Archives de l’auteur : Gary L. Francione

Seule compte la sentience

Les animaux presque humains : ainsi s’intitule la partie d’un cours de psychologie en ligne. Elle fournit un parfait exemple de ce qui vient renforcer la notion, gravement problématique, selon laquelle les seules capacités cognitives qui comptent moralement sont les capacités cognitives de type humain — et non pas simplement la sentience, ou la conscience subjective.
Dans la mesure où nous relions le statut moral des animaux aux caractéristiques cognitives situées au-delà de la sentience, nous perpétuons cette arrogance humanocentrique qui constitue le spécisme. Le fait de dire que seuls les animaux qui sont « comme nous » comptent sur le plan moral est similaire au fait de dire que les humains à peau claire ont davantage d’importance que les humains à peau foncée.

Pourtant la question n’est pas de connaître le degré d’ « intelligence » des animaux, ni de savoir s’ils possèdent les capacités mentales que nous reconnaissons comme nôtres. Le fait qu’ils soient sentients est la seule caractéristique dont ils ont besoin pour que nous ayons le devoir moral de ne pas les utiliser comme ressources.

Le « mouvement animaliste », qui en plus de promouvoir l’exploitation « heureuse », continue d’être obsédé par les grands singes nonhumains, les mammifères marins, les éléphants, etc., patauge littéralement dans le spécisme. Une telle approche pose un grave problème pour au moins deux raisons :

1. Elle ignore que les caractéristiques situées au-delà de la sentience ne sont moralement pas pertinentes pour déterminer si nous sommes justifiés à utiliser un être vivant exclusivement comme ressource humaine. Replaçons cela dans un contexte humain. Le fait d’être « intelligent » peut importer dans certaines situations, comme de savoir si nous devons accorder une bourse d’études à un étudiant, mais est sans pertinence aucune pour savoir si nous avons le droit d’utiliser quelqu’un comme donneur d’organes forcé ou comme sujet non consentant d’une expérience biomédicale. Nous devons agir de la même façon dans un contexte impliquant des animaux.

2. Elle érige le principe suivant : que les animaux, si « pareils à nous » soient-ils, peuvent ne jamais gagner. Par exemple, nous savons depuis longtemps que les grands singes nonhumains nous ressemblent à toutes sortes d’égards. Pourtant, nous continuons de les exploiter. Si « pareils à nous » soient-ils, ils ne le seront cependant jamais assez pour que cette « ressemblance » soit traduite en l’obligation morale, de notre part, d’arrêter de les exploiter.

Ce que j’appelle l’approche par la « similitude des esprits » (similar minds approach) implique un jeu auquel les animaux ne peuvent jamais gagner. Ils ne seront jamais assez « pareils à nous ».

Question finale : le fait de se focaliser sur la sentience elle-même établit-il une hiérarchie des êtres sentients sur les êtres non sentients ? Non, parce que la sentience est une caractéristique nécessaire et suffisante pour posséder des intérêts (des préférences, des désirs, une volonté) en premier lieu. Un rocher n’est pas sentient ; il n’aaucune sorte d’esprit manifestant des préférences, des désirs ou une volonté de quoi que ce soit. Une plante est vivante mais n’a aucune sorte d’esprit manifestant des préférences, des désirs ou une volonté de quoi que ce soit.

Il est intéressant de noter que le « mouvement animaliste » lui-même perpétue l’idée que les poulets (les animaux les plus exploités en termes purement numériques) manquent tous de ces caractéristiques cognitives « spéciales », et que nous pouvons donc continuer de les utiliser comme ressources dès lors que nous le faisons « avec humanité ». Et bien que la liste des sept animaux dont il est question dans ce cours de psychologie inclue les animaux autres que ceux que les animalistes ont coutume de fétichiser, elle exclut toujours les poulets ainsi que nos principales sources de produits laitiers : les vaches. Comme c’est pratique.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est une question de non-violence. C’est avant tout une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est également une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Comme c’est pratique :
http://www.onlinepsychologydegree.net/2012/08/19/7-animals-who-are-almost-human/

« Animaux de compagnie » : les problèmes inhérents à la domestication

Dans la pratique, le système consistant à posséder des « animaux de compagnie » n’est absolument pas cohérent avec une théorie sensée des droits des animaux. Les « animaux de compagnie » sont des propriétés et, en tant que tels, la valeur qu’on leur accorde dépend finalement de ce que leurs « propriétaires » en décident.

Mais vous pourriez demander : « Et si c’était possible ? Si, de manière hypothétique, nous changions le statut légal des chiens et des chats de sorte qu’ils ne soient plus des propriétés et acquièrent un statut proche de celui des enfants humains, continuer la reproduction des chiens et des chats (ou d’autres non-humains) et détenir des « animaux de compagnie » serait-il dès lors moralement justifiable ? »

Ma réponse à cette question purement hypothétique est « non ». Nous ne pouvons justifier la perpétuation de la domestication dans l’objectif d’avoir des « animaux de compagnie ».

Les animaux domestiqués dépendent de nous pour tout ce qui est important dans leurs vies : quand et si ils vont manger ou boire, quand et où ils vont dormir ou se soulager, s’ils obtiendront de l’affection ou s’ils feront de l’exercice, etc. Bien qu’on puisse dire la même chose concernant les enfants humains, la majorité d’entre eux deviennent, une fois adultes, des êtres indépendants et autonomes.

Les animaux domestiques ne font pas réellement partie de notre monde, ni du monde des non-humains. Ils sont pour toujours dans un enfer de vulnérabilité, dépendant de nous en toute chose et en danger dans un environnement qu’ils ne comprennent pas vraiment. Nous les avons élevés afin qu’ils soient conciliants et serviles, qu’ils soient dotés de caractéristiques qui sont réellement dangereuses pour eux mais plaisantes pour nous. Nous pouvons les rendre heureux dans un sens, mais cette relation ne peut jamais être « naturelle » ou « normale ». Ils ne font pas partie de notre monde et y sont coincés, indépendamment de la façon dont nous les traitons.

Nous ne pouvons justifier un tel système, quand bien même il serait très différent de la situation actuelle. Ma compagne et moi vivons avec cinq chiens sauvés, dont certains souffraient de problèmes de santé lorsque nous les avons adoptés. Nous les aimons beaucoup et nous efforçons de leur procurer les meilleurs soins et traitements. (Et avant que quelqu’un pose la question, nous sommes végans tous les sept !) Vous ne trouveriez probablement pas sur cette planète deux autres personnes aimant plus que nous vivre avec les chiens.

Et nous encourageons toute personne à adopter ou accueillir autant d’animaux (de n’importe quelle espèce) qu’elle le peut de façon responsable.

Mais s’il n’y avait plus que deux chiens dans l’univers et qu’il ne tenait qu’à nous de décider s’ils pourraient se reproduire afin que nous puissions continuer à vivre avec des chiens, et même si nous pouvions garantir que tous ces chiens auraient un foyer aussi aimant que le nôtre, nous n’hésiterions pas une seconde à mettre fin au système de possession d’« animaux de compagnie ».

Nous considérons les chiens avec qui nous vivons comme des sortes de réfugiés, et bien que nous appréciions prendre soin d’eux, il est clair que les humains n’ont pas le droit de continuer à faire naître ces créatures dans un monde auquel ils ne sont tout simplement pas adaptés.

Je comprends qu’un grand nombre de gens soient déconcertés par mon argumentation sur les problèmes inhérents à la domestication. Mais c’est parce que nous vivons dans un monde où nous tuons et mangeons 56 milliards d’animaux par an (sans compter les poissons), et où notre meilleure « justification » d’un tel acte est que nous apprécions le goût de la chair animale et des produits d’origine animale. La plupart d’entre vous qui lisez ces lignes ne sont probablement pas végans. Aussi longtemps que vous penserez qu’il est acceptable de tuer et de manger les animaux, l’argument le plus abstrait concernant leur domestication en vue de les exploiter en tant qu’ « animaux de compagnie » n’est certainement pas en mesure de faire écho en vous. J’en suis conscient.

