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Mon exposé plénier (audio) à la Conférence Nationale des Droits des Animaux 2013

Samedi 29 juin, j’ai donné un exposé plénier à la Conférence Nationale des Droits des Animaux 2013. Vous pouvez en écouter l’enregistrement ici. Le titre de mon exposé : « L’approche abolitionniste des droits des animaux. »

Je me suis laissé dire qu’une vidéo serait bientôt disponible, ce qui vous permettra de voir la présentation en PowerPoint.

J’espère que vous prendrez plaisir à écouter cet exposé, et que vous en retirerez quelque enseignement.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Et n’adhérez jamais, jamais à l’idée absurde que nous devons promouvoir l’ « exploitation heureuse » afin d’amener les gens au véganisme. C’est le contraire : l’industrie entière de l’ « exploitation heureuse » a un but : rendre le public plus à l’aise par rapport à l’exploitation animale.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Post-scriptum ajouté le 7 juillet 2013 :

A la Conférence Nationale des Droits des Animaux 2013, outre mon exposé plénier, j’ai eu une discussion avec Bruce Friedrich que vous pouvez écouter ici. Vous pouvez lire un commentaire sur cet échange ici et .

J’organiserai un plus long débat directement avec Bruce début août qui paraîtra sous ma nouvelle série de podcasts, « VEGAN.FM », qui m’a été gentiment donné par Adam Kochanowicz.

Les conséquences du néowelfarisme

Je me trouvais récemment dans l’un des deux Whole Foods de ma région. Je suis passé près de l’étal de boucherie et j’ai vu les labels indiquant à quel point les animaux dont les cadavres sont vendus par Whole Foods sont bien traités. J’ai vu des gens acheter de la viande « heureuse ».

J’ai entendu une acheteuse dire à un employé qu’elle était tellement heureuse de pouvoir se procurer de la viande produite « avec humanité ».

Mais à la décharge de cette personne, que doit-elle penser quand Peter Singer, le « père du mouvement des droits des animaux », ainsi que tous les grands groupes de protection animale — HSUS, PETA, Farm Sanctuary, Mercy for Animals, Compassion Over Killing, Vegan Outreach, etc. —, expriment « reconnaissance et soutien » à Whole Foods pour son programme « exploitation heureuse » ?

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Que doit-elle penser quand Whole Foods se voit gratifiée d’un prix par PETA ?

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Que doit-elle penser lorsque John Mackey, le PDG de Whole Foods, s’exhibe en première page de « VegNews » ?

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Cette femme se soucie clairement des animaux d’un point de vue moral, et le « mouvement animaliste » lui a donné le moyen de le faire en lui permettant de continuer à consommer des animaux tout en ayant la conscience tranquille.

Quelle tristesse.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Un nouveau livre : Eat Like You Care

Notre nouveau livre est maintenant disponible. Vous pouvez le trouver ici.

Si les gens adoptent un régime végétalien pour des raisons éthiques, tout change. S’ils n’adoptent pas un régime végétalien, ils restent coincés au stade des manifestations anti-fourrure et des campagnes ciblées et rien ne change.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

***** Traduction du site http://www.eatlikeyoucarebook.com/ par Kwaice *****

6218826_orig Nous prétendons tous nous soucier des animaux et les considérons comme ayant au moins une certaine valeur morale. Nous prétendons tous être d’accord sur le fait qu’il est injuste d’infliger souffrance et mort « inutilement » aux animaux et – peu importe le désaccord que nous pourrions avoir sur la question de la nécessité de l’utilisation animale – nous sommes tous d’accord que la souffrance et la mort d’animaux ne peut pas être justifiée par le plaisir, l’amusement, ou la commodité humaine. Nous condamnons Michael Vick pour les combats de chiens précisément parce que nous croyons fermement que quel que soit le plaisir que Vick a retiré de cette activité, cela ne peut finalement pas justifier ce qu’il a fait.

Donc comment pouvons-nous justifier le fait que nous tuons de nombreux milliards d’animaux terrestres et marins chaque année pour la nourriture ? Peu importe la manière « humaine » dont nous traitons et tuons ces animaux, la quantité de souffrance animale que nous causons est atterrante. Pourtant personne ne maintient que les aliments d’origine animale sont nécessaires pour une santé optimale. En effet, des données empiriques croissantes indiquent que les aliments d’origine animale sont préjudiciables à la santé humaine. Mais quelle que soit la manière dont vous évaluez ces preuves, il ne peut y avoir de doute sérieux sur le fait qu’on puisse être en excellente santé avec un régime alimentaire végétalien. Il y a également un large consensus sur le fait que l’agriculture animale est un désastre écologique. L’agriculture animale est responsable de pollution de l’eau, de l’air, de déforestation, d’érosion des sols, de l’utilisation inefficace des protéines végétales et de l’eau, et toutes autres sortes de dommages sur l’environnement.

La meilleure justification que nous avons pour la quantité inimaginable de souffrance et de mort que nous imposons aux animaux est qu’ils ont bon goût. Nous apprécions le goût des aliments d’origine animale. Mais en quoi est-ce différent de Michael Vick déclarant que son exploitation de combats de chiens était justifiable car il aimait regarder des chiens se battre ? Vick aimait s’asseoir autour d’une fosse et regarder des animaux se battre. Nous aimons nous asseoir autour du barbecue d’été à rôtir les corps d’animaux qui ont eu des vies et des morts qui sont aussi mauvaises, si pas pires, que les chiens de Vick. Quelle est la différence entre Michael Vick et ceux d’entre nous qui consommons des aliments d’origine animale ?

Ce livre démontre qu’il n’y a pas de différence, ou du moins aucune qui importe moralement.
Francione et Charlton soutiennent que si vous pensez que les animaux importent moralement – si vous rejetez l’idée que les animaux ne sont que des choses – vos propres croyances requièrent que vous arrêtiez de consommer des aliments d’origine animale. Il n’y a rien d’ « extrême » à un régime alimentaire végétalien ; ce qui est extrême c’est l’inconsistance entre ce que nous disons croire et la manière dont nous agissons lorsqu’il s’agit d’animaux.

Beaucoup d’entre nous sont mal à l’aise lorsqu’ils pensent aux animaux qui ont fini sur notre assiette. Nous avons peut-être pensé à arrêter de consommer des produits d’origine animale mais il y a beaucoup d’excuses qui nous ont empêché de le faire. Les auteurs explorent la trentaine d’excuses qu’ils ont entendu en tant que végans de longue-date et abordent chacune d’entre elles, montrant pourquoi ces excuses ne fonctionnent pas. Avec sa réflexion claire et sensée sur l’éthique animale, sans jargon ou théorie compliquée, ce livre changera la manière dont vous réfléchissez à ce que vous mangez.

Voici quelques questions pour vous :

  • Avez-vous jamais aimé un animal
  • Avez-vous déjà eu un animal de compagnie qui faisait partie de votre famille ?
  • Pensez-vous  qu’il est injuste d’infliger souffrance et mort inutile à des animaux ?
  • Pensez-vous que les animaux importent moralement ?
  • Vous souciez-vous de l’origine de votre nourriture ?
  • Savez-vous d’où proviennent vos aliments d’origine animale ?
  • Achetez-vous des œufs plein-air ? De la viande libre-parcours ?
  • Avez-vous envisagé de devenir végétarien ?
  • Êtes-vous déjà végétarien pour des raisons morales ?
  • Avez-vous envisagé de devenir végan ?
  • Aspirez-vous à devenir végan, mais vous pensez que vous ne pourriez jamais adopter un régime alimentaire végétalien ?
  • Êtes-vous déjà végan et apprécieriez de connaître certaines manières plus efficaces pour communiquer avec ceux qui défendent la consommation d’animaux ?

Si vous avez répondu « Oui » à l’une de ces questions ci-dessus, alors ce livre a été écrit pour vous. N’hésitez-pas – lisez-le maintenant !

Quelques réflexions claires sur le mouvement du bien-être animal

Les réformes de bien-être animal se focalisent sur le côté offre de l’exploitation. L’idée est de fournir une offre en produits animaux plus « humaine ». L’idée est aussi de rendre cette offre plus chère de sorte que les consommateurs achètent moins de ces produits.

Mais la théorie et la réalité sont deux choses différentes. Même ceux qui soutiennent les réformes de bien-être achètent souvent encore des produits conventionnels à « moindre bien-être » (selon moi, tous les produits animaux sont à « moindre bien-être ») et, même si le prix de certains produits d’origine animale augmente en raison des réformes de bien-être (par opposition à la myriade d’autres facteurs qui affectent les prix), la demande ne change pas beaucoup parce la demande en de nombreux produits animaux est ce que les économistes appellent « inélastique » ou insensible à l’augmentation des prix au sein d’un champ particulier.

Si bien que même si le prix augmente tellement que la demande s’en trouve affectée, les consommateurs se rabattront simplement sur des produits moins chers ou fabriqués. En d’autres termes, il n’y a aucune raison de penser que si le prix du bœuf augmente, les consommateurs achèteront du tofu.

La seule manière de traiter de l’exploitation animale est de se concentrer sur le côté demande et d’éduquer les gens afin qu’ils sachent pourquoi ils ne doivent pas consommer de produits animaux. Point barre. De nombreuses personnes de par le monde se soucient moralement des animaux. Plutôt que de dire à ces personnes qu’elles peuvent se décharger de leurs obligations morales envers eux en consommant des produits d’origine animale « heureux », nous devons leur faire comprendre pourquoi la seule réponse sensée à la reconnaissance que les animaux ont une importance morale est d’arrêter de les consommer et de devenir végan.

Pour le dire autrement : si vous estimez que ce que Michael Vick a fait est mal sous prétexte que nous ne devons pas infliger souffrance et mort aux autres êtres sentients simplement parce que nous en retirons du plaisir, alors vous êtes nécessairement engagé à ne pas consommer d’animaux, précisément parce que la consommation de produits d’origine animale ne repose que sur le plaisir gustatif. Aussi, de la même façon que l’argument du plaisir est invalide dans le cas de Vick, il est tout aussi invalide pour le reste d’entre nous.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

« Quand c’est bien élevé, c’est bon. » Et ce n’est pas bien.

Hier, j’ai fait un saut à Whole Foods et mes achats étaient placés dans ce sac :

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Réfléchissez à ce message : quand un animal, un produit, un « ça », est « bien élevé », « c’est bon ».

Or exactement toutes les grandes organisations animalistes étatsuniennes ont exprimé leurs « reconnaissance et soutien » à Whole Foods pour son programme d’exploitation « heureuse » :

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C’est scandaleux. Et la faute n’est pas imputable à Whole Foods. Whole Foods est simplement une société commerciale qui s’efforce de faire de l’argent pour ses actionnaires. Le problème, c’est que les organisations animalistes considèrent Whole Foods comme un partenaire dans la promotion de l’exploitation « heureuse ».

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Les droits des humains et les droits des non-humains sont inextricablement liés : en un mot

En tant que défenseurs des animaux, nous nous opposons au spécisme car, comme le racisme, le sexisme, l’hétérosexisme et d’autres formes de discrimination, il use d’un critère moralement non pertinent (l’espèce) pour ignorer et dévaluer les intérêts des êtres sentients.

Mais notre opposition au spécisme signifie que nous devons prendre position sur ces autres formes de discrimination. C’est-à-dire que nous ne pouvons pas nous opposer au spécisme en prétendant que, en tant que défenseurs des animaux, nous ne prenons pas position sur ces autres formes de discrimination. Nous ne pouvons pas dire : « Nous rejetons comme moralement inacceptable le critère de l’espèce pour ignorer et dévaluer les intérêts des non-humains, mais nous ne prenons pas position sur le fait que la race, le sexe ou l’orientation/la préférence sexuelle constituent eux aussi des critères moralement inacceptables lorsqu’ils sont utilisés pour réduire et dévaluer les intérêts des humains. »

Notre opposition au spécisme nécessite que nous nous opposions à toute discrimination.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Sentience et individualité

Selon cet article :

L’Inde a officiellement reconnu les dauphins comme des personnes nonhumaines, dont les droits à la vie et à la liberté doivent être respectés. Les delphinariums qui avaient été construits à travers le pays seront fermés.

Dans un communiqué, le gouvernement a déclaré que la recherche avait clairement établi que les cétacés sont très intelligents et sensibles, et que les dauphins « doivent être considérés comme des ‘personnes nonhumaines’, et en tant que telles avoir leurs propres droits spécifiques. »

Le mouvement pour reconnaître les baleines et les dauphins comme des individus doués de conscience de soi et d’une palette de droits a pris son essor il y a trois ans à Helsinki, en Finlande, lorsque des scientifiques et des éthiciens ont esquissé une Déclaration des Droits des Cétacés. « Nous affirmons que tous les cétacés, en tant que personnes, ont droit à la vie, à la liberté et au bien-être », ont-ils écrit.

Depuis hier, j’ai reçu un nombre important de demandes afin que je commente ce rapport.

J’ai deux réponses.

Premièrement, je vous renvoie à l’article “Our Hypocrisy”, que j’ai écrit pour The New Scientist en juin 2005 :

Notre hypocrisie

Les grands singes, les dauphins, les perroquets et peut-être même les animaux dits « de boucherie », possèdent-ils certaines caractéristiques cognitives qui leur donnent le droit de se voir accorder une plus grande considération morale et une protection juridique ?

Une littérature considérable en a débattu ces derniers temps. L’idée centrale derrière cette entreprise est que nous devons repenser nos relations avec les nonhumains si nous trouvons qu’ils sont intelligents, conscients d’eux-mêmes ou qu’ils ont des émotions. Dans la mesure où les non-humains ont des esprits semblables aux nôtres, discourt l’argument, ils ont des intérêts similaires, et ont le droit de se voir accorder une plus grande protection en raison de ces intérêts. Cette approche des « esprits similaires » a conduit un bataillon impatient d’éthologues cognitifs à étudier — souvent, de manière ironique, via toutes sortes d’expérimentations animales — jusqu’à quel point ils sont comme nous.

Il est stupéfiant que, cent cinquante ans après Darwin, l’on s’étonne encore de ce que d’autres animaux aient des caractéristiques que l’on croyait être l’apanage des humains. La thèse selon laquelle les humains posséderaient des caractéristiques psychiques qui feraient complètement défaut aux non-humains est incompatible avec la théorie de l’évolution. Darwin a fait valoir qu’il n’existe aucune caractéristique appartenant en propre aux humains, et qu’entre les esprits humains et nonhumains existaient seulement des différences de nature quantitative et non qualitative. Il a soutenu que les êtres nonhumains sont capables de penser et de raisonner, et qu’ils possèdent les mêmes attributs émotionnels que les êtres humains.

Ce qui est plus ennuyant avec l’approche des esprits similaires, c’est ce qu’elle implique pour la théorie morale. Bien qu’elle semble être progressiste et indiquer une réelle évolution de nos rapports avec les autres espèces, elle renforce en fait le paradigme même qui a abouti à notre exclusion des non-humains de la communauté morale. Nous avons historiquement justifié notre exploitation des non-humains sur le fait qu’il y aurait une distinction qualitative entre les humains et les autres animaux : ces derniers peuvent bien être sentients, mais ils ne seraient pas intelligents, ni rationnels, ni doués d’émotions, ni conscients d’eux-mêmes.

Bien que l’approche des esprits similaires affirme qu’empiriquement nous nous sommes trompés par le passé et qu’au moins certains non-humains peuvent posséder certaines de ces caractéristiques, elle ne remet pas en question l’hypothèse sous-jacente selon laquelle une caractéristique autre que la sentience — la capacité à ressentir la douleur — est nécessaire pour avoir une importance morale.

Positions arbitraires

Toute tentative pour justifier notre exploitation des non-humains basée sur leur manque de caractéristiques « humaines » esquive la question éthique en posant d’emblée que certaines caractéristiques sont spéciales et justifient un traitement différent. Même si, par exemple, les humains sont les seuls animaux capables de se reconnaître dans un miroir (ce qui en outre n’est pas vrai) ou communiquer au moyen d’un langage symbolique, aucun humain n’est capable de voler, ou encore de respirer sous l’eau sans assistance. Qu’est-ce qui rend la capacité à se reconnaître soi-même dans un miroir ou à utiliser un langage symbolique moralement plus pertinente que la capacité à voler ou à respirer sous l’eau ? La réponse, bien sûr, est que nous l’affirmons simplement parce qu’il est dans notre intérêt de l’affirmer.

Mis à part l’intérêt personnel, il n’y a aucune raison de conclure que les caractéristiques perçues comme uniquement humaines ont une quelconque valeur qui nous autorise à les utiliser comme justification non arbitraire pour exploiter les non-humains. En outre, même si tous les animaux autres qu’humains manquaient d’une caractéristique particulière située au-delà de la sentience, ou possédaient cette caractéristique à un degré moindre que les humains, une telle différence ne peut justifier l’exploitation, par les humains, des non-humains.

Les différences entre les humains et les autres animaux peuvent être pertinentes à d’autres égards. Par exemple, nulle personne sensée n’affirme que les animaux nonhumains doivent conduire des voitures, voter ou aller à l’université, mais de telles différences ne sauraient avoir d’incidence sur le fait de savoir si nous devons manger les non-humains ou les utiliser lors d’expérimentations. De fait, nous validons cette conclusion lorsqu’il s’agit des humains. Quelle que soit la caractéristique que nous établissons comme spécifiquement humaine, elle sera présente à un moindre degré chez certains humains, et point du tout chez d’autres. Certains humains auront les mêmes déficiences que nous attribuons aux non-humains, et bien que telle de ces déficiences puisse se révéler pertinente en certains domaines, elle ne l’est plus dès lors qu’il s’agit de savoir si nous avons le droit d’exploiter les humains en question.

Songez, par exemple, à la conscience de soi. N’importe quel être sentient possède nécessairement un quelconque niveau de conscience de soi. Être sentient, c’est être la sorte d’être qui reconnaît qu’il est cet être et non un autre, qu’il est celui qui fait l’expérience de la douleur ou de l’angoisse. Même si nous définissons arbitrairement la conscience de soi d’une manière exclusivement humaine, comme, mettons, être capable de penser le fait de penser, de nombreux humains, parmi lesquels les handicapés mentaux sévères, manquent de ce type de conscience. Encore une fois, cette « déficience » peut être pertinente en certains domaines, mais pas en ce qui concerne le fait de savoir si nous devons utiliser ces humains dans des expérimentations médicales douloureuses ou comme donneurs d’organes forcés. En fin de compte, la seule différence entre les humains et les non-humains, c’est l’espèce, et l’espèce ne constitue pas davantage une justification de l’exploitation que la race, le sexe ou l’orientation sexuelle.

C’est pourquoi l’approche des esprits similaires est peu judicieuse, et créera seulement de nouvelles hiérarchies spécistes au sein desquelles nous mettrons en avant et privilégierons certains non-humains, comme les grands singes ou les dauphins, au détriment de tous les autres, que nous continuerons de traiter comme des choses dépourvues d’intérêts moralement significatifs.

Si, en revanche, nous voulons réfléchir sérieusement aux relations entre humains et non-humains, alors nous devons nous concentrer sur une, et une seule, caractéristique : la sentience. L’ironie de la chose, c’est que nous prétendons prendre la souffrance des non-humains au sérieux. Notre morale sociale nous fait pratiquement tous acquiescer à l’idée qu’il est moralement mal d’infliger souffrance et mort « non nécessaires » aux non-humains. Une telle interdiction n’a le moindre sens que si elle condamne la souffrance infligée aux dits non-humains au seul nom du plaisir, du divertissement ou du confort.

Or tel est, précisément, le problème : bien que nous exprimions notre désapprobation quant à l’infliction de souffrances non nécessaires aux non-humains, la plupart de ces souffrances et de ces morts sont causées uniquement pour satisfaire notre plaisir, divertissement ou confort, toutes « raisons » qui ne peuvent en aucun cas être qualifiées plausiblement de « nécessaires ». Nous tuons des milliards d’animaux chaque année pour la nourriture. Or il n’est pas « nécessaire », en quelque sens que ce soit, de manger de la viande ou des produits d’origine animale. Un nombre croissant de professionnels de la santé affirme même que ces produits peuvent être préjudiciables à la santé humaine. En outre, les scientifiques environnementaux signalent les conséquences et l’impact terribles de l’agriculture animale sur la planète. Il reste que notre seule justification pour la douleur, la souffrance et la mort infligées aux non-humains dans les élevages, n’est rien de plus que le plaisir que nous prenons au goût de leur chair.

Il n’est certainement pas nécessaire non plus d’utiliser les non-humains pour le sport, la chasse, le divertissement ou les tests chimiques, et un nombre considérable de preuves existe comme quoi le recours au modèle animal dans le cadre des expérimentations ou des tests de médicaments peut même s’avérer contre productive.

En résumé, lorsque nous abordons le sujet des non-humains, nous sommes atteints de ce que l’on peut parfaitement qualifier de schizophrénie morale. Nous disons une chose sur la manière dont ils doivent être traités, mais nous en faisons une autre. Nous sommes, bien sûr, conscients que nous manquons d’une approche satisfaisante quant au sujet de nos relations avec les autres animaux, et nous nous efforçons depuis un certain temps d’en trouver une.

Si nous prenions réellement au sérieux le principe voulant qu’il est mal d’infliger des souffrances non nécessaires aux non-humains, alors nous cesserions complètement de faire naître des animaux domestiques pour notre usage, et notre reconnaissance de leur statut moral ne dépendrait pas du fait de savoir si un perroquet peut comprendre les mathématiques, ou un chien se reconnaître dans un miroir. Nous prendrions au sérieux ce que Jeremy Bentham a dit il y a plus de deux siècles : « La question n’est pas : peuvent-ils raisonner, ni : peuvent-ils parler, mais : peuvent-ils souffrir ? »

Je discute extensivement de ces idées dans mon article “Taking Sentience Seriously”, paru originellement en 2006 et qui devait devenir le troisième chapitre de mon livre Animals as Persons: Essays on the Abolition of Animal Exploitation.

Deuxièmement, j’insisterai sur le fait que bien que Bentham ait correctement identifié la sentience comme la seule caractéristique requise pour avoir une importance morale, il a commis une erreur importante. Il a cru que les animaux ne se soucient pas du fait que nous les utilisions, mais seulement de la manière dont nous les traitons et les tuons. Selon Bentham, les animaux vivent dans le présent et ne sont pas conscients de ce qu’ils perdent quand nous leur prenons la vie. Si nous les tuons et les mangeons, « nous nous en trouvons mieux, et ils ne s’en trouvent pas plus mal. Ils n’ont pas de ces très longues anticipations de misère future que nous avons. »

Les échos de la pensée benthamienne subsistent dans le raisonnement de certains défenseurs des animaux, tel Peter Singer, qui déclare :

« Vous pouvez dire qu’il est mal de tuer un être lorsque cet être est sentient ou conscient. Dès lors, vous devez dire qu’il est mal de tuer un poulet ou une souris exactement de la même façon qu’il est mal de vous tuer, vous, ou de me tuer moi. Je ne peux accepter cette idée. C’est sans doute mal, mais des millions de poulets sont tués chaque jour. Je ne pense pas à cela comme à une tragédie de la même ampleur que lorsque des millions d’humains sont tués. Qu’est-ce que les humains ont de différent ? Les humains sont tournés vers l’avenir, ils ont des espoirs et des désirs pour le futur. Cela semble une réponse plausible à la question de savoir pourquoi, lorsque des humains meurent, c’est une telle tragédie. » (Indystar.com, 8 mars 2009)

« Pour éviter d’infliger de la souffrance aux animaux — sans mentionner le coût environnemental de la production animale intensive —, nous devons réduire drastiquement notre consommation de produits animaux. Mais cela signifie-t-il forcément un monde végan ? Ce serait une solution, mais pas nécessairement la seule. Si c’est le fait d’infliger de la souffrance qui nous préoccupe, plutôt que le fait de tuer, alors je peux aussi imaginer un monde dans lequel les gens consommeraient en majorité des aliments végétaux, mais occasionnellement s’offriraient le luxe de manger des œufs de poules élevées en plein air, ou peut-être même de la viande provenant d’animaux ayant vécu dans de bonnes conditions adaptées à leur espèce, avant d’être tués humainement à la ferme. » (The Vegan, automne 2006)

Dans un récent article intitulé “On Killing Animals,” publié dans The Point, j’ai soutenu que c’est le raisonnement de Bentham qui mène ceux-là mêmes qui affirment souscrire aux « droits des animaux » à penser que tuer des chiens et des chats en bonne santé peut être considéré comme moralement acceptable.

L’idée que l’intérêt à poursuivre sa vie est le propre d’une conscience de soi de type humain est précisément le type de raisonnement qui a conduit à la thèse voulant que bien que tous les animaux sentients aient des intérêts à ne pas souffrir qui comptent moralement, seuls certains d’entre eux ont un intérêt à ne pas être utilisés du tout ou tués à des fins humaines.

Je pense que l’approche des « esprits similaires », qui sert de fondement au mouvement de l’exploitation « heureuse » dominant actuellement le mouvement animaliste, est très peu judicieuse et doit être rejetée au profit de la position suivante : la sentience est suffisante pour fonder l’obligation de ne pas traiter un être exclusivement comme moyen d’une fin, quelque « humain » ce traitement puisse être.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Les campagnes ciblées et l’adoption/l’accueil d’animaux nonhumains sans foyer

Je suis critique envers les campagnes ciblées (CCs). On me demande souvent si la promotion de l’adoption ou l’accueil d’animaux sans foyer est une campagne ciblée. La réponse est qu’elle ne l’est pas et la question montre la confusion concernant ce qu’est une CC et en quoi les CCs sont critiquables.

Bien que toutes les campagnes welfaristes puissent être qualifiées de CCs, ce terme est généralement appliqué aux campagnes qui semblent au moins chercher à abolir ou prohiber, et pas seulement réglementer, certaines utilisations des animaux, comme l’utilisation des animaux pour la fourrure ou pour la viande (ou pour certaines sortes de viande), l’utilisation des animaux sauvages dans les cirques, certaines variétés de sports de sang comme les corridas, le commerce des chevaux d’attelage, la chasse (ou certaines formes de chasse ou la chasse d’espèces particulières), etc.

J’ai au moins quatre problèmes avec les CCs.

Premièrement, les CCs propagent l’idée que certaines formes d’exploitation sont pires que d’autres. Dans une culture où l’exploitation animale est omniprésente, cela signifie nécessairement que la cible de la campagne est vue comme étant moralement plus répréhensible que les autres sur lesquelles elle n’est pas axée, qui sont considérées comme étant moralement « meilleures » ou même moralement acceptables.

Ainsi, si la plupart des gens pensent que manger de la viande, des produits laitiers et des œufs est « naturel » et ne soulève aucun problème moral, une focalisation sur la viande sème forcément l’idée que les produits laitiers et les œufs sont différents et que leur consommation est moralement acceptable, ou tout au moins moralement différente, et n’est pas aussi moralement répréhensible que la consommation de viande.

Une campagne axée sur le foie gras considère que certains produits sont moralement différents d’autres produits d’origine animale, comme le poulet rôti ou les hamburgers. Elle enseigne aux gens qu’il est moralement mieux de manger du poulet et des hamburgers, parce que le foie gras est moralement différent et moralement pire. Une campagne centrée sur la fourrure sous-entend que la laine et le cuir sont, d’un point de vue éthique, « mieux » que la fourrure.

Je rejette ce genre de réflexion au profit de la promotion de l’idée que le véganisme est la seule réponse rationnelle à la reconnaissance que les animaux ont une valeur morale. Je ne crois pas qu’il y ait une distinction moralement cohérente entre la viande et les produits laitiers/œufs, ou entre le foie gras et le bœuf, le poulet ou le poisson, ou entre la fourrure et le cuir ou la laine. Tout est moralement inacceptable. Je pense que cela noie les questions sérieuses en créant des distinctions morales là où il n’y en a pas.

J’ai parlé de cela ici.

Deuxièmement, les CCs ne peuvent pas fonctionner en pratique. Elles sont vues comme étant arbitraires et n’ont aucun sens pour les personnes qui consomment des aliments d’origine animale. Pensez-y. Ceux qui consomment des produits animaux jugent qu’il est moralement acceptable d’imposer la souffrance et la mort aux animaux pour la raison futile du plaisir gustatif, et ils participent à cette utilisation des animaux chaque jour, plusieurs fois par jour. Pourquoi penseraient-ils que la chasse est injuste alors qu’ils vont au supermarché et achètent des produits fabriqués à partir d’animaux qui ont tous autant souffert, sinon plus, que les animaux qui sont chassés ? Pourquoi penseraient-ils qu’utiliser des animaux pour d’autres raisons futiles est moralement inacceptable ?

J’ai parlé de cela ici.

Troisièmement, beaucoup de campagnes ciblées encouragent le spécisme. Les campagnes centrées sur les dauphins, les éléphants et les primates nonhumains maintiennent que ces animaux sont soi-disant plus « à notre image » sur le plan de l’intelligence, et par conséquent qu’ils ont une plus grande valeur morale. Ce genre de raisonnement pose que les caractéristiques humaines constituent l’étalon de la valeur morale et que les intérêts de type humain comptent davantage. Dans le but de déterminer qui peut être utilisé en tant que ressource remplaçable, poser que les humains et les caractéristiques de type humain comptent plus est spéciste.

J’ai parlé de cela ici.

Quatrièmement, certaines campagnes ciblées font souvent la promotion d’autres formes de discriminations humaines. Par exemple, la campagne anti-fourrure a eu des tendances résolument sexistes dès sa création il y a plusieurs décennies. Les campagnes contre la consommation de chiens et chats sont souvent et généralement accompagnées d’une rhétorique anti-asiatique. Les campagnes contre l’abattage halal ou casher ont exprimé des sentiments antisémites et antimusulmans.

J’ai parlé de cela ici.

Une partie centrale de l’approche abolitionniste consiste à voir la domestication comme intrinsèquement injuste. Nous devons arrêter de donner naissance à des animaux domestiqués pour l’usage humain. Je maintiens cependant que nous avons l’obligation morale de prendre soin des animaux qui sont maintenant en vie. Je maintiens que nous devons ouvrir nos foyers aux réfugiés nonhumains de *toute* espèce. Je ne limite pas cela aux chiens et chats. Je suis très explicite en disant qu’il n’y a pas d’élevage « responsable » d’animaux domestiqués.

Voici quelques réflexions supplémentaires sur la domestication.

Je ne dis pas que certaines formes d’exploitation sont moralement mieux que d’autres formes d’exploitation. Je ne suggère pas que nous remplacions une forme d’exploitation par une autre forme d’exploitation. Par exemple, je ne prétends pas que nous devrions adopter/accueillir des animaux puis les dresser pour les utiliser dans un cirque.

Je dis que nous avons un problème que nous avons créé : nous avons un grand nombre d’animaux domestiqués qui sont en vie maintenant et ont besoin de foyers maintenant. Nous n’avons pas d’autre choix moralement acceptable que de prendre soin de ces animaux lorsque nous avons l’opportunité de le faire. J’ai souligné que prendre soin d’animaux domestiqués ne va pas sans dilemmes moraux. Par exemple, certains chats ne peuvent apparemment pas vivre sans manger de la viande. Je maintiens que donner de la viande aux chats n’est pas moralement justifiable, mais cela peut être excusable dans certaines circonstances.

Enfin, j’ai toujours associé toute discussion sur l’adoption/l’accueil et mon rejet de la domestication avec l’autre partie centrale du message abolitionniste : le véganisme est la seule réponse rationnelle au fait que les animaux ont une valeur morale.

En résumé, promouvoir l’adoption/l’accueil d’animaux sans foyer n’est clairement pas une campagne ciblée. Prendre soin de non-humains domestiqués de toute espèce est une obligation morale centrale dans l’approche abolitionniste des droits des animaux.

Et il est plus qu’absurde de prétendre que la promotion du véganisme est une CC. Comme je l’ai dit ici, le véganisme, tel qu’il est conceptualisé dans la théorie abolitionniste (à savoir le refus de l’injustice que constitue l’utilisation des animaux), englobe notre rejet de toute exploitation institutionnalisée.

J’espère que ceci a clarifié toute confusion.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Si vous pouvez adopter un animal sans foyer — un chien, un chat, un oiseau, une souris, un poisson, une vache ou une poule —, n’importe qui ayant besoin d’un foyer, s’il vous plaît, faites-le. L’adoption est une forme importante d’activisme ; ils sont en difficulté à cause de nous. Le moins que nous puissions faire est de prendre soin de ceux que nous pouvons.

Le Monde est végan ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

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Post-scriptum ajouté le 13 juin 2013 :

Comme je le dis depuis mes premiers écrits sur les CCs dans le milieu des années 1990, si des défenseurs des animaux veulent poursuivre les CCs, ce dont je les dissuade au profit d’une concentration exclusive sur l’éducation et la promotion du véganisme créatives et non-violentes, ils devraient, au moins, utiliser la campagne pour dire que le véganisme doit être le principe moral de base, et qu’il doit donc être une partie centrale, explicite et cohérente de la campagne.

Soyons clairs : je ne suis pas en train de parler d’une campagne qui se concentre sur une exploitation particulière où les militants disent : « Mais nous sommes vraiment contre toute utilisation des animaux ». Je suis en train de parler d’une campagne dans laquelle l’exploitation particulière est explicitement et de façon cohérente associée à un message végan qui est central dans la campagne.

Par exemple, il y a plusieurs mois, on m’a dit qu’un groupe espagnol avait organisé une campagne contre la corrida qui invitait le public à retirer les taureaux des arènes et les produits d’origine animale de la table. Autrement dit, ils ont utilisé la campagne contre la corrida afin de sensibiliser les gens au véganisme. Ce genre de campagne, si elle est faite correctement, minimise le risque de voir la corrida identifiée à une utilisation des animaux moralement différenciable, et pire, que les autres types d’utilisation des animaux.

La majorité des CCs n’associent pas de façon explicite et cohérente une exploitation particulière à un message végan clair. Elles font même délibérément le contraire. Elles évitent très intentionnellement le véganisme afin de faire du « sujet » sur lequel elles se focalisent le problème central.

La promotion de l’adoption/l’accueil des animaux sans foyer n’est pas une CC car elle est simplement d’une catégorie différente ; elle ne cherche pas à identifier certaines formes d’utilisation des animaux comme étant « pires » que d’autres, ni à rendre l’exploitation animale « meilleure ». La promotion de l’adoption/l’accueil est une implication directe du principe abolitionniste qui considère que la domestication ne peut être moralement justifiée et qu’elle doit être stoppée, mais que nous avons l’obligation morale de prendre soin des animaux actuellement en vie dans des conditions de non-exploitation, et ce jusqu’à la fin de leur existence.

Cela étant dit, à chaque fois que je parle de l’adoption/l’accueil, j’insiste toujours sur l’autre principe abolitionniste fondamental : le véganisme est la base morale.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Non, ils ne sont pas « dingues » des œufs sans-cage

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En plus de la connexion entre sexisme et spécisme illustrée ici :

Les oiseaux ne sont pas dingues du fait de se retrouver dans des installations dépourvues de cages, installations qui n’équivalent qu’à une seule grande cage.

Ils ne sont pas dingues du fait de provenir de couveuses qui exterminent tous les poussins mâles. Les poussins mâles, de leur côté, n’en raffolent pas davantage.

Ils ne sont pas dingues du fait d’être débecqués.

Ils ne sont pas dingues du fait d’être forcés à muer, ce qui est toujours pratiqué par certains producteurs d’œufs (conventionnels mais aussi « sans-cage »).

Ils ne sont pas dingues du terrifiant voyage vers l’abattoir, qui couvre la plupart du temps de longues distances sans eau ni nourriture.

Ils ne sont pas dingues du fait d’être soumis à une mort absolument horrible.

Ils ne sont pas dingues du fait d’être traités comme des produits par un tas de bons samaritains branchés qui se félicitent d’être « compassionnels » tout en continuant de soutenir la torture et la mort de non-humains sentients uniquement parce qu’ils aiment le goût des produits d’origine animale.

Ils ne sont pas dingues de l’obscénité affichée par la plupart des grosses organisations animalistes qui expriment « reconnaissance et soutien » à Whole Foods :

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Pensez-y : il n’y a pas grand-chose dont ils soient dingues, en fait.

Ce dont ces pauvres créatures seraient dingues, c’est que vous deveniez végans et cessiez, de ce fait, de les exploiter.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. Avant tout, c’est une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est également une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Brève note sur les lois « Ag Gag »

J’estime que les lois « Ag Gag » ne sont pas une bonne chose pour plusieurs raisons, à commencer par la suppression et la restriction de la liberté d’expression. Mais à en croire les grandes organisations animalistes, on pourrait penser qu’elles sonnent le glas du mouvement. C’est faux.

Nous n’avons pas besoin de nouvelles vidéos sur la réalité des élevages industriels. Nous en avons déjà plus qu’il n’en faut. Dans l’ensemble, l’objection à ces lois est liée au fait que les grands groupes animalistes ont besoin d’un flot continu d’images afin de pouvoir continuer à dire qu’il existe des élevages « responsables » et des élevages « irresponsables », des traitements « abusifs » et des traitements « non abusifs » des animaux. Ils filment des employés perpétrant des atrocités ; ils lancent alors une vaste campagne ; l’élevage fait son mea culpa et écope d’une amende symbolique ; les groupes animalistes déclarent alors « victoire » et proclament que les « abus » ont pris fin. Même dans les cas où l’élevage ou l’abattoir est lourdement sanctionné, ou fermé, la demande du public en produits d’origine animale est satisfaite via un autre élevage ou un autre abattoir. Le public, rassuré par le fait que les groupes animalistes lui assurent que désormais les animaux sont traités « humainement », maintient sa demande en produits d’origine animale.

Ainsi, c’est gagnant-gagnant pour tout le monde : les groupes animalistes récoltent à la fois lauriers et — plus important encore — dons ; le public, de son côté, est rassuré et se sent plus à l’aise par rapport au fait de consommer des produits d’origine animale.

Seuls les animaux, qui continuent d’être torturés de la plus « humaine » manière, perdent.

Nous devons amener les gens à penser différemment l’éthique animale. Nous devons les défocaliser du problème du traitement — et de l’idée qu’il existerait des traitements « abusifs » par rapport à des traitements qui seraient, eux, « non abusifs » — au profit de l’idée que nous ne pouvons justifier moralement quelque utilisation des animaux que ce soit. Point barre. Nous devons les amener à voir que la notion morale qu’ils partagent avec d’ailleurs la plupart des gens — à savoir que la souffrance et la mort ne sauraient être infligées à autrui qu’en cas de « nécessité » vitale et absolue, et que le plaisir, le divertissement ou le confort, autrement dit tout ce pour quoi et au nom de quoi nous faisons souffrir et tuons les animaux, ne constituent en aucun cas des « nécessités » —, mène à la conclusion que nous ne pouvons justifier l’exploitation animale, et que notre reconnaissance du fait que les animaux possèdent un statut moral signifie que nous ne pouvons pas consommer de la viande, des produits laitiers ou des œufs, même s’ils arborent un label exploitation « heureuse » plébiscité ou approuvé par une ou plusieurs grandes associations animalistes.

J’ai l’intention d’écrire plus longuement sur ce sujet dans le futur.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione