vigueur avant plusieurs années — 18 ans dans le cas qui nous occupe. Dans la mesure où l’accord fournit un quelconque bénéfice aux animaux, alors on peut être sûr qu’il ne sera pas opérationnel avant très, très longtemps. Et même si les « cages enrichies » fournissent aux animaux un quelconque bénéfice en termes de bien-être, ce genre de « réforme » rend le public plus à l’aise par rapport au fait de consommer des œufs et lui est une garantie pour continuer d’en manger.

Le problème est que bien que nous ne devions rien attendre de plus de la part de la « Humane » Society, les autres associations prétendant œuvrer pour les droits des animaux et souscrire apparemment à l’abolition de l’exploitation animale soutiennent également ce genre d’accords. Pratiquement toutes les grosses associations animalistes des Etats-Unis et d’Europe se sont prononcées en faveur d’un ou plusieurs labels « heureux », et pratiquement toutes sont occupées à faire affaire avec les exploiteurs institutionnels. Il paraît que les associations progressistes se sont déjà prononcées en faveur de l’accord HSUS/UEP. En effet, Farm Sanctuary, de même que HSUS, essaie de s’attribuer le mérite de ce dernier.

Le seul moyen de modifier le paradigme de l’exploitation animale consiste à sensibiliser le public, de sorte que celui-ci cesse de demander des produits d’origine animale eu égard à la reconnaissance du fait que les animaux sont des membres de la communauté morale. Cet objectif n’est pas aussi idéaliste qu’il peut paraître : la plupart des gens admettent qu’il est mal d’infliger « sans nécessité » des souffrances ou la mort aux animaux. Ils comprennent qu’un tel principe moral exclut donc d’infliger souffrance et mort à ces derniers pour des raisons de plaisir, de confort ou d’habitudes. C’est pourquoi il y eut tant de réactions puissamment négatives à l’encontre de l’utilisation, par Michael Vick, de chiens pour le combat. Le plaisir qu’éprouvait Vick à regarder des chiens se battre ne justifiait pas qu’il inflige à ceux-ci souffrances et mort. Le même raisonnement s’applique à notre consommation des animaux. Il n’y a aucune différence entre le fait de s’asseoir autour d’une fosse pour assister à des combats de chiens et le fait de s’asseoir en été autour d’un barbecue où rôtissent les corps d’animaux torturés, ou celui de se gaver béatement de produits laitiers et d’œufs issus d’animaux torturés.

Nous devons faire comprendre aux gens que notre exploitation continue des animaux pour la nourriture, l’habillement, etc., est injuste ; le problème n’est pas seulement la manière dont nous traitons les animaux, mais le fait que nous les utilisions tout court. Les réactions contre Vick nous enseignent clairement que les gens, ou à tout le moins beaucoup de gens, sont en mesure de comprendre cette idée et de l’accepter. Nous devons les amener à étendre cette idée à tous les animaux, et pas seulement aux chiens et aux chats. Cet objectif peut être atteint au moyen d’une éducation du public créative et non-violente.

La seule façon de faire un jour changer les choses consiste à bâtir un mouvement composé de gens qui considèrent clairement le véganisme comme le principe moral de base. Un tel mouvement peut servir de catalyseur pour modifier le paradigme consistant à voir les non-humains comme des produits à notre usage, servant exclusivement de moyens à nos propres fins.

Et cela n’arrivera jamais aussi longtemps que nous penserons que l’exploitation « heureuse » constitue une manière de réponse. La croyance selon laquelle l’exploitation « heureuse » aura pour résultat d’importants bénéfices de bien-être pour les animaux et mènera, dans le futur, à l’abolition de leur exploitation, est tout simplement fausse.

En conclusion : ceux qui critiquent HSUS pour avoir passé un tel accord doivent reconnaître que ce genre d’action correspond exactement à ce qu’a toujours fait HSUS. Il s’agit de la « Humane » Society. Et « humain » est un concept dépourvu de sens dans un contexte où les animaux sont des biens meubles. HSUS existe afin de rendre les gens qui exploitent les animaux plus à l’aise par rapport à l’exploitation. Et ceux qui affirment qu’il s’agit d’un accord « décisif » pour les animaux, et qu’une telle politique débouchera dans un avenir proche sur d’importants bénéfices de bien-être, sur une réduction de l’utilisation des animaux et sur l’abolition dans le futur de l’exploitation animale, doivent reconnaître que plébisciter un concept tel que celui de l’exploitation « compassionnelle » ne mènera jamais – ne pourra jamais mener – au rejet de l’utilisation des animaux. Au contraire : cela ne fera que renforcer et perpétuer cette utilisation.

Merci de comprendre qu’en aucun cas je ne remets en question la sincérité de ceux qui soutiennent les réformes de bien-être ou les partenariats avec l’industrie. En revanche, je crois sincèrement qu’ils se trompent.

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Si vous n’êtes pas végan, pensez à le devenir. C’est facile ; c’est meilleur pour votre santé et la planète ; et c’est surtout, moralement, la bonne chose à faire.

Si vous êtes végan, sensibilisez toutes les personnes avec qui vous êtes en contact au véganisme d’une manière créative et non-violente. Si vraiment nous considérons les animaux comme des membres de la communauté morale ; si vraiment nous croyons que nous ne pouvons justifier la souffrance et la mort non nécessaires des animaux, alors nous ne pouvons justifier le fait que des milliards d’entre eux meurent pour le plaisir de nos palais.

Et rappelez-vous : le véganisme n’est pas seulement une affaire de réduire la souffrance ; c’est une question de justice morale fondamentale. C’est ce que nous devons à ceux qui, comme nous, tiennent à leur existence et veulent continuer à vivre.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2011 Gary L. Francione

Animal Care and Control : le triste échec du système de fourrière municipale de la ville de New York

Chers Collègues,

Animal Care and Control (ACC), qui gère depuis 1995 le système de fourrière municipale de la ville de New York, est une institution aux prises avec de nombreux problèmes. Des allégations choquantes de maltraitance et de négligence sur les animaux ont été faites, notamment via un rapport établissant qu’ACC a tué huit chiots qui pourtant avaient été réservés par des associations de sauvetage afin d’être placés.

Le programme d’évaluation comportementale, qui comprend le fait de retirer de la nourriture ou un jouet à un chien affamé ou stressé, ou de voir comment un chien stressé réagit lorsqu’il est confronté à un autre chien, élève un doute important quant au fait de savoir s’il est donné aux potentiels adoptants un portrait tant soit peu fidèle du chien tel qu’il sera une fois adopté.

ACC fournit une liste de chiens et de chats entre 17 et 18 h, la veille du jour où ils doivent être euthanasiés. ACC ferme à 20 h et rouvre le matin à 8h, mais il est difficile, sinon impossible, d’obtenir quelqu’un au téléphone. Les euthanasies commencent aux alentours de 10 ou 11 h du matin. En fait, on ne laisse pas le temps aux sauveteurs et aux adoptants de sortir des animaux des trois refuges gérés par ACC. Chaque nuit, des tentatives frénétiques de sauver des vies ont lieu, et bien que beaucoup d’animaux soient sauvés en dépit de la politique restrictive et déraisonnable d’ACC, de nombreux animaux en bonne santé sont tués.

Un article paru le 16 mai 2011 donne un aperçu perturbant de ce qui se passe au sein d’ACC. Emily Tanen était employée du programme ACC servant soi-disant de liaison entre ACC et les groupes de sauvetage :

Emily a pris sur elle de photographier tous les chiens du refuge – elle avait un don pour capturer la beauté intérieure de ses sujets.

Grâce à ses photos émouvantes et expressives, de nombreux chiens qualifiés de « difficiles » ou d’« inadoptables » ont pu être sauvés.

Mais apparemment, ses belles photos de chiens sans foyer contenaient quelque chose que le « pouvoir en place » à l’ACC de New York ne supportait pas – des photos de chiens recevant un contact humain.

De telles photos émouvantes faisaient souvent la différence entre la vie et la mort pour les animaux. Par exemple, pour les chiens qui n’ont pas la capacité de parler de leur propre caractère, elles constituaient fréquemment la clé pour avoir la vie sauve…

Images qui touchaient le cœur, qui tiraient tant de sentiment de ceux qui les regardaient qu’une vie pouvait en être littéralement sauvée.

Mais à présent, Emily n’est plus présente à la fourrière – une défenseuse énergique des animaux sans voix n’est plus là pour les aider.

Des photos ternes, tristes, dépourvues d’émotion, sont tout ce qu’il reste.

Je comprends que diriger un refuge dans un endroit comme New York soit difficile pour des gens doués des meilleures intentions. Mais il devient de plus en plus manifeste qu’ACC a une politique et des pratiques apparaissant au mieux comme contreproductives. Et si même une fraction seulement des allégations de négligence contre ACC sont vraies, alors ACC est un enfer pour les animaux assez infortunés pour s’y retrouver.

Il n’est jamais moralement justifiable de tuer un animal en bonne santé, et un animal en bonne santé tué à ACC ou dans n’importe quel autre refuge est un animal tué de trop. ACC ne tue pas simplement des centaines d’animaux par mois : il semble pressé d’agir ainsi et de faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire échouer les efforts des associations de sauvetage et des gens engagés tels qu’Emily Tanen pour sauver les animaux. En outre, ACC place un poids terrible sur les associations, les forçant à s’engager chaque jour dans une course désespérée pour sauver autant d’animaux que possible.

Il est grand temps d’assurer un meilleur contrôle sur Animal Care and Control de New York. Et il est temps pour la ville de New York d’évoluer vers un type de fourrière progressiste sans euthanasies. Cela est réalisable si les New Yorkais ont pour ce faire suffisamment de volonté politique.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le. C’est facile ; c’est meilleur pour votre santé et la planète. Mais surtout, c’est la bonne chose à faire moralement. Si vous l’êtes déjà, alors sensibilisez autant de gens que vous le pouvez au véganisme.

Si vous en avez la possibilité, adoptez un animal sans foyer, ou faites pour lui famille d’accueil. Tant d’entre eux ont besoin de votre aide. Si vous n’avez pas la place ou les ressources suffisantes pour accueillir un chien, un chat ou un lapin, de nombreux animaux plus petits, comme des souris, des rats, des tortues, des poissons, ont eux aussi besoin d’un foyer. Si vous avez du terrain, sachez qu’il y a également beaucoup d’animaux plus gros, d’animaux « de ferme », qui ont besoin d’un toit.

Prendre soin des personnes animales nonhumaines constitue une part importante de ce que sont les droits des animaux. Et si vous êtes impliqué dans le sauvetage d’un animal, rappelez-vous qu’il n’y a aucune différence entre cet animal que vous sauvez et celui que vous mangez.

Si vous avez un compagnon animal, assurez-vous qu’il ne se reproduise pas. Nous n’avons pas besoin que de nouveaux animaux domestiques viennent au monde !

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
©2011 Gary L. Francione