Par conséquent, prenez quelques minutes pour lire certains des nombreux autres essais de ce site qui parlent du véganisme, tels que : « Pourquoi le véganisme doit être la base du mouvement » .

Ensuite, reconsidérez la question des « animaux de compagnie ». J’en discute également dans deux podcasts : Commentaire n° 2 : « Animaux de compagnie » et Commentaire n° 4 : suite d’ « Animaux de compagnie » : « Les chats non végétaliens ».

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est une question de non-violence. C’est avant tout une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la Terre et envers vous-même.

Si vous êtes dans la capacité d’adopter ou d’accueillir momentanément un animal, s’il vous plaît, faites-le. La domestication est moralement condamnable, mais les animaux qui existent ici et maintenant ont besoin de nos soins. Leurs vies sont aussi importantes pour eux que les nôtres le sont pour nous.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professor, Rutgers University

©2012 Gary L. Francione

Les abolitionnistes doivent-ils se positionner sur les droits humains ? Et comment !

Quelqu’un m’a envoyé aujourd’hui le courriel suivant : « Je suis totalement pour les droits des animaux, mais je ne pense pas que cela signifie que je doive être aussi pour les droits des femmes, des homosexuels ou autres. »

Faux.

Réfléchissez avec logique. Le spécisme est mal parce qu’il est comme le racisme, le sexisme, l’hétérosexisme, etc., qui impliquent tous une focalisation sur des critères sans pertinence aucune (la race, le sexe, l’orientation sexuelle, etc.) afin de justifier le fait de ne pas accorder à certaines personnes une considération égale.

Nous ne pouvons dire que le spécisme est mal parce qu’il est identique aux discriminations listées ci-dessus si par ailleurs nous n’avons pas de position quant à ces dernières.

Bien sûr que nous en avons une.

Et cette position est que toutes les discriminations sont mal. Un point, c’est tout. Peu importe qu’elles soient basées sur la race, le sexe, l’orientation sexuelle, l’âge ou je ne sais quoi. C’est mal.

Si vous dites que le spécisme est mal mais que vous ne vous positionnez pas contre tous les autres types de discriminations, tout ce que vous faites, c’est renforcer l’idée que les « animalistes » ne se soucient pas des êtres humains.

Or le mouvement abolitionniste n’est pas une affaire de misanthropie.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Véganisme et non-violence

Si le principe de non-violence signifie quelque chose, c’est bien que l’on ne peut justifier nul meurtre ou souffrance infligé pour des raisons si évidemment frivoles que le sont le plaisir, le divertissement ou le confort. Et faire quelque chose, qui n’est pas justifiable d’un point de vue moral, « avec compassion », ne change rien au fait que c’est moralement injustifiable.

Quand vous décidez ce que vous voulez manger, porter ou utiliser, vous n’agissez pas sous l’emprise d’une compulsion quelconque. Vous satisfaites simplement le plaisir de votre palais, votre sens de la mode, etc., vous vous autorisez à faire ce qui nuit aux intérêts d’un autre être sentient.

Par conséquent, si vous souscrivez au principe de non-violence sans être végan, vous devez réfléchir à ce qui est incontestablement, de votre part, une grave inconséquence.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Animaux tués sur les routes, œufs abandonnés, faire les poubelles

On me demande souvent s’il est « végan » de manger les « animaux tués sur les routes », les œufs abandonnés par les poules qu’on a comme compagnonnes, ou des produits d’origine animale trouvés dans les poubelles.

Ma réponse est courte : non.

Explication : bien que ces activités ne contribuent pas directement à la demande en produits d’origine animale, ils sont profondément problématiques en tant que faits symboliques. Ils renforcent l’idée que les produits d’origine animale sont des choses à consommer ; ils renforcent l’idée que les animaux sont des objets, qu’ils sont des ressources humaines ; ils renforcent la pratique sociale consistant à consommer les animaux ; ils renforcent la demande même s’ils n’y contribuent pas directement.

Mais si personne ne vous voit faire ces choses ? Dans ce cas, vous n’êtes engagés dans aucune activité symbolisant quoi que ce soit à quiconque, car nul ne le voit ni ne le sait. Vous ne renforcez pas la demande.

Mais vous observez ; vous êtes au courant. Vous participez à l’acte de consommer les animaux ; un rituel qui n’a aucun sens sinon la célébration spéciste que les animaux sont des choses à exploiter.

Etre végan signifie que vous rejetez l’idée selon laquelle les animaux sont pour nous des choses à consommer. Ils ne sont pas des produits ; ils ne sont pas des ressources.

Ils ne sont pas de la nourriture, pas plus que ne l’est un bras humain que vous trouveriez dans une benne.

Nous ne penserions jamais à manger un humain. Les humains sont des personnes morales. Nous ne mangeons pas les personnes. Mais les non-humains sont également des personnes. Ils ont une valeur morale. Leurs corps et les produits faits à partir d’eux ne sont pas à manger, même si nous les trouvons morts le long des routes ou dans une benne, ou même s’ils abandonnent leurs œufs.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est entièrement une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la planète et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Commentaire n° 24 : Lennox et le raisonnement éthique dans le contexte des droits des animaux

Mon dernier commentaire date d’un certain temps et je comptais en produire d’autres, mais j’ai hélas été très occupé.

J’avais notamment l’intention de faire un podcast à propos de mon article, Souci moral, impulsion morale et argumentation logique dans la défense des droits des animaux, que j’ai publié en mai et qui a reçu un formidable accueil.

Puis hier j’ai appris que, mercredi 11 juillet 2012, le Conseil municipal de Belfast (Irlande du Nord), avait tué Lennox, un chien que l’on prétendait être un pitbull, et dont l’élevage est illégal en Irlande du Nord. Une campagne internationale s’était mise en place pour sauver Lennox, et après qu’il a été tué, des protestations se sont fait entendre en Espagne, aux Etats-Unis, en Serbie et en bien d’autres lieux.

Dès que j’ai appris la nouvelle, j’ai publié l’article L’héritage de Lennox et j’ai décidé que le moment était venu de faire un nouveau Commentaire, car les réactions à l’histoire de Lennox exigeaient que nous songions à étendre notre souci moral aux autres animaux. Selon moi, si la mort de Lennox vous affecte mais que vous n’êtes pas végan, vous ne raisonnez pas de manière claire. Le cas de Lennox fait surgir certaines des questions qui se posaient déjà dans l’affaire Michael Vick.

Dans la première partie du Commentaire, je parle de Lennox. Je discute ensuite du raisonnement éthique dans le contexte de la défense des droits des animaux. Dans la seconde partie, j’aborde le concept de sentience.

J’espère que vous prendrez plaisir à écouter ce 24e Commentaire et qu’il vous aidera à penser l’éthique animale.

J’adresse également mes vifs remerciements à Paola Aldana de Meoño pour avoir dessiné l’avatar du nouveau Commentaire.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est entièrement une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la planète et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

L’héritage de Lennox

Hier, mercredi 11 juillet 2012, Lennox, que l’on prétendait être un pitbull, a été exécuté par le Conseil Municipal de Belfast, Irlande. Les pitbulls sont illégaux en Irlande du Nord. Une campagne internationale pour sauver Lennox s’était mise en place, et la mort du chien soulève aujourd’hui l’indignation du monde entier.

Et c’est normal.

Ce n’est rien d’autre que de l’ignorance que de considérer les pitbulls comme méchants. Quiconque connaît un tant soit peu ces chiens sait qu’ils sont doux et aimants, et qu’historiquement ils avaient pour rôle d’être babysitters pour les enfants humains. Certains pitbulls sont-ils méchants ? Oui, mais ce sont des humains qui les ont rendus tels. Et d’après ce que j’ai lu, l’affirmation des autorités de Belfast comme quoi Lennox était méchant, ou qu’il s’avérait, pour X raison, « nécessaire » de le tuer, ne reposait sur aucune preuve.

Mais l’histoire de Lennox a un sens plus profond. Le monde entier s’indigne parce qu’il n’y avait aucune justification pour procéder à son exécution. Le Conseil Municipal de Belfast a mal agi.

Mais que dire des 150 millions d’animaux nonhumains — sans compter les poissons — tués aujourd’hui à travers le monde pour la nourriture ?

Chacun de ces animaux est aussi innocent et vulnérable que l’était Lennox. Et il n’y a aucune justification non plus aux souffrances et à la mort que nous leur imposons. Nous tuons et mangeons les animaux parce que nous trouvons qu’ils ont bon goût ; nous avons pris cette habitude à seule fin de satisfaire notre plaisir gustatif. Rien de plus.

Beaucoup de ceux et celles qui ont protesté contre l’exécution de Lennox et désapprouvent les actes du Conseil Municipal de Belfast font pourtant exactement la même chose que ce que le Conseil Municipal de Belfast a fait avec Lennox : ils décident qui va vivre et qui va mourir.

L’indignation internationale soulevée par cette injustice montre qu’un grand nombre d’entre nous se soucient moralement des non-humains.

Si nous pouvions transformer cette étincelle en feu, et généraliser ce souci moral de sorte que tous ceux qui sont bouleversés par la mort de Lennox puissent de la même façon s’indigner de la mort des milliards d’animaux assassinés annuellement pour la nourriture, alors nous aurions enfin un véritable mouvement pour les droits des animaux.

Le mouvement pitoyable de la « viande heureuse », de la « consommation compassionnelle » qui existe actuellement n’a rien à voir avec les droits des animaux ; mais il a tout à voir avec la volonté de rendre les gens plus à l’aise par rapport au fait de consommer les non-humains.

Lennox a été tué injustement. Ce qui est arrivé est un grand mal. Ceux qui s’indignent de ce qui est arrivé à Lennox doivent reconnaître que continuer à consommer les animaux ne nous rend pas différents du Conseil Municipal de Belfast.

Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Sensibilisez les autres de manière créative et non-violente au véganisme, et faites-leur comprendre que le véganisme est la seule réponse rationnelle à la reconnaissance du fait que les animaux importent sur le plan moral.

Et si nous avons la possibilité d’adopter un animal sans foyer de n’importe quelle espèce, alors faisons-le. Si vous prévoyez d’adopter un chien, pourquoi pas un pitbull ou un chien du même genre ? Ce sont des chiens formidables !

Laissons notre conscience s’éveiller à la justice pour tous les animaux nonhumains : voici le message que Lennox nous lègue.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Sentience

Un être sentient est un être subjectivement conscient ; un être qui possède des intérêts ; c’est-à-dire un être qui a des préférences, des désirs, une volonté. Ces intérêts n’ont pas à être en quoi que ce soit semblables aux intérêts des humains. Si un être possède une quelconque sorte d’esprit qui lui fait expérimenter la frustration ou la satisfaction de n’importe quels intérêts qu’il possède, alors cet être est sentient.

Nous raisonnons de manière spéciste en affirmant qu’un être doit posséder un esprit de type humain pour compter sur le plan moral. Autrement dit, il est spéciste d’affirmer qu’un être doit avoir un sens réflexif de conscience de soi, ou des pensées conceptuelles, ou une capacité générale d’expérimenter l’existence à la manière des humains, afin d’avoir le droit moral de ne pas être utilisé comme ressource. Aussi longtemps que quelqu’un est subjectivement conscient, et qu’à sa manière propre se soucie de ce qui lui arrive, alors il possède nécessairement le droit moral de ne pas être utilisé comme ressource.

Y a-t-il une incertitude à esquisser une frontière entre le fait d’être sentient et non sentient ? Bien sûr. Néanmoins, il est clair et dénué de doute que tous les animaux que nous exploitons régulièrement — les poissons, les vaches, les cochons, les moutons, les chèvres, les poulets et d’autres oiseaux, les homards, etc. — sont sentients. Par conséquent nous savons tout ce que nous avons besoin de savoir pour prendre la décision éthique de cesser de manger, de porter ou d’utiliser ces animaux.

Pouvons-nous dire avec autant de certitude et empiriquement que les plantes ne sont pas sentients ? Oui, bien sûr que nous le pouvons. Les plantes sont vivantes ; les plantes réagissent à des stimuli. Mais les plantes ne réagissent pas selon un processus conscient. C’est-à-dire qu’il n’y a nulle raison de croire que les plantes possèdent une quelconque sorte d’esprit qui se soucie de ce qui leur arrive.

On dit souvent que je ne considère pas les insectes comme sentients. Cela est inexact. Je ne sais si les insectes sont sentients. Je penche en faveur de la sentience et je ne les tue pas intentionnellement. Par exemple, je fais attention en marchant de sorte à ne pas les tuer ni les blesser. Je ne sais si les palourdes ou d’autres mollusques sont sentients, bien que je penche là encore en faveur de la sentience, que je ne les mange ni n’achète de produits faits à partir d’eux.

Mais je répète : ne pas savoir où tracer la frontière ne veut pas dire que nous n’en savons pas assez, ici et maintenant, pour être absolument certains du fait que nous avons l’obligation morale de ne pas manger, porter ou utiliser les animaux, et que le véganisme doit constituer le fondement éthique d’un mouvement qui recherche pour eux la justice.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est entièrement une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la planète et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Post-scriptum, 13 juillet 2012

Plusieurs personnes m’ont écrit au cours du jour dernier en me demandant si j’estime que manger des palourdes est cohérent avec le fait d’être végan. Ces questions ont été motivées par la vidéo en lien ci-dessus.

Non, j’estime que consommer ces non-humains n’est pas cohérent avec le fait d’être végan.

Dans le cas des plantes, nous pouvons être aussi certains de leur non-sentience que nous le sommes à propos de n’importe quoi. La non-sentience des palourdes, des huîtres, etc., n’est, en revanche, pas certaine, et par conséquent, il me semble moralement indiqué de pencher, pour ces êtres, en faveur de la sentience et contre l’exploitation. Il y a d’autres mollusques (les céphalopodes tels que les calmars, les poulpes, etc.) qui sont neurologiquement plus développés et dont la sentience ne fait aucun doute. Par conséquent, je considère comme moralement indiqué de supposer que les palourdes, les huîtres, les coquilles Saint-Jacques et plus généralement l’ensemble des mollusques (les escargots inclus) sont des êtres sentients, et à ce titre de ne pas les manger ni les exploiter en tant que ressources humaines.

Animals Today, dimanche 8 juillet

Dimanche 8 juillet, je serai l’invité d’Animals Today. Je passerai à l’antenne entre 14 et 15 h, heure du Pacifique. Heure de l’Est : 17-18h.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. C’est facile, c’est meilleur pour votre santé et l’environnement, et par-dessus tout, c’est moralement la bonne chose à faire.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Besoin d’informations véganes pratiques ? Maintenant vous les avez.

Adam Kochanowicz et Sandra Cummings ont produit une base de données formidable, le Vegan Starter Kit.

Ce genre de projet est d’une grande valeur pratique et je suis content qu’Adam et Sandra l’aient réalisé. Je suis certain que vous en ferez bon usage.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. C’est facile, c’est meilleur pour votre santé et l’environnement, et, par-dessus tout, c’est moralement la bonne chose à faire.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione