Archives de l’auteur : Gary L. Francione

Une bonne idée d’éducation communautaire

Chères collègues et chers collègues :

Elizabeth Collins, une militante abolitionniste et « podcaster » de la Nouvelle-Zélande, m’a fait part d’une idée pour éduquer les gens de manière créative et non violente à propos du véganisme. J’aimerais à mon tour la partager avec vous.

Elizabeth est en train de construire un kiosque qu’elle utilisera pour faire de l’éducation communautaire à propos des droits des animaux et du véganisme. Elle compte utiliser les vidéos en ligne que l’on trouve sur ce site — Théorie des droits des animaux, Animaux comme propriétés, et Droits des animaux c. Bien-être animal — mais elle trouve qu’il est compliqué d’apporter son ordinateur portable dans la rue. Alors, elle a décidé d’imprimer chaque diaporama et de créer un album ou une « flip-book » qui permettra aux gens qui viendront visiter son kiosque de lire ces présentations relativement brèves et accessibles à propos des idées centrales de l’approche abolitionniste. Ses collègues et elle pourront répondre à toutes les questions et discuter plus longuement du sujet avec ceux qui le désirent. Elle distribuera également notre pamphlet abolitionniste et d’autre écrits sur le véganisme et l’abolitionnisme.

Pour ceux qui veulent utiliser les vidéos pour faire de l’éducation communautaire à propos des droits des animaux et du véganisme, mais qui ne peuvent les projeter ou les faire jouer sur un ordinateur, ces albums ou « flip-books » semblent être une excellente solution.

Devenir végan et éduquer les autres à propos du véganisme est la plus importante forme d’activisme que vous puissiez faire. Partagez avec les autres l’idée simple : devenez végans. C’est facile, c’est bon pour votre santé et pour celle de la planète et, c’est là le plus important, c’est la juste chose à faire.

Gary L. Francione
© 2009 Gary L. Francione

Prendre soin de notre maison

Chères collègues et chers collègues :

Le vendredi 5 juin – le jour de l’environnement – un documentaire remarquable appelé HOME a été diffusé dans les salles de cinéma et à la télévision de plus de 50 pays, ainsi que sur internet.

HOME est l’histoire de la Terre et de l’évolution de la vie sensible, sur la manière dont les êtres humains ont, dans une période de temps relativement courte, amené la planète au bord du désastre.

Je vous recommande fortement de visionner ce documentaire, qui sera disponible jusqu’au 14 juin à l’adresse YouTube. Encouragez vos ami(e)s et votre famille à le voir. C’est gratuit et chaque seconde des 93 minutes que dure le film vaut la peine. La narration est intelligente et ceux qui en connaissent peu à propos de l’écologie en sortirons riches d’une expertise considérable. Ceux qui sont déjà instruits en sauront encore davantage.

La photographie est absolument sensationnelle. Chaque plan représente une photo qui pourrait facilement être affichée sur l’un de vos murs.

Et à l’égard de la question animale, HOME est largement meilleur que le documentaire de Al Gore, An Inconvenient Truth, ce qui était surprenant, considérant que les commanditaires de HOME produisent des produits animaux. Le film contient une critique explicite de l’agriculture intensive et une discussion à propos de l’inefficacité de notre utilisation des ressources (céréales, eau) pour la production de la viande. Bien que le film ne défende pas le véganisme en tant que tel, il s’agit pourtant là de la conclusion logique vers laquelle mène son message. Tel que je le soutiens depuis plus longtemps que ce dont je souhaite me souvenir, quiconque se soucie le moindrement de l’environnement doit devenir végan même s’il ou si elle ne se soucie pas des problèmes éthiques entourant l’exploitation animale.

HOME est un signal d’alerte dont nous avons désespérément besoin. Nous, êtres humains, – spécialement ceux qui, parmi nous, vivent dans les nations riches et industrialisées – devons comprendre la pure insanité du style de vie que nous considérons comme « normal ».

Regardez HOME.

Gary L. Francione
© 2009 Gary L. Francione

« [P]ersonne n’a été blessé dans l’incendie »

Chères collègues et chers collègues :

Le professeur Roger Yates vient de m’envoyer un article d’actualité portant sur la ferme d’élevage de dindes au Minnesota.

Dans cet article, on affirme :

Environ 25 000 dindes sont mortes sous les flammes qui ont ravagé une grosse étable dans la région rurale de Cannon Falls, mais personne n’a été blessé par l’incendie.

Vingt-cinq mille dindes ont été tuées, mais « personne n’a été blessé par l’incendie ». Continuer la lecture

Droits humains et droits animaux: parfaits ensemble

Chères collègues et chers collègues :

« Il y a trop de problèmes dans le monde que nous devons régler avant de penser aux animaux. »

« Travaillons sur la paix mondiale en premier; nous pourrons ensuite nous préoccuper des droits des animaux. »

Toute personne qui se porte à la défense des animaux est fréquemment confrontée à des commentaires similaires. On me demande souvent ce que je réponds à cela.
Continuer la lecture

Littérature végane abolitionniste

Chères collègues et chers collègues :

Comme vous le savez, je soutiens que, pour ceux d’entre vous qui êtes préoccupés par l’exploitation animale, la décision personnelle de devenir végan est, de loin, la plus importante des choses que vous puissiez faire. Si vous voulez faire plus, alors vous devriez vous efforcer d’éduquer à propos du véganisme, de manière créative et non violente.

Cette semaine, je suis tombé sur un autre exemple d’éducation végane non violente, en action. Le site Vegan Abolitionist offre une description simple et claire, tenant sur une page, de la signification, des fondements et de l’importance du véganisme.

Voilà qui s’ajoute à d’autres actions similaires, incluant notre pamphlet abolitionniste, maintenant disponible en français et en dix autres langues, le Boston Vegan Association pamphlet, et le pamphlet bilingue (anglais et français) distribué par Le point de départ.

Voilà quelques exemples d’actions peu coûteuses permettant d’éduquer le public à propos du véganisme. Il y a plusieurs personnes qui, dans leur vie quotidienne, s’efforcent d’éduquer les gens, de manière non violente et créative, à propos du véganisme. Simplement parler avec vos amis et avec votre famille du véganisme est la plus importante forme d’activiste.

La seule manière de mettre fin à l’exploitation animale est de se débarrasser du statut de propriété des animaux et de le remplacer par le statut morale de personne. Et cela ne se réalisera ni par l’adoption de lois, ni par quelque forme de violence que ce soit. Cela se réalisera grâce aux individus déterminés qui adhèrent au principe de non violence, qui l’appliquent dans leur propre vie et qui le partagent avec les autres.

Je sais que les défenseurs des animaux sont souvent découragés à l’idée que les choses ne semblent pas progresser. C’est le cas de tous les militants pour une plus grande justice sociale. Mais gardez toujours à l’esprit les mots de l’anthropologiste Margaret Mead:

Ne doutez jamais du fait qu’un petit groupe de citoyens réfléchis et engagés peut changer le monde. En fait, c’est la seule chose qui l’ait jamais fait.

Et continuez, chaque jour, à éduquer les gens à propos du véganisme, de manière créative et non violente.

Gary L. Francione

Non, ce n’est pas naturel

« Mais manger de la viande n’est-il pas naturel? »

Cette question est probablement celle qui m’a été le plus fréquemment posée dans les trente dernières années, pendant lesquelles j’ai fait la promotion du véganisme. Les étudiants suivant mes cours; les gens assistant à mes conférences; les auditeurs qui appellent lors des émissions radiophoniques auxquelles je participe; les passagers assis près de moi lorsque que je me trouve dans un avion et qui se demandent pourquoi je reçois un repas végan alors que tous les autres mangent du poulet ou du poisson – tous semblent croire que ce que la position morale que je défends n’est pas « naturelle ».

Tel que je l’ai soutenu ailleurs sur ce site, plusieurs pratiques et traditions, incluant l’esclavage et le sexisme, ont été justifiées par l’appel à des arguments reposant sur la présomption que certaines personnes sont naturellement supérieures et que d’autres sont naturellement inférieures.

L’apparition récente de la grippe porcine offre une nouvelle occasion de réaliser à quel point l’argument selon lequel l’exploitation animale est naturelle est vicié.

Plusieurs personne soutiennent qu’il est naturel pour les gens de manger de la viande. Nous avons évolué, disent-ils, de manière à manger des produits animaux et la consommation de viande, de poisson, de lait, d’oeufs, etc. est un comportement que la nature a prévu pour nous. Ne pas manger ces choses revient à agir en opposition à ce que nous sommes supposés faire et, donc, le principe moral voulant que nous ne les mangions pas ne peut être juste. L’évolution a fait de nous des êtres qui possédons des yeux; soutenir que nous avons l’obligation morale de toujours les couvrir et de ne jamais utiliser nos capacités visuelles serait adéquatement perçu comme une position idiote à adopter.

L’évolution a fait de nous des omnivores. Nous pouvons manger des produits animaux. Mais tout ce que cela prouve, c’est que nous sommes des êtres qui avons évolué de manière à pouvoir choisir ce que nous mangeons et qui avons le choix de vivre exclusivement grâce aux aliments végétaux. Le fait que nous pouvons manger des produits d’origine animale n’appuie pas davantage la conclusion selon laquelle manger ces produits est moralement justifié, que le fait que nous sommes capables d’être violents n’appuie la conclusion selon laquelle la guerre (ou n’importe quel autre type de violence) est moralement justifiée. Le fait que nous pouvons faire quelque chose n’est pas pertinent lorsqu’il s’agit d’évaluer si nous devons le faire.

Il est clair qu’il n’est pas nécessaire, pour nous, de manger des produits animaux. Et les études dont nous disposons démontrent que la quantité de produits animaux consommés quotidiennement dans les pays riches est mauvaise pour la santé.

De plus, aucun d’entre nous (ou d’entre ceux qui lisent ce texte) n’est un chasseur-cueilleur. Nos produits animaux sont nécessairement obtenus à partir d’animaux domestiqués. L’apparition récente de la grippe porcine illustre le fait que percevoir la domestication d’animaux comme naturelle implique que nous soutenions qu’il est dans l’ordre naturel des choses d’adopter des comportement qui, au plan pratique, sont désastreux pour notre survie :

[C]’est notre proximité avec les animaux, qui nous a permis de survivre pendant des millénaires, qui nous rend maintenant si vulnérables aux maladies et qui nous tue en grand nombre. Depuis le jour où l’homme a cessé d’être un chasseur-cueilleur et a commencé à vivre joue contre mâchoire avec son bétail, il court le risque des pandémies. Plusieurs maladies humaines tirent leurs origines des animaux domestiques : la rougeole et la tuberculose des bovins; la variole des bovins et d’autres bétails atteints du virus; la grippe des porcs et des canards; la coqueluche des chiens. Ces agents pathogènes se sont développés et répandus facilement parce que les animaux vivaient en troupeaux ou en meutes. Lorsqu’ils ont été domestiqués par les premiers fermiers, les virus n’attendaient qu’à être transmis. Ces maladies dites zoonotiques se sont alors facilement transmises aux personnes humaines qui vivaient à proximité les unes des autres.

La citation précédente est tirée d’un article paru dans un journal anglais. Mais ce que l’auteur écrit n’est pas controversé. Il s’agit d’un fait indiscutable que la domestication, en favorisant l’augmentation des contacts humains/nonhumains, a entraîné une grande variété de maladies graves. En plus des autres conséquences résultant de la consommation de produits animaux, tels que les maladies du coeur, le cancer, etc., et sans compter les conséquences environnementales désastreuses de l’élevage d’animaux, le niveau de contacts humain/nonhumain qu’implique la domestication est, lui-même, un très grand danger pour la survie des humains.

Alors comment une chose qui engendre d’aussi abominables dangers peut-elle être naturelle?

La réponse courte : elle ne peut pas l’être, à moins que ce que nous considérions être naturel est ce qui nous tue. Si quelqu’un prétendait qu’ingérer du poison est naturel, nous jugerions que cette personne est folle. Pourquoi continuons-nous à nous dire rationnels alors que nous pensons qu’une institution mortelle – la domestication – est naturelle et fait partie intégrante de notre civilisation?

Mais, dites-vous, nous n’aurions jamais pu survivre sans la domestication; nous avons eu besoin d’aliments provenant des animaux domestiqués pour que notre population puisse s’élargir et pour développer les cités et les civilisations telles que nous les connaissons (et aimons).

Ainsi, même si la domestication présente des dangers, elle offre par ailleurs des bénéfices et nous devons équilibrer le tout. Même si vous êtes admiratifs devant ce qui est perçu comme la civilisation moderne, cette réponse néglige le fait que nous aurions pu survivre en ne mangeant que des aliments issus des plantes. La domestication n’est nécessaire dans ce contexte que si elle représente la seule option possible et ce n’est clairement pas le cas.

En bout de ligne : si vous croyez que nous pouvons justifier la douleur, la souffrance et la mort que nous infligeons à 53 milliards d’animaux chaque année (sans compter les poissons) en prétendant que la domestication est, pour une raison ou une autre, naturelle, ou que la solution est d’adoucir les coins et de rendre l’élevage industriel plus “humain”, alors continuez à réfléchir.

S’il une seule chose est naturelle, c’est le véganisme. Et le véganisme est la seule manière d’agir qui respecte le statut de personne des animaux nonhumains.

Gary L. Francione
© 2009 Gary L. Francione

Grippe porcine: traitement des animaux ou exploitation animale?

Chères collègues et chers collègues :

Le mouvement en faveur du bien-être animal mené par la Humane Society of the United States prétend que l’apparition de la grippe porcine est le résultat de l’élevage industriel et que la solution est d’offrir un traitement plus « humain » aux animaux de ferme en appuyant le travail de la HSUS, comme la Proposition 2 de la Californie.

Cette approche est problématique pour plusieurs raisons.

Premièrement, il a été affirmé que l’apparition du virus s’est faite dans l’état mexicain du Veracruz dans les installations des fermes Smithfield qui produisent 800 000 porcs chaque année et ne traitent pas leurs eaux usées. Les déchets des porcs sont, semble-t-il, largués dans les lagons locaux. Même si les conditions dans lesquelles sont maintenus les animaux de cette usine étaient plus « humaines », cela ne résoudrait pas le problème des eaux usées.

Deuxièmement, que la cause du virus actuel soit liée ou non à l’exposition des déchets porcins et même s’il y a bien peu de doute à l’effet que les méthodes de confinement et le stress animal qui résultent de l’élevage intensif moderne est un facteur qui contribue généralement au développement de choses telles que la grippe porcine, la réalité est que les pandémies existent depuis aussi longtemps que nous puissions nous souvenir – c’est-à-dire bien avant l’avènement de l’élevage industriel. Nous subissons des pandémies depuis que nous avons domestiqué des animaux, même lorsque les conditions d’exploitation de ces animaux étaient beaucoup plus « humaines » qu’elles le sont maintenant.

Même si les méthodes de confinement des fermes industrielles modernes représentaient la principale cause du virus que nous connaissons actuellement, le type de solutions que propose la HSUS – des mesures comme la Proposition 2 – ne résoudra certainement pas le problème. Sans considérer le fait que la Proposition 2 ne prendra même pas effet avant 2015, ses exigences, qui présentent plusieurs failles, feront bien peu (ou rien du tout) pour mieux protéger les intérêts des animaux ou pour réduire le stress des animaux de manière significative.

L’apparition de la grippe porcine présente une bonne opportunité de focaliser notre attention sur une question plus pertinente : pourquoi, en 2009, continuons-nous à manger des produits animaux? Nous n’avons aucune justification morale de le faire. Il n’y a aucune nécessité. En fait, l’élevage d’animaux ne fait pas que tuer des nonhumains – il nous tue aussi et détruit notre planète.

Le problème n’est pas celui du traitement « humanitaire »; le problème est l’immoralité et l’irrationalité de l’utilisation d’animaux.

Gary L. Francione
© 2009 Gary L. Francione

La grippe porcine, les fermes Smithfield et l’ALENA

Chères collègues et chers collègues :

Selon cet article, l’origine de l’apparition de la grippe porcine se trouve aux Ranchs Carroll, un élevage porcins du Mexique où 800 000 porcs sont tués chaque années. Les Ranchs Carroll ont été mis sur pied par les fermes Smithfield en 1994, l’année où l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) est entré en vigueur. L’article prétend que les Ranchs Carroll ne disposent d’aucun plan de traitement des eaux usées et que la pandémie imminente est le résultat de ce traité de « libre-échange » autorisant les corporations étasuniennes à contourner les lois environnementale en re-localisant leurs opérations dans des pays qui n’ont pas de règlements concernant l’environnement ou dans ceux où ces règlements ne sont pas renforcés.

Cet article conclut :

Le vrai nom de cette infirmité est « la grippe ALENA », la première de toute une série de nouvelles maladies qui pourraient bien émerger internationalement, en raison de ces accords de « libre-échange », qui permettent aux compagnies comme les fermes Smithfield de contourner les lois protégeant la santé, la sécurité et l’environnement.

Les commentateurs réactionnaires prétendent que la cause de la grippe porcine est l’immigration illégale. Mais si le rapport portant sur les Ranchs Carroll dit vrai, le problème n’est pas que les Mexicains (légalement ou non) infectent d’innocents Américains, mais que les corporations américaines se soient installées au Mexique et ont créé des conditions ayant facilité l’apparition du virus.

Le lobby du porc ne souhaite pas que le virus actuel soit appelé « grippe porcine » parce que cela suggère que le porc n’est pas sécuritaire.

Mais la très claire vérité est que, en plus d’être moralement injustifié, l’élevage animal est très dangereux.

Gary L. Francione
© 2009 Gary L. Francione

Peter Singer, viande heureuse et végans fanatiques

Chères collègues et chers collègues :

Dans une interview récente, Peter Singer affirme un certain nombre de choses qui, selon moi, indiquent à quel point la différence entre l’approche néo-welfariste ou welfariste et l’approche abolitionniste est tranchée.

Premièrement, il affirme :

Je suis très heureux de constater qu’il y a eu de nombreux changements, spécialement en Europe, mais aussi aux États-Unis et dans d’autres pays. En Europe, toutes les plus abusives et les pires formes d’élevage industriel ont été modifiées.

Je ne suis pas d’accord avec l’affirmation de Singer à plusieurs égards. Premièrement, il n’est pas juste de dire qu’il y a eu « de nombreux changements » et que « toutes les plus abusives et les pires formes d’élevage industriel ont été modifiées ». Comme je l’ai expliqué dans au moins deux autres essais (1,2) sur ce site et dans mon livre Animals as Persons: Essays on the Abolition of Animal Exploitation, publié en 2008, les prétendues améliorations à l’égard bien-être animal en Europe à propos desquelles Peter est si excité sont pires qu’inutiles, en ce qu’elles n’aident que très peu, ou pas du tout, à protéger les intérêts des animaux et elles font en sorte que les humains se sentent plus confortables à propos de la consommation d’animaux, ce qui favorise sa perpétuation.

Deuxièmement, à propos du véganisme, il affirme :

La diète végane, spécialement celle qui est centrée sur l’achat de produits biologiques issus des plantes, résout plus de problèmes éthiques entourant l’alimentation que n’importe quelle autre. Mais j’admets que ce n’est pas pour tout le monde et que ce sera long avant qu’elle devienne largement répandue. Aussi, je ne veux pas donner l’impression qu’il s’agit de la seule chose qu’une personne puisse faire pour manger de manière moralement acceptable. Simplement éviter les produits issus de l’agriculture intensive est un grand pas dans la bonne direction, même si vous continuez à manger, en quantités modérées, des produits provenant d’animaux élevés de manière biologique.

Une fois de plus (voir, par ex., 1, 2), Singer répète qu’être un « omnivore consciencieux » est une « position éthique défendable ». Puisque le dit « père du mouvement en faveur des droits des animaux » (qu’appuient à peu près toutes les organisations néo-welfaristes) prétend qu’il est moralement recommandable de consommer des produits et de la viande d’animaux « heureux », il est probable que cette idée devienne la ligne morale directrice. Et c’est exactement ce qui se passe. Le véganisme est perçu comme une position « extrémiste » précisément en raison de commentaires comme celui-ci; la viande « heureuse » est considérée comme une choix « éthique ».

Pour repérer le spécisme dans cette position, pensez à certaines formes d’exploitation humaine. Si quelqu’un affirmait qu’une quantité « modérée » de viols « humanitaires » représentait « un grand pas dans la bonne direction », nous serions scandalisés. Mais Singer nous dit que manger une « quantité modérée » de viande et autres produits issus d’animaux « heureux » est une bonne chose au plan moral. C’est peut-être une bonne chose, comme il est une bonne chose que battiez vos esclaves 5 fois par semaine plutôt que 10 fois, mais voilà qui passe totalement à côté de la question morale fondamentale en jeu.

Lorsqu’on lui a demandé s’il est possible d’agir de manière éthique sans devenir « fanatique », il a répondu :

C’est absolument possible! La chose dont il faut se rappeler est que le monde est imparfait et que nous voulons le rendre meilleur, alors tout changement dans la bonne direction aide et plus nous en faisons, meilleur c’est. Mais ce n’est pas une religion, ce n’est pas une question de pureté personnelle. Nous n’avons donc pas à nous soucier à propos de notre propre perfection morale. Nous devons simplement faire de notre mieux pour minimiser l’impact dommageable que nous avons sur les animaux, sur notre environnement et sur les travailleurs. Et, alors, apprécier nos aliments!

Une fois de plus, Singer qualifie l’approche abolitionniste, qui se fonde sur le véganisme et l’éducation non violente au véganisme, de « puriste » ou de « fanatique », parce que les abolitionnistes soutiennent que nous ne pouvons justifier aucune forme d’utilisation d’animaux. Est-ce que Singer considère comme puriste une position absolutiste à l’égard des comportements tels que le viol ou la pédophilie? Est-ce que la position selon laquelle nous ne pouvons justifier aucun viol ou aucun acte de pédophilie, peu importe les circonstances, est puriste ou fanatique? Sinon – s’il considère comme permis ou même obligatoire d’endosser une position absolutiste à propos de ces sujets – alors son discours ne pose-t-il pas problème par rapport à la position abolitionniste vis-à-vis des nonhumains et ne repose-t-il pas sur la présomption voulant que l’exploitation animale soit moralement moins problématique que l’exploitation humaine?

Je suppose qu’il fait une telle supposition, ce qui n’est pas surprenant puisqu’il considère que les nonhumains ont moins de valeur morale que les humains.

De toute manière, il est très décevant que Singer dise aux gens d’apprécier leur viande « heureuse ». Mais alors, en dépit de l’idée selon laquelle les « personnes soucieuses des animaux » forment un groupe monolithique, il y a une différence très claire entre l’approche abolitionniste et l’approche néo-welfariste. L’interview de Singer n’illustre que quelques-unes d’entre elles.

Gary L. Francione
© 2009 Gary L. Francione

Le lobby du porc et la grippe porcine

Chères collègues et chers collègues :

Selon le Wall Street Journal

Les groupes d’agriculteurs, craignant que l’apparition de la grippe porcine incite les gens à ne plus manger de porc, ont réussi à convaincre le gouvernement fédéral de référer au virus par son nom scientifique : H1N1.

Le département de l’agriculture, qui utilisait, aussi récemment que lundi, le terme de« grippe porcine », se cramponnait à l’expression anonyme « grippe H1N1 » dans sa déclaration de mardi, visant à assurer qu’il est sécuritaire de manger du porc des États-Unis.

À l’occasion du briefing de mardi, Richard Besser, le directeur intérimaire du Centre fédéral pour le contrôle et la prévention, à Atlanta, a reconnu que l’utilisation de l’étiquette grippe porcine nourrissait l’idée fausse selon laquelle les gens peuvent attraper des maladies respiratoires à partir des aliments. « Ça n’aide pas les producteurs de porc. Ça n’aide pas les gens qui mangent du porc », affirme Dr. Besser. « Nous nous demandons donc : y a-t-il une façon de décrire le phénomène qui n’inciterait pas les gens à agir de manière inappropriée? »

Cela, bien sûr, passe à côté de l’essentiel. La suite de cet article va comme suit :

Pourtant, plusieurs scientifiques disent que le CDC est en droit d’appeler la maladie grippe porcine même si elle semble s’être transformée en un virus exclusivement humain. Les virus de la grippe ont tendance à être nommés en fonction des premières espèces chez qui ils ont été découverts et le H1N1 a été découvert chez les porcs il y a de cela quelques décennies.

L’institution de l’élevage animal est responsable de plusieurs et peut-être même de la plupart des épidémies que nous avons eues. Les origines du virus H1N1 se trouvent chez les porcs domestiqués. C’est pourquoi ce virus est appelé « grippe porcine ».

En conclusion, une chose est claire : peu importe le point de vue duquel on se place, manger des produits animaux est dangereux pour les humains.

Gary L. Francione
© 2009 Gary L. Francione