Archives de l’auteur : Gary L. Francione

Changeons la conversation

A l’heure actuelle, le débat porte sur le traitement des animaux et la manière d’ « améliorer » leur exploitation. Il n’y a pas vraiment pour l’instant de discussion sérieuse sur le fait d’utiliser ou non les animaux.

Or, selon ces chercheurs, si 10% de la population était fermement convaincue qu’aucune utilisation des animaux ne peut se justifier, cette idée finirait par se répandre et nous aurions alors une discussion sociale différente. Et un nouveau paradigme verrait le jour.

Alors mettons-nous au travail et faisons évoluer le débat du traitement vers l’utilisation ; du bien-être vers l’abolition ; de l’ « exploitation heureuse » vers la non-exploitation.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Et ne vous faites jamais avoir par cette idée insensée que nous devrions soutenir l’« exploitation heureuse » afin que les gens deviennent végans. C’est le contraire : l’industrie tout entière de l’ « exploitation heureuse » n’a qu’un seul but : faire en sorte que le public soit encore plus à l’aise avec l’exploitation animale.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

La violence « compassionnelle » n’est pas la solution

Selon BBC News : Presque un quart des hommes interrogés dans le cadre d’un rapport de l’ONU sur la violence contre les femmes dans certaines régions d’Asie, ont admis avoir commis au moins un viol.

C’est ignoble mais pas surprenant. Les viols et les agressions sexuelles sont la réalité quotidienne de beaucoup de femmes et de filles à travers le monde.

Chaque fois que je compare la promotion de l’exploitation « humaine » des animaux avec la promotion d’un viol « humain », les welfaristes prétendent qu’il y a une différence entre les deux en raison du fait que si tout le monde est d’accord pour dire que violer est mal, peu de gens en revanche sont gênés par l’exploitation animale, si bien que promouvoir l’exploitation « humaine » des animaux dans ce dernier contexte est une étape intermédiaire bonne ou « compassionnelle ».

En mettant de côté le raisonnement illogique des welfaristes — le fait que quelque chose ne soit pas largement considéré comme immoral ne signifie pas que nous ne devons pas être clairs sur le fait de le rejeter —, les welfaristes ont simplement tort de dire qu’à peu près tout le monde s’oppose au viol. Les viols et agressions sexuelles constituent une épidémie de violence contre les femmes et les filles.

Et ce n’est pas seulement en Asie (donc s’il vous plaît, évitez-nous tout commentaire ethnocentrique/raciste) : c’est partout dans le monde. Une Américaine sur six a été victime d’un viol ou d’une tentative de viol, et les viols comme les autres formes d’agressions sexuelles ne sont souvent pas rapportés.

Nous devons dire « non » à la violence, qu’elle soit dirigée contre des humains vulnérables ou des non-humains vulnérables. La solution contre la violence n’est pas la violence « gentille ».

La violence ne doit jamais être dite « compassionnelle ». La violence est la violence.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Et ne vous faites jamais avoir par cette idée insensée que nous devrions soutenir l’« exploitation heureuse » afin que les gens deviennent végans. C’est le contraire : l’industrie tout entière de l’ « exploitation heureuse » n’a qu’un seul but : faire en sorte que le public soit encore plus à l’aise avec l’exploitation animale.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Comprendre la position welfariste

Réfléchissez à cela :

Joe la Brute frappe un petit enfant avec un gros bâton. Il s’empare alors d’un bâton légèrement plus petit, qui cause à l’enfant un peu moins de souffrance, et continue de le frapper.

Est-il mieux qu’il utilise un bâton plus petit ? Oui.

Il est toujours mieux de faire « moins mal » que « plus mal ». Mais « moins mal » ou « plus mal », ça reste mal.

Devrions-nous faire campagne pour inciter les brutes comme Joe à utiliser de plus petits bâtons lorsqu’ils brutalisent des enfants innocents ? Non, bien sûr que non.

Pourtant, c’est exactement ce que font les associations animalistes avec leurs campagnes de réforme du bien-être promouvant les œufs « sans cage », le porc « sans batterie », etc.

Devrions-nous faire l’éloge de Joe parce qu’il a fait un « pas minuscule » vers la non-brutalité en frappant l’enfant avec le bâton plus petit ? Non, bien sûr que non.

Pourtant, c’est exactement ce que font les associations pour le bien-être animal lorsqu’elles encouragent les gens à manger des œufs « sans cage » ou du porc « sans batterie », ou lorsqu’elles décernent des prix à des exploiteurs d’animaux.

Devrions-nous prétendre que ceux qui critiquent Joe parce qu’il frappe l’enfant avec un bâton plus petit ne sont pas « compassionnels » envers Joe puisqu’il a fait un « petit pas » dans la « bonne » direction ? Non, bien sûr que non.

Pourtant, c’est exactement ce que font les militants du bien-être animal : si nous disons que ceux qui consomment des produits d’origine animale « heureux » participent à une entreprise moralement injuste, nous ne faisons pas preuve de « compassion ».

Devrions-nous prétendre que ceux qui critiquent ce que Joe est en train de faire en frappant l’enfant avec un bâton plus petit « dénigrent » Joe ? Non, bien sûr que non.

Pourtant, c’est exactement ce que font les militants du bien-être animal. Si un abolitionniste dit à un welfariste ou à un groupe welfariste que promouvoir les œufs « sans cage » ou le porc « sans batterie » (ou tout autre produit d’un animal « heureux ») n’est pas une bonne idée, il est accusé de « dénigrer » la personne ou le groupe.

Le choix entre l’approche abolitionniste et l’approche welfariste est limpide. Vous n’avez plus qu’à décider où vous mène votre boussole morale.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Et n’adhérez jamais à cette idée absurde que nous devrions promouvoir l’ « exploitation heureuse » afin d’amener les gens au véganisme. C’est le contraire : l’industrie entière de l’ « exploitation heureuse » n’a qu’un but : celui de rendre le public plus à l’aise avec l’exploitation animale.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

C’est se moquer de Gandhi

Au Ve siècle, saint Augustin écrivit : « Cum dilectione hominum et odio vitiorum », qui signifie : « Avec amour de l’humanité et haine des péchés. » Gandhi la popularisa en disant : « Hais le péché et aime le pécheur. »

C’est un bon conseil. Nous ne devrions pas juger autrui, parce que nous ne pouvons pas véritablement voir en lui ou dans son cœur. En revanche, nous pouvons juger si une conduite est bonne ou mauvaise. Et lorsque ladite conduite implique d’imposer aux autres la souffrance et la mort, non seulement nous devrions la juger, mais nous en avons l’obligation. Voilà ce que signifie prendre la morale au sérieux.

En appliquant cela dans le contexte animal, nous pouvons dire, par exemple, que nous n’allons pas juger ceux qui se livrent à l’exploitation des animaux, mais que nous devons être clairs sur le fait que l’exploitation des animaux est moralement répréhensible.

C’est ce que je pense sur l’éthique animale. Juger autrui ne m’intéresse pas vraiment ; je suis plus intéressé par le fait d’expliquer pourquoi toute exploitation animale est moralement répréhensible, et que si les animaux comptent moralement, nous ne pouvons justifier de les manger, de les porter ou de les utiliser. Je suis plus intéressé par le fait de faire comprendre que si les animaux comptent vraiment moralement, le véganisme est la seule réponse rationnelle.

Les welfaristes semblent avoir un gros problème avec ça.

Ils pensent que non seulement nous ne devons pas juger les autres, mais en plus qu’il est mal de dire que la conduite consistant à exploiter les animaux est moralement répréhensible. Un welfariste dira que non seulement nous ne devons pas juger la personne qui, par exemple, consomme des œufs de poules en liberté, mais aussi que nous ne devons pas rejeter de tels œufs (qui impliquent toujours l’exploitation des animaux) parce que ce ne serait pas « compassionnel » envers la personne qui les consomme.

Un welfariste dira que non seulement nous ne devons pas juger le « végétarien » qui mange œufs et produits laitiers, mais aussi que nous ne devons pas dire que continuer à consommer de tels produits constitue l’exploitation animale, parce que c’est se comporter sans compassion ni empathie vis-à-vis des non-végans.

Chaque fois que je parle du véganisme comme devant être, sans équivoque, le principe moral de base, chaque fois que je rejette l’ « exploitation heureuse », j’entends le chœur des welfaristes chanter le mantra énonçant que critiquer le non-véganisme et l’ « exploitation heureuse », c’est agir sans compassion ni empathie envers ceux qui sont engagés dans l’exploitation animale.

Si vous pensez ainsi, c’est absurde. Les welfaristes ôtent tout sens au bon conseil de Gandhi (et d’Augustin) et le transforment en : « Aime le péché et aime le pécheur. » Les welfaristes voudraient que nous disions que l’exploitation animale ne doit pas être condamnée, parce que cela pourrait offenser ceux qui la pratiquent et les décourager d’arrêter.

Tout cela ne manifeste rien d’autre qu’un rejet de la valeur morale des animaux. Et c’est bien là le problème fondamental du welfarisme. Le welfarisme refuse l’idée d’égalité morale entre humains et non-humains, et renforce cet anthropocentrisme qui a justifié l’exploitation des animaux depuis des milliers d’années. C’est pourquoi Peter Singer, le soi-disant « père du mouvement des droits des animaux », peut, d’une part, parler de l’égalité de tous les animaux — humains et nonhumains — tout en traitant d’autre part le véganisme cohérent de « fanatique » et parler du « luxe » de manger des aliments d’origine animale « humainement » produits.

Les welfaristes se sont appropriés un mot merveilleux — compassion — et l’ont transformé en une approbation d’un comportement qui fait du mal. Selon eux, non seulement nous ne devons pas juger l’acteur, mais nous ne devons pas juger sa conduite.

Ne pas juger un comportement, ou ne pas le juger assez tôt, est ce qui a causé la plupart des catastrophes morales que nous avons connues tout au long de l’histoire. C’est ce qui est à la racine du problème de l’exploitation animale, et c’est pourquoi la réponse dominante à ce problème est le mouvement absurde et injuste de l’ « exploitation heureuse ».

Rien de tout cela n’a quoi que ce soit à voir avec la compassion, mais tout à voir avec l’approbation du pire, comme de déclarer que l’injustice est acceptable au nom de la compassion même.

Et c’est là une manière de penser profondément tordue.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Et n’adhérez jamais à cette idée absurde que nous devrions promouvoir l’ « exploitation heureuse » afin d’amener les gens au véganisme. C’est le contraire : l’industrie entière de l’ « exploitation heureuse » n’a qu’un but : celui de rendre le public plus à l’aise avec l’exploitation animale.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Valider l’exploitation animale

McDonald’s a annoncé un nouveau wrap végétarien non-végan.

Et certains groupes welfaristes, comme Vegan Outreach, de s’écrier « Progrès pour les animaux ! »

Un progrès ?

Je ne pense pas.

Réfléchissez-y : il y a, essentiellement, deux groupes de gens : (1) ceux qui sont moralement concernés par les animaux mais continuent de manger des aliments d’origine animale et d’utiliser des produits provenant des animaux ; (2) ceux qui considèrent vraiment les animaux comme des choses et ne s’en soucient pas.

Nous serons peut-être capables de changer le cœur et l’esprit de certaines personnes du second groupe, mais le premier groupe reste notre public-cible.

Et, par rapport à ceux qui se préoccupent moralement des animaux, nous ne devons jamais encourager la consommation d’aucun produit d’origine animale. Nous devons absolument faire comprendre que si nous considérons que les animaux ont une valeur morale, alors le véganisme est la seule réponse rationnelle. Nous ne devons pas promouvoir autre chose que le véganisme. Nous ne devons certainement pas encourager les gens à penser que nous sommes justes avec les animaux lorsque nous mangeons un wrap non-végan chez McDonald’s.

Si quelqu’un qui se soucie des animaux veut faire moins qu’être végan, ce devrait être son choix et non le résultat du discours de certains « défenseurs des animaux » qui donnent leur approbation à la consommation de produits d’origine animale.

Le nouveau produit McDonald’s n’est pas végan. Pour cette unique raison, les végans ne doivent pas le promouvoir, le vanter ou encourager sa consommation. Et il reste un mystère pour moi que les welfaristes puissent croire que soutenir McDonald’s est dans l’intérêt des animaux.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Et n’adhérez jamais à cette idée absurde que nous devrions promouvoir l’ « exploitation heureuse » afin d’amener les gens au véganisme. C’est le contraire : l’industrie entière de l’ « exploitation heureuse » n’a qu’un but : celui de rendre le public plus à l’aise avec l’exploitation animale.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Les réformes de bien-être animal, l’« exploitation heureuse » et le spécisme

Le problème : le traitement différent des humains et des non-humains

Je maintiens que si nous ne pouvons justifier moralement l’exploitation des animaux, alors nous ne devons pas nous faire les avocats d’une exploitation (soi-disant) plus « humaine » ou « heureuse ».

Certaines des raisons qui me conduisent à cette conviction sont d’un ordre plus pratique.

Par exemple, je ne pense pas que les réformes de bien-être, qui sont l’objet des campagnes welfaristes lancées par les grandes associations, fournissent la moindre protection significative aux animaux nonhumains. Si l’on prend l’exemple des poules pondeuses, je pense que la différence entre une cage de batterie traditionnelle et une cage « enrichie » équivaut à la différence qu’il y a entre la « torture » tout court et la « torture un poil moins dure » — au mieux. La mise en œuvre de ces « réformes », telles qu’elles sont, advient après une très longue période de temps, voire jamais. Et il se rencontre toujours des problèmes pour appliquer ces « réformes » et s’assurer qu’elles sont bien mises en œuvre.

En outre j’estime que la plupart d’entre elles verraient le jour de toute façon car elles cherchent à modifier des pratiques économiquement inefficaces (par exemple l’étourdissement électrique des poulets, délaissé au profit de l’étourdissement par atmosphère contrôlée ; l’élimination des box pour l’élevage des veaux de batterie au profit de petites unités sociales), ou, dans la mesure où elles augmentent les coûts de production, elles changent si peu de choses que l’industrie, au final, réalise des bénéfices (exemple des cages de batterie « améliorées »).

Les associations qui soutiennent les réformes de bien-être n’aident pas les animaux en présentant les produits soi-disant issus d’ « un plus grand bien-être » comme moralement acceptables et résultant d’une exploitation plus « compassionnelle ». Bien au contraire : cela a pour effet d’encourager les gens qui s’interrogent sur la légitimité qu’il y a à consommer les animaux à continuer de les consommer, au lieu de les amener à se concentrer sur le véganisme comme éthique de base et comme seule réponse claire — que ce soit aussi bien à l’échelle individuelle que sociale — au problème de l’exploitation animale. Par conséquent, poursuivre les réformes de bien-être a un effet contre-productif sur l’avancée du véganisme.

Dans cet article, je débattrai de certains de ces problèmes pratiques, mais je le ferai dans le contexte d’une exploration plus théorique afin de rejeter les réformes de bien-être — que je considère comme les manifestations d’un spécisme inhérent à l’approche welfariste.

Bien que les viols se produisent à une fréquence alarmante, nous n’avons pas de compagnes pour des viols « humains ». La pédophilie est endémique, mais nous ne faisons pas campagne pour une pédophilie « humaine ». L’esclavage existe dans plusieurs parties du monde et les gens mis en esclavage se comptent par millions, mais nous ne faisons pas campagne pour un esclavage « humain ».

En revanche, dès lors qu’il s’agit des animaux, de nombreux animalistes font campagne et promeuvent une exploitation (soi-disant) « humaine » ou « heureuse ».
Je considère cette conduite, qui diffère selon qu’il s’agisse d’humains ou de non-humains, comme problématique.

Un exemple : Quelle affaire ! 1,99 $ la livre de poulet « heureux »

Réfléchissons à l’exemple suivant.

Voici un panneau que j’ai vu à l’entrée du Whole Foods local :

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Outre la publicité qui vend un pauvre poulet dont la triste vie vaut apparemment 1,99 $ la livre, le panneau dit : « Global Animal Partnership, Niveau 2 de Bien-Etre : environnement enrichi ».

Le Global Animal Partnership est « un organisme de bienfaisance sans but lucratif fondé en 2008 » qui

rassemble des agriculteurs, des scientifiques, des éleveurs, des détaillants et des défenseurs des animaux — un groupe diversifié dont l’objectif commun est la volonté d’améliorer le bien-être des animaux dans l’agriculture. Notre programme de signatures, les Normes de Notation du Bien-Etre Animal en 5 Etapes (5-Step Animal Welfare Rating Standards), reconnaît et récompense les producteurs pour leurs pratiques de bien-être, promeut et facilite l’amélioration progressive, et informe mieux les consommateurs sur les systèmes de production qu’ils choisissent de soutenir.

Un « environnement enrichi » signifie que les poulets sont maintenus en intérieur mais qu’on leur fournit des choses telles que plates-formes et balles de foin, qui permettent à leur comportement naturel de s’exprimer.

Wayne Pacelle, PDG de la HSUS, est membre du Conseil d’administration du Global Animal Partnership.

Mais avant de critiquer HSUS, sachez que Pacelle n’est pas seul à soutenir le programme « exploitation heureuse » de Whole Foods. Dans le milieu des années 2000, lorsque Whole Foods a lancé ce programme, à peu près toutes les grandes associations animalistes aux Etats-Unis (PETA, Farm Sanctuary, Mercy For Animals, Compassion Over Killing, et Vegan Outreach) ont rejoint Peter Singer et HSUS en exprimant « gratitude et soutien » pour le programme « pionnier » Whole Foods de ce que j’appelle l’ « exploitation heureuse ».

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Whole Foods — fait compréhensible — a utilisé cette lettre à des fins de relations publiques. Peter Singer a été interrogé à ce sujet :

Comment ressentez-vous le fait que cette lettre figure dans la section relations publiques du site de Whole Foods, et que lorsqu’on l’interroge sur le traitement des animaux d’élevage et des normes humaines, John Mackey se réfère à elle ?

Singer a répondu :

Je n’ai aucun problème avec ça. J’appuie ce que dit la lettre et ils sont invités à l’utiliser. Je veux dire que nous leur avons écrit en nous attendant à ce qu’ils l’utilisent. Ce n’était pas seulement une lettre personnelle à John Mackey à ranger dans son classeur.

PETA a décerné un prix à Whole Foods :

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VegNews a mis le PDG de Whole Foods en couverture, a décerné une récompense à Mackey et a nommé Whole Foods « Magasin Préféré de Nourriture Naturelle » durant quatre années consécutives.

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Permettez-moi de dire clairement ici que je considère le partenariat entre Whole Foods et les défenseurs des animaux comme parfaitement obscène. Il est vraiment moralement répugnant. Pour la plupart d’entre nous, une telle chose ne serait jamais acceptable dans un contexte humain. Imaginez la promotion de certaines — de toutes — les versions « humaines » de la torture. Imaginez que l’on décerne des récompenses à des humains qui en auraient torturé d’autres, mais de manière plus « humaine ». Imaginez des déclarations publiques exprimant « gratitude et soutien » pour des tortures « pionnières ».

Ces choses-là sont difficiles à imaginer, car la plupart d’entre nous les excluraient dès le départ du moment que des humains sont concernés. Autrement dit, nous dirions que, même si c’est toujours mieux d’imposer moins que plus de souffrance, d’avoir moins que plus de torture, faire une campagne pour « humaniser » la torture — quand bien même une telle campagne pouvait la réduire légèrement — serait une mauvaise chose car elle omettrait le principal : il est mal de torturer les humains tout court. Il est impératif que nous soyons clairs quant au fait que notre opposition à la torture ne porte pas sur le fait de réduire la souffrance, mais sur l’affirmation d’un droit humain fondamental.

Mais ceux qui font la promotion des campagnes de bien-être animal et qui expriment « gratitude et soutien » aux programmes « pionniers » de l’ « exploitation heureuse » alors qu’ils ne soutiendraient pas de telles campagnes si des humains en étaient l’objet, ne font rien d’autre que cela : nier le droit moral fondamental des animaux nonhumains à ne pas être traités comme des ressources remplaçables.

Selon moi, c’est du spécisme : nous traitons l’exploitation humaine et l’exploitation nonhumaine de façon différente et nous n’avons aucune bonne raison de le faire.

Quelle surprise : les néowelfaristes sont en désaccord avec moi

Ceux qui soutiennent les réformes de bien-être ne sont évidemment pas d’accord avec moi. Ils m’affirment que les défenseurs des animaux doivent soutenir ces campagnes. En effet, dans un événement récent auquel j’ai assisté, Bruce Friedrich de Farm Sanctuary, anciennement à PETA (Farm Sanctuary et PETA sont signataires de la lettre d’amour de Singer à Whole Foods), m’a déclaré que, parce que je m’oppose à ces programmes, je suis « profondément spéciste ».

Ainsi, selon les partisans des réformes de bien-être, si je m’oppose au programme « exploitation heureuse » de Whole Foods, ou si je ne soutiens pas la campagne pour des cages en batterie « enrichies » promues par les United Egg Producers (premier groupe commercial de l’industrie des œufs) en partenariat avec HSUS, Mercy For Animals, Farm Sanctuary, Compassion Over Killing et d’autres, ou si je critique HSUS et Mercy For Animals parce qu’ils promeuvent le porc « hors batterie » comme une « bonne chose », je ne suis pas seulement spéciste, je suis « profondément spéciste ».

Voilà une déclaration étrange s’il en fut jamais.

Est-ce à dire que ces réformistes seraient favorables à des campagnes pour le viol, la pédophilie ou l’esclavage « humains » ?

D’une manière générale, aucun d’entre eux n’est prêt à dire qu’il soutiendrait de telles campagnes si des humains étaient impliqués.

Aussi, comment les protecteurs des animaux répondent-ils à ma question de savoir pourquoi nous soutenons les campagnes pour les réformes de bien-être et l’ « exploitation heureuse » mais pas les campagnes pour un viol, une pédophilie ou un esclavage plus « humains » ? Autrement dit, comment évitent-ils la très limpide réalité suivante : à savoir que nous traitons les situations impliquant les non-humains différemment de la façon dont nous traitons celles impliquant les humains ?

Les réformistes répondent généralement que l’exploitation animale est omniprésente et acceptée, tandis que le viol, la pédophilie et l’esclavage sont tous rejetés et peu répandus, étant donné qu’il existe déjà contre ces pratiques de solides normes morales et que les lois les interdisent. Ils affirment que des campagnes qui feraient la promotion du viol, de la pédophilie ou de l’esclavage « humains » affaibliraient ces normes et ces lois, tandis qu’il n’existe pas de normes fortes contre l’exploitation des animaux, pas de lois interdisant leur maltraitance dans la plupart des circonstances, et que par conséquent les réformes de bien-être et les programmes d’ « exploitation heureuse » ne pourront que renforcer ces normes et se traduire par de nouvelles lois.

Cet argument ne tient pas.

Des campagnes pour rendre les violations des droits fondamentaux plus « humaines » versus des campagnes pour étendre les droits des personnes

En ce qui concerne la prétendue solidité des normes et des lois contre le viol, la pédophilie et l’esclavage, je doute que la plupart des victimes de ces trois fléaux en soient d’accord.

Quelles que soient les normes et les lois existantes, la réalité est qu’il y a encore énormément de viols et autres agressions sexuelles. Une Américaine sur six a été victime de viol ou de tentative de viol, et le viol comme les autres formes de violences sexuelles sont souvent non déclarées.

Chaque année, on dénombre environ 6 millions d’enfants abusés. Encore une fois, il est impossible de savoir le nombre exact d’actes pédophiles. Mais il y en a énormément.

Et bien que l’esclavage soit interdit dans tous les pays et par les normes du droit coutumier international, il y a environ 27 millions d’esclaves dans le monde — plus que jamais dans l’histoire humaine.

Beaucoup de gens croient que si des lois existent qui interdisent une pratique, cela signifie qu’une norme morale existe contre cette pratique et qu’elle advient rarement. C’est tout simplement faux et cela reflète une compréhension naïve de la loi. Pensez-y. Il y a des lois contre les excès de vitesse. Avez-vous conduit ces derniers temps ? De même, alors que nous avons de nombreuses lois contre le viol, la pédophilie et l’esclavage, ces pratiques non seulement perdurent mais se produisent fréquemment et ne sont pas punies.

Par ailleurs, tout comme il existe des normes contre le viol, la pédophilie et l’esclavage, et des lois qui les interdisent, il existe aussi une très forte norme contre la cruauté envers les animaux et des lois qui interdisent de les maltraiter. Les welfaristes esquivent la question en posant que les campagnes pour le bien-être et les programmes d’ « exploitation heureuse » renforceront la norme contre l’utilisation des animaux. Au contraire, il y a toutes les raisons de croire qu’elles auront l’effet inverse et renforceront l’idée que l’on peut « humainement » utiliser/exploiter les animaux si nous promulguons les réformes de bien-être et exigeons pour eux un traitement plus « humain ».

Les welfaristes pensent que la différence entre les campagnes pour un viol « humain » et les campagnes pour une exploitation « humaine » des animaux repose en grande partie sur le fait que l’exploitation des femmes, des enfants ou des esclaves n’est pas aussi répandue que l’exploitation animale. De fait, avec 7 milliards d’humains vivant sur ​​la planète et 1000 milliards d’animaux tués par an pour la seule nourriture, il ne serait guère possible que la valeur quantitative soit la même ! Donc, je ne nie pas qu’il y ait une énorme différence quantitative entre le taux de violences interhumaines de toutes sortes et le taux de violence contre les animaux. Mais le fait est qu’en dépit des normes et des lois qui condamnent toutes ces pratiques, celles-ci ont toujours court, non en tant qu’exceptions mais comme une part « normale » de la vie quotidienne.

Par conséquent, il y a des gens — beaucoup de gens — qui souffrent du viol, de la pédophilie et de l’esclavage.

Pourquoi, dès lors, ne pas faire campagne en faveur d’une forme de viol « moins violent », de pédophilie « plus douce » ou d’esclavage plus « humain » ?

Après tout, les réformistes affirment qu’en promouvant les réformes de bien-être, nous devons nous demander : la souffrance animale exige-t-elle maintenant cette réforme ? Si la réponse est « oui », alors pour eux nous devons les soutenir.

Mettons de côté le fait que celles-ci entrent généralement en vigueur (si c’est le cas) de nombreuses années après leur promulgation. Donc si je traduis bien ce « test », il signifie que nous nous demandons, en 2013 : « une poule en 2023 préfère-t-elle être dans une cage de batterie ‘enrichie’ ou dans une cage de batterie conventionnelle ? » C’est là un questionnement fort étrange, que nous allons appliquer au viol, à la pédophilie et à l’esclavage.

Une femme violée par un violeur brutal préfèrera-t-elle l’être par un violeur moins brutal ?

Oui, bien sûr.

Un enfant abusé préfèrera-t-il être abusé moins souvent ou moins cruellement ?

Oui, bien sûr.

Un esclave préfèrera-t-il être traité moins durement ?

Oui, bien sûr.

Ainsi, selon cette idée, nous devons soutenir les campagnes visant à inciter les gens à être moins brutaux et plus « humains » quand ils entreprennent des actes auxquels, en dépit des lois, beaucoup vont se livrer de toute façon.

Mais bien que nous soyons tous d’accord sur le fait que moins de souffrance soit préférable à plus de souffrance, la plupart d’entre nous ne soutiendraient pas ce genre de campagnes. Pourquoi ?

C’est facile. Parce que le viol, la pédophilie et l’esclavage sont des choses qui ne devraient pas advenir du tout. Le viol, la pédophilie et l’esclavage impliquent tous la violation des droits fondamentaux que quiconque possédant le statut moral de personne doit avoir. Les droits fondamentaux sont les droits à poursuivre son existence, à ne pas subir de torture, de viol, de mutilation, etc.

La plupart d’entre nous sont révulsés par l’idée qu’il pourrait exister des campagnes visant à rendre les violations de ces droits fondamentaux plus « humaines ». C’est une chose que de rechercher des améliorations graduelles une fois achevée la conquête des droits fondamentaux pour nous occuper de droits qui peuvent encore être très importants mais ne sont pas fondamentaux de la façon dont les droits à la vie et à la sécurité physique le sont ; c’en est une autre que de faire campagne pour une torture, un viol, une pédophilie, un esclavage, etc., plus « humains ».

Afin de bien voir la différence, nous allons examiner les deux campagnes suivantes. Campagne 1 est une campagne visant à garantir le droit de conduire aux femmes dans un pays, l’Arabie Saoudite, qui le leur interdit en raison d’interprétations religieuses. Campagne 2 est une campagne visant à rendre plus humaine la lapidation des femmes en Arabie Saoudite accusées de parler avec un homme qui n’est pas leur mari.

Notre intuition nous dit que soutenir une campagne pour le droit de conduire est acceptable, surtout si elle est couplée avec une demande claire et sans équivoque pour l’égalité complète des femmes. Mais une campagne pour une lapidation « humaine » ? Non. Notre intuition nous dit qu’une telle campagne est moralement inacceptable et que la seule position à prendre est qu’aucune femme ne doit être lapidée tout court. Quand il s’agit de ce genre de situations, nous ne pensons pas en termes de réduction de la souffrance : nous pensons en termes d’interdiction et nous voulons envoyer le message très clair suivant : le droit à ne pas être lapidée pour avoir parlé avec un homme est un droit qui ne peut être compromis.

Il serait tout simplement obscène d’avoir une campagne en faveur d’une lapidation plus « humaine » couplée à une lettre publique, rédigée par des militants des droits humains, exprimant « gratitude et soutien » aux auteurs des lapidations pour leurs méthodes « pionnières » en la matière.

De la même façon, comparons une campagne invitant un dictateur à torturer plus « humainement » les prisonniers politiques avec une campagne encourageant le même dictateur à monter des procès équitables et assurer la protection due à ces prisonniers. Dans le premier cas, la campagne cherche à rendre la violation du droit fondamental à la sécurité physique plus « humaine ». Dans le second, la campagne vise à franchir un pas supplémentaire vers la justice pour un groupe particulier.

Pouvez-vous imaginer une campagne demandant des supplices plus « doux », décernant au dictateur un prix pour ses méthodes de torture « humaines » et mettant celui-ci en couverture d’un magazine dédié aux droits humains sur un mode dithyrambique ?

Il ne fait aucun doute qu’il existe une différence entre une campagne visant à rendre l’esclavage plus « humain » en limitant le nombre de coups infligés aux esclaves, et une campagne cherchant à étendre et protéger le droit de vote pour les groupes minoritaires qui ne sont pas esclaves et sont considérés moralement et juridiquement comme des personnes, et pour lesquels nous cherchons la justice et l’égalité. Il ne fait aucun doute qu’il existe une différence entre une campagne pour un viol « humain » et une campagne pour la pleine égalité des droits pour les femmes. Il ne fait aucun doute qu’il existe une différence entre une campagne pour une pédophilie plus « humaine » et une campagne pour une meilleure éducation publique des enfants issus de milieux économiquement défavorisés.

Dans la première partie de chacun des ensembles ci-dessus, la campagne vise une violation plus « humaine » des droits fondamentaux des êtres qui sont traités comme des choses. Dans la seconde, la campagne vise à assurer une plus grande protection aux êtres qui sont considérés comme des personnes mais faisant l’objet d’une injustice ou d’une inégalité.

Les animaux nonhumains, qui sont élevés et tués pour l’usage des humains, sont, de manière institutionnelle, privés de leurs droits fondamentaux à la vie et à la sécurité physique. Ils se trouvent dans une situation similaire à celle des esclaves en ce qu’ils sont des biens meubles — des choses — qui n’ont pas de valeur intrinsèque. Ils ont seulement la valeur extrinsèque que nous, leurs propriétaires, leur donnons. Les animaux nonhumains sont dans une situation similaire à celle des victimes des camps de concentration, dont la détention et le sacrifice sont rationalisés afin d’être aussi mécanisés et efficaces que possible. Ils sont victimes d’une exploitation institutionnelle où l’institution existe pour les priver de leurs droits fondamentaux et nier leur statut de personnes morales.

La plupart d’entre nous estiment que ce ne serait pas une bonne idée du tout que de faire campagne pour un esclavage ou des camps de concentration plus « humains ». Et nous n’aurions certainement pas fait de déclarations publiques louant les propriétaires d’esclaves et leur exprimant « gratitude et soutien », ni qualifié les méthodes de confinement et d’exécution dans les camps de concentration de « pionnières ».

Pourtant, la plupart des grandes associations animalistes des Etats-Unis, d’Amérique du Sud, d’Europe, d’Australie, etc., font précisément cela. Ils promeuvent des campagnes en faveur de violations plus « humaines » des droits moraux des animaux. Ce qu’ils font est analogue au fait de faire campagne pour une lapidation plus « humaine ». Une campagne pour des cages de batterie « enrichies » ou pour le meurtre des poulets par atmosphère contrôlée ne peut s’apparenter ni à une campagne pour le droit de conduire des femmes en Arabie Saoudite (qui est une étape vers la pleine égalité des personnes), ni aux programmes de discrimination positive, ni aux programmes visant à améliorer et augmenter les prestations de Medicaid.

Non, je ne suis pas pour plus de souffrance animale

Les réformistes affirment que s’opposer à leurs campagnes d’« exploitation heureuse » équivaut à s’opposer à soulager la souffrance des animaux. C’est tout simplement absurde. En mettant de côté le fait que j’estime que ces réformes de bien-être ne contribuent guère à accroître la protection des animaux, je ne soutiens pas davantage ces campagnes que je ne soutiendrais une lapidation plus « humaine » des femmes ou une pédophilie plus « douce ». Une lapidation plus « humaine » et une pédophilie plus « douce » peuvent réduire un peu la souffrance des victimes, mais ce serait au prix de l’acceptation du fait que les institutions existant à seule fin de nier les droits moraux fondamentaux peuvent être « améliorées ». Or elles ne peuvent l’être.

Les réformistes prétendent que parce que je me suis opposé à la Proposition 2 en 2008, j’étais pour que les poules pondeuses en Californie souffrent plus. C’est tout simplement absurde. Je me suis opposé à la Proposition 2 parce que je rejette l’approche welfariste et que j’estimais qu’il était important de prendre position contre les campagnes de bien-être qui sont devenues une caractéristique omniprésente du mouvement animaliste moderne. Comme je l’ai dit à l’époque :

La Proposition 2, si elle est adoptée, ne fera que rendre le public plus à l’aise par rapport à l’exploitation animale et entraînera son augmentation. Les animaux continueront d’être torturés ; la seule différence sera que la torture portera le sceau d’approbation de HSUS, de Farm Sanctuary et des autres organismes de protection animale qui font la promotion de la Proposition 2. Il est révélateur qu’environ 100 organisations agricoles soutiennent la proposition 2. Pourquoi à votre avis ? La réponse est simple : ces producteurs croient que la Proposition 2 aidera leurs « performances ». Et elle le fera.

et :

Il est important pour les défenseurs des animaux d’envoyer un message clair à HSUS, à Farm Sanctuary et aux autres associations concernées en leur disant de cesser de promouvoir des mesures telles que la Proposition 2. Si HSUS est vraiment préoccupée par la souffrance animale, alors elle devrait peut-être consacrer une grosse partie de ses 223 millions de dollars d’actifs et 124 millions de dollars de recettes à l’éducation végane. Le véganisme réduit la demande en produits d’origine animale et contribue à changer les attitudes sociales en battant en brèche l’idée qu’il est moralement acceptable d’utiliser les animaux aussi longtemps que nous le faisons « humainement ». Cette vision des choses ne conduit à rien sinon à poursuivre et intensifier l’utilisation des animaux. Il est temps que leurs « défenseurs » lui tournent le dos.

Si les défenseurs des animaux sont tenus de ne pas s’opposer à ces campagnes, alors les grandes associations welfaristes vont tout simplement les poursuivre. Ne pas s’opposer à ces campagnes, c’est soutenir l’ « exploitation heureuse ». Je refuse de soutenir l’ « exploitation heureuse ».

Les réformistes affirment que si je ne soutiens pas la campagne pour la reconnaissance des grands singes ou des dauphins comme « personnes », je suis pour que ces non-humains continuent de souffrir. C’est tout simplement absurde. Je ne peux pas plus soutenir une telle campagne, qui conditionne l’évolution des animaux du statut de « chose » à celui de « personne » à la possession de caractéristiques humaines, que je ne pourrais soutenir une campagne contre l’esclavage humain qui n’accorderait le statut de personne uniquement aux esclaves à peau claire ou possédant un certain pourcentage de globules blancs. Je suis pour que tous les grands singes de chaque laboratoire et zoo, et tous les dauphins de chaque parc d’attractions soient libérés, mais je ne soutiendrai pas une campagne posant que le statut moral d’un être dépend de sa possession de caractéristiques humaines — a fortiori lorsque ces campagnes sont promues par des gens qui ne sont même pas végans (c’est souvent le cas) ou qui vont se trahir en disant que le fait d’être une personne est lié à des caractéristiques au-delà de la sentience et que d’autres animaux qui sont sentients, mais n’ont pas ces caractéristiques « spéciales » (c’est-à-dire de type humain) ne comptent pas comme personnes.

Les réformistes : « Les campagnes de réforme du bien-être ne signifient pas approuver le fait de consommer des produits animaux »

Non seulement les réformistes font campagne pour « améliorer » les violations d’un droit fondamental, mais encore prétendent-ils ne pas délivrer de sceau d’approbation pour une exploitation des animaux plus « humaine » ou « améliorée » qui résulte (soi-disant) de la mise en œuvre de la réforme.

C’est tout simplement absurde.

Comment leurs campagnes pourraient-elles ne pas délivrer de sceau d’approbation aux soi-disant « meilleures » formes d’exploitation qui en découlent?

Permettez-moi de dire aussi simplement que possible ce qui doit paraître évident aux yeux de quiconque réfléchit un instant : lorsque vous décernez des prix aux exploiteurs, lorsque vous produisez publiquement des lettres qui les félicitent, lorsque vous parrainez ou promouvez des labels « exploitation heureuse », lorsque vous les célébrez sur les couvertures des magazines et ​​les sites de médias sociaux en demandant à vos sympathisants de donner des « bravos » ou des « soutiens » aux exploiteurs, vous appliquez de fait un sceau d’approbation sur une exploitation des animaux soi-disant plus « douce ». Et il est absurde de prétendre le contraire.

Question : quand quelqu’un voit la pub Whole Foods pour le poulet bio à 1,99 $ la livre flanqué d’un « Niveau de Bien-Etre » de 2, vérifie le Global Animal Partnership pour constater qu’il a le PDG de HSUS sur son conseil d’administration, et lit que PETA, HSUS, Mercy For Animals, Compassion Over Killing, Vegan Outreach, etc., ont tous exprimé publiquement « gratitude et soutien » au programme « pionnier » d’ « exploitation heureuse » de Whole Foods et décerné des prix à Whole Foods comme à son PDG, que pourra bien penser cette personne ?

Réponse : elle pensera exactement ce que toute personne sensée et rationnelle penserait : que les animalistes, qui sont les « experts » et qui ont à l’esprit les intérêts supérieurs des animaux, approuvent les produits d’origine animale que Whole Foods lui vend ; qu’elle doit acheter ces produits. Elle peut penser que ces groupes souhaiteraient idéalement qu’elle devienne « veg » en définitive, mais elle ne peut tout simplement éviter de penser que les « experts » lui disent qu’elle se comporte de façon morale en achetant les produits animaux « heureux » de Whole Foods.

Le récent article de Bruce Friedrich sur les œufs de poules élevées en cage conclut :

« Jusqu’à présent, la seule chaîne d’épicerie à avoir banni la vente d’œufs provenant de poules en cage est Whole Foods. La seule chaîne de restaurant ayant promis de les bannir de leur chaîne d’approvisionnement est Burger King (pour 2017). Ces compagnies méritent des applaudissements pour leurs progrès. Ces types de cages vont également être illégaux en Californie en 2015 et dans le Michigan en 2019, et la loi concernant leur interdiction sera bientôt introduite dans le Massachusetts (si vous vivez dans cet Etat, consultez FarmSanctuary.org pour les mises à jour).

Chez Farm Sanctuary, nous passons notre vie avec des animaux d’élevage, et sous aucun prétexte nous ne les mangerions ou mangerions leurs œufs. Nous refusons la maltraitance que subissent les poules dans tous les types d’élevage, y compris en plein air et en cages enrichies. Mais nous travaillons également à abolir les pires abus subis par les animaux d’élevage, et il est difficile d’imaginer pire que les cages de batterie stériles et exiguës où 250 millions de poules sont obligées de passer leur vie.

Les cages de batterie doivent disparaître. »

En mettant de côté le fait que Friedrich fait actuellement campagne, avec HSUS, pour une loi nationale qui ferait des cages de batterie « enrichies » la norme nationale, son message est encore terriblement confus. Comme quelqu’un l’a fait remarquer :

« Bien, alors que dois-je faire en premier ?… Ne plus soutenir le massacre des poulets en devenant végan, ou écrire une lettre de remerciements à Burger King et Whole Foods pour continuer à soutenir ce massacre ? »

Exactement. Le message que Friedrich envoie est le suivant : ne pas du tout manger d’œufs est une posture qui relève de l’idéal, et le fait qu’il y ait des étapes progressives, telles que le plein air ou les cages de batterie « enrichies », est moralement acceptable.

L’automne dernier, PETA revendiquait le fait de ne pas approuver « l’exploitation heureuse ». Mais, comme je l’ai fait remarquer, ce démenti sonne creux alors que PETA est activement engagée dans toutes sortes de partenariats avec des exploiteurs institutionnels, les louange, leur décerne des récompenses, etc.

Et le programme d’ « exploitation heureuse » de Whole Foods n’est pas le seul qui soit encouragé par les défenseurs des animaux. Il y a d’autres cas similaires.

Par exemple, Humane Farm Animal Care (HFAC), avec ses partenaires HSUS, American Society for the Prevention of Cruelty to Animals (ASPCA), World Society for the Protection of Animals (WSPA) et d’autres, soutiennent le label « Certified Humane Raised & Handled ».

CertifiedHumaneSelon la présentation :

« Humane Farm Animal Care (HFAC) est le premier organisme de certification à but non lucratif dédié à l’amélioration de la vie des animaux d’élevage dans la production alimentaire, de la naissance à l’abattage. L’objectif du programme est d’améliorer la vie des animaux d’élevage en amenant le consommateur à demander des pratiques d’élevage plus respectueuses et responsables. Quand vous voyez le label Certified Humane Raised and Handled sur un produit, vous pouvez être sûr que le produit alimentaire vient d’infrastructures qui répondent aux normes précises et objectives du traitement des animaux d’élevage. »

Ceci n’est pas une « approbation » des produits portant le label Certified Humane. Vraiment ? Je ne suis pas d’accord.

La Humane Society International, une branche de HSUS, a lancé un label « Humane Choice » en Australie qui prétend « vouloir garantir au consommateur que l’animal a été traité avec respect et soin, de sa naissance à sa mort ».

HumaneChoiceSelon HSI/HSUS :

« Avec la récente publicité sur les produits libre-parcours et les revendications en matière d’étiquetage des denrées alimentaires, cette initiative importante ne pouvait pas attendre plus longtemps. Le label Humane Choice couvrira dans un premier temps les bœuf, porc, agneau, poulet libre-parcours et garantira au consommateur que l’animal a été traité avec respect et soin, de sa naissance à sa mort. Cette philosophie peut être appliquée à l’ensemble de l’élevage en étendant ces valeurs à tous les animaux dans le programme d’accréditation du label Humane Choice.

Le label Humane Choice True Free Range signifiera que l’animal a eu la meilleure vie et la meilleure mort pouvant être offertes à un animal d’élevage. Fondamentalement, il vivra son existence comme il l’aurait fait à la ferme du « Old McDonald », né et élevé en pâturage et pouvant satisfaire ses besoins comportementaux, comme fourrager et se déplacer sans cage ni attache, avec un libre accès à l’extérieur, de l’ombre quand il fait chaud, un abri quand il fait froid, une bonne alimentation et une mort humaine. »

Ceci n’est pas une « approbation » des produits portant le label Certified Humane. Vraiment ? Je ne suis pas d’accord.

La RSPCA en Grande-Bretagne possède le label Freedom Food, qui est « le label de qualité et le système d’étiquetage alimentaire de la RSPCA. Il vise à améliorer le bien-être des animaux élevés pour notre alimentation. Freedom Food évalue les élevages selon les normes strictes de la RSPCA et s’ils répondent à tous les critères, ils peuvent alors utiliser le label Freedom Food sur leur produit ». Il est « le seul label qualité d’aliments fermiers à être reconnu à la fois au niveau du Royaume-Uni et de l’UE comme preuve d’un bien-être animal supérieur. »

Freedom Food est « le label de qualité et le système d’étiquetage alimentaire de la RSPCA, le seul label de qualité à être reconnu à la fois au niveau du Royaume-Uni et de l’Union Européenne comme preuve d’un bien-être animal supérieur. »

RSPCAFFLa RSPCA déclare :

« Nous savons que la majorité des gens — plus de 70% — se préoccupent du bien-être des animaux d’élevage sans savoir quoi faire. C’est pourquoi nous travaillons avec les détaillants (supermarchés, dépanneurs, vente à la ferme) à augmenter la visibilité de Freedom Food sur le point de vente. Nous travaillons aussi avec les marques de produits alimentaires, chefs cuisiniers, restaurateurs et entreprises de services alimentaires : nous les encourageons à acheter des produits provenant d’élevages approuvés par Freedom Food ou les aidons à amener leurs fournisseurs au niveau approuvé par Freedom Food de sorte qu’il soit facile pour nous, en tant que consommateurs, de choisir l’option de bien-être la plus élevée. »

Ceci n’est pas une « approbation » des produits portant le label Certified Humane. Vraiment ? Je ne suis pas d’accord.

La RSPCA, la plus traditionnelle des associations welfaristes, ne serait probablement pas d’accord avec le fait qu’on lui fasse remarquer qu’elle approuve littéralement la consommation de produits animaux. Mais le fait est qu’il y a toute une armée de protecteurs qui encourage les gens à croire qu’il existe des produits d’origine animale « heureux » et que les gens qui se soucient des animaux doivent consommer ces produits avec plus (la RSPCA) ou moins (Farm Sanctuary, PeTA, Mercy For Animals, HSUS) bonne conscience. Plutôt que de remettre en question la croyance selon laquelle les humains doivent consommer des produits d’origine animale, ces associations animalistes renforcent l’idée que les humains peuvent consommer des produits d’origine animale pour autant que les animaux soient traités « humainement ».

Une autre association britannique, Compassion in World Farming, a attribué le « Good Egg Awards » à des compagnies telles que McDonald’s en les félicitant de leur utilisation d’œufs de poules « sans cage ».

GoodEggLe CIWF décerne une vaste gamme de récompenses pour les poulets, porcs, produits laitiers « heureux » :

« A travers notre programme Good Farm Animal Welfare Awards, nous nous engageons et récompensons des leaders d’entreprises alimentaires à travers l’Europe pour leur politique ou leurs engagements actuels entraînant un impact positif sur le bien-être des animaux d’élevage dans leurs chaînes d’approvisionnement.

Depuis 2007, nous menons notre programme phare, le Good Egg Award, pour célébrer les entreprises qui se fournissent uniquement en œufs de poules sans cage. Nous avons maintenant étendu le programme en lançant le Good Chicken Award en 2010, le Good Dairy Award en 2011 et le Good Pig Award en 2012.

Nous récompensons les entreprises qui sont engagées dans la mise en œuvre de changements substantiels et font des progrès dans leurs approvisionnements en viande, œufs et produits laitiers en travaillant conjointement avec nous afin de répondre à l’ensemble précis de critères permettant d’obtenir la récompense. »

Voici une liste des gagnants du prix CIWF. Consultez cette liste. Selon moi, elle est à couper le souffle. Elle comprend à peu près tous les grands exploiteurs d’animaux de la planète.

Ceci n’est pas une « approbation » des produits portant le label Certified Humane. Vraiment ? Je ne suis pas d’accord.

Les welfaristes aiment recourir à des exemples tels qu’Amnesty International qui promeuvent de meilleures conditions d’emprisonnement pour les condamnés à mort alors qu’ils luttent dans le même temps pour l’abolition de la peine de mort. Un prisonnier condamné à mort est une personne qui, après avoir été reconnue coupable sans aucun doute par un jury, d’avoir commis un crime, a, en vertu des lois propres à certaines parties du monde, perdu son droit à l’existence, mais dispose de son droit à disposer de tous ses autres intérêts. Mais encore une fois, Amnesty International ne promeut pas les réformes d’emprisonnement comme étant « novatrices » ni ne place aucune sorte de cachet d’approbation sur eux.

Or c’est exactement ce que font les welfaristes. Et les animaux n’ont même pas commis de crime.

Les réformistes : « Bien que nous militions pour un esclavage ‘heureux’, nous sommes réellement abolitionnistes »

Les réformistes non seulement soutiennent que les campagnes de bien-être ne signifient pas approuver les produits « respectueux » que les réformes sont supposées produire, mais que ces campagnes sont réellement « abolitionnistes ». Ils affirment chercher explicitement à mettre fin à toute exploitation animale.

Réponse courte : c’est un non-sens.

Dans tous les cas cités, qui impliquent un grand nombre d’associations majeures des Etats-Unis et de Grande-Bretagne, les défenseurs des animaux n’appellent pas à la fin de l’exploitation animale. Au contraire, ils promeuvent des projets dont ils affirment qu’ils aideront les exploiteurs à devenir plus efficaces et moralement acceptables.

Le Global Animal Partnership, qui a développé le programme d’ « exploitation heureuse » de Whole Foods que Whole Foods utilise, travaille avec Farm Forward, une organisation qui travaille avec les défenseurs des animaux et l’industrie en vue « d’aligner les besoins des sociétés pour l’efficacité et la rentabilité avec des méthodes de production qui favorisent la durabilité et le bien-être animal. » Les membres du bureau de Farm Forward incluent Mackey, le PDG de Whole Foods et l’auteur « viande heureuse » Jonathan Safran Foer. Selon Bruce Friedrich de Farm Sanctuary, qui officiait autrefois à PETA, « Farm Forward a été absolument essentiel pour renforcer l’habileté de PETA à influencer et négocier efficacement avec les sociétés. »

Imaginez travailler avec des propriétaires d’esclaves qui profitent de la traite pour « aligner les besoins des vendeurs d’esclaves pour l’efficacité et la rentabilité avec des méthodes de production qui favorisent le bien-être des esclaves. » Cela ne me paraît pas abolitionniste. En fait, cela a tout l’air d’un partenariat entre les défenseurs des animaux et les exploiteurs afin d’améliorer le rendement économique de l’exploitation animale.

HSUS a un programme impliquant Global Animal Partnership, American Grassfed Association et le label viande « heureuse » Certified Humane Raised and Handled afin d’aider les agriculteurs à « ajouter de la valeur à [leur] produit ! »

HSUSGlobalAnimalAinsi donc, les défenseurs des animaux travaillent avec les agriculteurs afin de les aider à « ajouter de la valeur à [leur] produit ! »

S’il vous plaît, ne me dites pas que les réformes de bien-être ne rendent pas l’industrie plus rentable ou que quelque chose en elles est abolitionniste. Au contraire.
Ceux qui promeuvent le label Certified Humane Raised and Handled déclarent :

« Il semble que presque chaque semaine un nouveau livre, film, reportage télévisé ou article de presse soulève des questions concernant la façon dont les animaux d’élevage sont traités. Par conséquent, l’intérêt des consommateurs pour les produits d’animaux élevés humainement a grandi brusquement.

Le programme Certified Humane® est la meilleure façon pour vous de placer viande, volaille, œufs et produits laitiers et d’exploiter cette demande croissante. Quand vous devenez certifié, vous obtenez la crédibilité de l’inspection par l’organisation à but non lucratif Humane Farm Animal Care. Et vous touchez des millions de clients potentiels à travers nos partisans d’une société humaine et l’ample couverture médiatique que génère Certified Humane®. »

et

« Notre promotion et notre publicité touchent des millions de consommateurs. Nos supporters ont près de 20 millions d’électeurs qui constituent le cœur du marché pour ces produits. Les organisations humaines promeuvent le programme Certified Humane® sur leurs sites internet, dans leurs publications, le publipostage ciblé et les refuges pour animaux à travers le pays.

Elles sont constituées de militants qui recommandent les produits — vos produits — Certified Humane® à leurs amis et leur famille. De nombreux commerçants reçoivent des demandes de ces militants désireux d’acheter des produits humains et de les partager avec d’autres.

Votre influence s’étendra par-delà ce noyau. De nombreuses publications ont présenté le programme Certified Humane®, y compris USA Today, Good Housekeeping, Vanity Fair, Time Magazine, Saveur and Self.

Le site Internet Certified Humane® reçoit en moyenne plus de 12000 visiteurs uniques par mois. Il fournit des informations sur les produits qui sont disponibles et dit où les acheter. Par conséquent, davantage de consommateurs, de commerçants et de restaurateurs vous trouveront, vous et vos produits. »

et

« Certified Humane® fait de la publicité aux revendeurs qui ont des produits Certified Humane® dans leurs magasins. En raison de la demande des consommateurs qui voulaient savoir où ils pouvaient acheter des produits Certified Humane®, nous avons créé une base de données consultable sur notre site internet :

* La section « Where to Buy » de notre site Web reçoit plus de 12000 nouveaux visiteurs uniques par mois, et 11000 visiteurs reviennent chaque mois.

* Un e-mail permet aux consommateurs connaissant certains revendeurs qui disposent de produits Certified Humane® de le signaler. »

Cela ne me paraît pas très abolitionniste. En fait, cela a tout l’air d’un partenariat entre les défenseurs des animaux et les exploiteurs afin d’améliorer le rendement économique de l’exploitation animale.

La RSPCA fait la promotion des bénéfices économiques de son logo Freedom Food, déclarant:

« En dépit de l’incertitude économique, la demande des consommateurs pour des normes supérieures en matière de bien-être des animaux d’élevage continue de grandir. Le label de qualité pour produits fermiers de Freedom Food peut vous aider à bénéficier de l’avantage de cette tendance en différenciant votre entreprise de vos concurrents et ajouter de la valeur à vos produits. »

« Ajouter de la valeur à vos produits » ? Cela ne me paraît pas abolitionniste. En fait, cela m’a tout l’air d’un partenariat entre les défenseurs des animaux et les exploiteurs afin d’améliorer le rendement économique de l’exploitation animale.

CIWF a créé un programme de partenariat explicite avec des exploiteurs institutionnels appelé le Food Business Team :

Depuis son lancement en 2007, le programme Food Business Team de Compassion in World Farming a initié une approche unique de partenariat avec l’industrie alimentaire, obtenant de bons résultats. Certaines des plus importantes compagnies alimentaires du monde en font partie et des millions d’animaux en ont déjà bénéficié.

Nous avons une équipe de spécialistes engagée aux côtés des plus grandes compagnies alimentaires, inspirant le progrès à travers des prix prestigieux, soutenant les produits et les initiatives qui représentent des bénéfices tangibles pour les animaux d’élevage tout comme des avantages en matière d’innovation et de compétitivité pour les entreprises.

Notre siège social est basé au Royaume-Uni et nous avons des gestionnaires opérant en France, en Italie et en Allemagne.

CIWF agit en effet comme une firme de relations publiques pour soutenir l’utilisation des animaux par des dizaines d’exploiteurs institutionnels.

Imaginez-vous soutenir l’esclavage via votre firme de relations publiques. Cela ne me paraît pas abolitionniste. En fait, cela m’a tout l’air d’un partenariat avec l’institution esclavagiste.

Le fait que les défenseurs des animaux qui soutiennent ces campagnes puissent vouloir ou prétendre vouloir mettre fin à toute exploitation animale ne masque pas le fait que ces campagnes sont tout sauf abolitionnistes.

L’éleveur de porcs Joe Maxwell est vice-président d’Humane Society of the U.S. :

JoeMaxwellSelon Maxwell :

« Chez HSUS, nous soutenons les agriculteurs et les éleveurs qui sont respectueux de l’environnement et des animaux : en tant qu’agriculteur du Missouri de la quatrième génération, je suis l’un d’eux. »

Abolitionniste ? Jamais de la vie. HSUS et ses groupes de soutien — Farm Stanctuary, Mercy For Animals, Compassion Over Killing et d’autres — devraient avoir honte d’eux-mêmes.

Les défenseurs des animaux qui soutiennent les réformes de bien-être prétendent souvent avoir l’abolition comme but ; ils affirment vouloir éliminer toute utilisation des animaux. Mais ils considèrent l’exploitation « heureuse » comme le moyen d’y arriver. Cela est comparable au fait de recourir à la guerre en vue de parvenir à la non-violence et à la paix. Le welfariste qui se prétend abolitionniste soutient que l’exploitation « douce », « compassionnelle » ou « heureuse » est un moyen moralement acceptable de parvenir à la fin de l’exploitation.

Vous voyez le problème ?

Je maintiens que le terme « abolitionniste » est correctement utilisé seulement si les moyens sont cohérents avec la fin, et les moyens que je défends sont le véganisme au niveau individuel et l’éducation au véganisme non-violente et créative au niveau social. La fin est la non-exploitation, et les moyens choisis pour y parvenir sont la non-exploitation au niveau individuel et la promotion de la non-exploitation au niveau social.

Conclusion : les vrais spécistes veulent-il bien se lever ?

De nombreux défenseurs des animaux — ceux qui soutiennent les campagnes de réformes du bien-être — traitent la violation des droits fondamentaux d’une manière différente selon qu’il s’agit d’humains ou de non-humains.

Pourquoi font-ils cela ?

C’est une question compliquée mais, dans le cas présent, je pense qu’il est clair que le mouvement animaliste moderne a embrassé une fois pour toutes l’idée que la préoccupation première doit être la souffrance des animaux, et non l’exploitation ou le massacre des animaux. Parce que les réformistes ne considèrent pas la vie d’un animal comme ayant une valeur morale en soi qui serait équivalente à une vie humaine, ils ne voient pas le meurtre des animaux comme une tragédie de même nature que celle qui advient quand des humains sont tués. A leurs yeux, le problème essentiel est la souffrance. Pour citer Peter Singer, qui est, à bien des égards, le principal architecte du mouvement réformiste :

« Vous pourriez dire qu’il est mal de tuer un être lorsque cet être est sentient ou conscient. Dès lors, vous pourriez dire qu’il est aussi mal de tuer un poulet ou une souris qu’il est mal de vous tuer, vous, ou de me tuer moi. Je ne peux accepter cette idée. C’est sans doute mal, mais des millions de poulets sont tués chaque jour. Je ne pense pas à cela comme à une tragédie de la même ampleur que lorsque des millions d’humains sont tués. Qu’est-ce que les humains ont de différent ? Les humains sont tournés vers l’avenir, ils ont des espoirs et des désirs pour le futur. Cela semble une réponse plausible à la question de savoir pourquoi, lorsque des humains meurent, c’est une telle tragédie. »

Singer et ceux qui embrassent sa vision des choses créent une frontière entre meurtre et souffrance. Cette dernière compte de façon primordiale ; le premier moins ou pas du tout. Mais si vous ne pensez pas que les animaux (ou la plupart d’entre eux) ont un intérêt à continuer de vivre tout aussi important moralement que l’intérêt humain, il est parfaitement logique de soutenir une campagne cherchant à rendre plus humaine la violation des droits fondamentaux des animaux, même si vous n’agirez jamais ainsi du moment qu’il s’agit d’humains.

Mais comme j’en ai discuté dans mes écrits, à la fois dans mes livres, comme celui-ci, et dans mes articles sur ce site, comme celui-là — nous ne pouvons affirmer que la valeur d’une vie nonhumaine est moindre que la valeur d’une vie humaine dès lors qu’il s’agit de justifier l’utilisation des non-humains comme ressources remplaçables sans poser des hypothèses explicitement spécistes : dire par exemple que les animaux n’ayant pas conscience d’eux-mêmes de la manière dont les humains en ont conscience (ce qui est probablement vrai), leurs vies par conséquent auraient moins de valeur, ce qui n’est pas un raisonnement à suivre et que je rejette absolument.

Pour dire que, en ce qui concerne le fait d’être exploité exclusivement comme ressource remplaçable, les humains jouissent d’un niveau de protection différent parce qu’ils ont une forme représentative de conscience de soi, ou ne pas reconnaître que la sentience seule est à la fois nécessaire et suffisante pour mériter le droit de ne pas être exploité et tué, est spéciste.

En fait, je devrais dire « profondément spéciste ».

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Et ne vous faites jamais avoir par cette idée insensée que nous devrions soutenir l’« exploitation heureuse » afin que les gens deviennent végans. C’est le contraire : l’industrie tout entière de l’ « exploitation heureuse » n’a qu’un seul but : faire en sorte que le public soit encore plus à l’aise avec l’exploitation animale.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Justice sociale, droits humains et être végan

Les non-végans parlent fréquemment aux végans du terrible état du monde et leur demandent : que faites-vous pour les humains ? Pourquoi ne parlez-vous pas davantage des problèmes de justice sociale humaine ?

J’ai quatre réponses :

Premièrement, il n’y a ici aucun conflit. Être végan ne suppose pas que vous cessiez d’œuvrer pour les humains. Être végan suppose simplement que tandis que vous œuvrez pour les humains, vous ne mangiez, ne portiez, ni n’utilisiez de produits d’origine animale.

Deuxièmement, 99 % des gens qui posent ces questions ne font strictement rien pour améliorer la justice sociale humaine, sinon demander aux végans pourquoi ils ne font pas quelque chose pour eux au lieu de promouvoir le véganisme.

Troisièmement, le véganisme — du moins tel que je le considère — est une question de non-violence, et la violence est la source de tous les autres problèmes de justice sociale.

Quatrièmement, l’agriculture animale entraîne beaucoup de souffrance pour l’humanité et exacerbe l’injustice sociale.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Une simple question

Un article, Minority Rules: Scientists Discover Tipping Point for the Spread of Ideas, rapporte la découverte suivante :

Les chercheurs du Rensselaer Polytechnic Institute ont trouvé que lorsque 10 % seulement d’une population partagent une croyance inébranlable, cette croyance finit toujours par être adoptée par la majorité de la société. Les chercheurs, membres du Social Cognitive Networks Academic Research Center (SCNARC) à Rensselaer, ont eu recours à des méthodes statistiques et analytiques pour découvrir le point de bascule où la croyance d’une minorité devient l’opinion de la majorité. Cette découverte a des implications pour l’étude et l’influence des interactions sociétales, qui vont de la diffusion des innovations à celle des idéaux politiques.

« Quand le nombre de détenteurs d’opinions engagées est inférieur à 10 %, il n’y a pas de progrès visible dans la diffusion des idées. Cela prendrait un temps littéralement comparable à l’âge de l’univers pour que de tels groupes parviennent à la majorité », déclare Boleslaw Szymanski, Directeur du SCNARC et Professeur Distingué Claire and Roland Schmitt à Rensselaer. Une fois que ce nombre dépasse 10 %, l’idée se répand comme une traînée de poudre. »

Voici donc ma question :

Pourquoi chaque défenseur des animaux et chaque association animaliste ne travaillent-ils pas à atteindre ces 10 % au lieu de promouvoir les réformes de bien-être, la consommation « compassionnelle » et l’exploitation « heureuse » des animaux ?

Pourquoi HSUS, ASPCA, Farm Sanctuary, Mercy for Animals, Animal Legal Defense Fund, Compassion Over Killing, Compassion In World Farming (CIWF), The Humane League et World Society for the Protection of Animals font-elles campagne pour des cages de batterie « améliorées », d’autant que HSUS et CIWF ont explicitement reconnu que lesdites cages « améliorées » échouent à fournir, aux animaux, un niveau de bien-être acceptable ?

Pourquoi PETA, HSUS, Farm Sanctuary, Mercy for Animals, Compassion Over Killing, Viva! et Vegan Outreach ont-elles signé une lettre publique exprimant « reconnaissance et soutien » à Whole Foods pour son programme « pionnier » d’exploitation « heureuse » ?

Oui, je sais que « nous n’obtiendrons pas un monde végan du jour au lendemain » (le moyen favori des welfaristes pour présenter l’abolitionnisme sous un faux jour), mais justement : nous n’avons pas à le faire. Nous avons juste besoin de construire un mouvement végan solide rassemblant 10 % de personnes. Mais soyons pessimistes et disons que nous avons besoin d’atteindre 20 %. Même ça, nous pourrions le faire.

Mais nous n’y parviendrons jamais tant que nous dirons aux gens qu’ils agissent bien envers les animaux en consommant des produits d’origine animale « heureux ».

Bien sûr, tout cela passe par des appels aux donateurs qui veulent continuer de manger les animaux et qui sont donc trop heureux de payer un sceau d’approbation aux défenseurs des animaux à destination des industries comme Whole Foods, les uns et les autres leur serinant que, oui, ils peuvent consommer des produits d’origine animale en toute bonne conscience.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Les chimpanzés, les dauphins et les éléphants comptent-ils davantage ?

Il existe une tendance parmi certains défenseurs des animaux consistant à associer l’individualité nonhumaine avec des animaux comme les chimpanzés, les dauphins ou les éléphants au prétexte que ceux-ci possèdent des capacités cognitives plus sophistiquées — c’est-à-dire des capacités cognitives de type humain. Je tiens à dire que, pour ce qui est de déterminer quels individus peuvent être traités comme des ressources remplaçables, un tel point de vue est complètement arbitraire. Les capacités cognitives peuvent être pertinentes dans certaines situations, mais pas dans celle-ci.

Considérez l’exemple suivant, pris dans un contexte humain : Mary est une brillante historienne ; Joe, lui, est handicapé mental. La différence entre leurs capacités cognitives respectives est-elle pertinente ? Oui, s’il s’agit de déterminer qui, de Mary ou de Joe, peut être nommé professeur d’histoire ; non, s’il s’agit de déterminer qui, de Mary ou de Joe, peut être utilisé comme donneur d’organes forcé ou comme sujet non-consentant d’expériences biomédicales. Ni Mary, ni Joe, ne doivent être utilisés dans un tel but.

Ce qui est moralement pertinent, c’est la sentience, ou le fait d’avoir une conscience subjective. Or, la plupart des animaux que nous exploitons quotidiennement — les vaches, les cochons, les poulets, les poissons — sont sentients. Si ces animaux ont une valeur morale, alors nous ne pouvons justifier le fait de les traiter comme des ressources, et nous ne pouvons, certainement, jamais le faire sans besoin ou sans nécessité. De fait, nous le reconnaissons déjà à un certain degré. Ainsi, la plupart d’entre nous se sont émus de l’affaire Michael Vick (qui organisait des combats de chiens), car nous estimons qu’il est mal d’infliger des souffrances non nécessaires aux animaux, et parce que Michael Vick l’a fait uniquement pour son plaisir et son divertissement personnels. Cela ne pouvait en aucune manière être considéré comme « nécessaire ».

Mais la plupart d’entre nous consomment des animaux et des produits d’origine animale, ce qui implique d’infliger à ces animaux des souffrances terribles et une mort violente, y compris dans les plus « humaines » circonstances d’exploitation. Quelle justification avons-nous pour leur imposer la souffrance et la mort ? Nous n’avons pas besoin de produits d’origine animale pour être en bonne santé. En outre, l’agriculture animale représente un désastre écologique. Notre meilleure justification ? Le plaisir gustatif. Rien d’autre. Par conséquent, nous sommes tous des Michael Vick.

Dans un article que j’ai écrit en 2005 pour The New Scientist, j’ai expliqué que l’idée selon laquelle certains animaux mériteraient plus que d’autres d’être considérés comme des personnes nonhumaines sont, comme par hasard, ceux que l’on trouve « spéciaux » parce qu’ils sont davantage « comme nous » — autrement dit les chimpanzés, les dauphins, les éléphants, etc. Sans surprise, cette idée est partagée par tous ceux qui affirment que certains animaux seulement, les « supérieurs », comptent moralement, et qu’il est acceptable de manger les autres, les « inférieurs ». Cette manière de penser l’éthique animale est similaire au fait de dire que les gens de couleur à peau claire comptent davantage que ceux à peau plus sombre. Ils sont davantage « comme nous », « nous » faisant référence à la norme raciste qui veut qu’être blanc soit ce qui est bien.

Dire que les animaux qui comptent davantage sur le plan moral sont ceux qui sont « comme nous » ne fait que renforcer le spécisme et ne le réfute en rien. Ethiquement parlant, un poulet a autant d’importance qu’un éléphant.

Il est temps de repenser l’éthique animale de manière fondamentale.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione

Abolition : s’assurer que les moyens et la fin sont cohérents

Si vous dites que vous êtes « abolitionniste » mais que vous soutenez les réformes de bien-être comme moyens de parvenir à l’abolition de l’exploitation animale, alors vous utilisez le mot « abolition » d’une façon fondamentalement différente de la façon dont je l’utilise. J’utilise ce terme pour identifier une position qui exclut les réformes de réglementation/bien-être.

Pensez-y de la manière suivante :

X et Y se revendiquent tous deux comme défenseurs de la paix. X a comme objectif la paix dans le monde. Il/Elle prône la résolution non-violente des conflits comme moyen d’atteindre à cette fin.

Y dit que son objectif est également la paix dans le monde, et prône la guerre comme moyen d’y parvenir. (Cette seconde position décrit d’ailleurs assez bien la politique étrangère américaine.)

X et Y se revendiquent tous deux comme défenseurs de la paix, mais Y prône un moyen — la violence — qui est exactement contraire à la fin revendiquée, à savoir la paix. Y argue que la non-paix (la guerre) est un moyen acceptable de mener in fine à la paix.

Les défenseurs des animaux qui soutiennent les réformes de bien-être prétendent souvent avoir pour objectif l’abolition, à terme, de l’exploitation animale ; ils affirment vouloir éliminer toute forme d’utilisation des animaux. Mais ils défendent leur utilisation « heureuse » comme moyen de parvenir à la fin de leur utilisation en général. C’est similaire au fait de prôner la guerre comme moyen de parvenir à la non-violence et la paix. Le welfariste qui se prétend abolitionniste argue que l’exploitation « douce », « compassionnelle » ou « heureuse » des animaux est un moyen moralement acceptable de parvenir à la fin de l’exploitation.

Vous voyez le problème ?

Je maintiens que le terme « abolitionniste » est correctement utilisé seulement si les moyens sont cohérents avec la fin, et les moyens que je défends sont, au niveau individuel, le véganisme, et au niveau social, l’éducation au véganisme créative et non-violente. L’objectif poursuivi est la fin de l’utilisation des animaux, et les moyens choisis pour y parvenir sont nécessairement la fin de l’utilisation des animaux dans sa vie personnelle, et, au niveau social, la défense de la fin de l’utilisation des animaux.

L’abolition, tel que j’utilise ce mot, exclut les réformes welfaristes. L’abolition, tel que j’utilise ce mot, exclut de considérer l’exploitation « heureuse » comme une façon acceptable de parvenir à la fin de l’exploitation, de même que je considère la guerre comme une façon moralement inacceptable de parvenir à la paix.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Et n’adhérez jamais à cette idée absurde que nous devrions promouvoir l’ « exploitation heureuse » afin d’amener les gens au véganisme. C’est le contraire : l’industrie entière de l’ « exploitation heureuse » n’a qu’un but : celui de rendre le public plus à l’aise par rapport à l’exploitation animale.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione