Une simple question

Un article, Minority Rules: Scientists Discover Tipping Point for the Spread of Ideas, rapporte la découverte suivante :

Les chercheurs du Rensselaer Polytechnic Institute ont trouvé que lorsque 10 % seulement d’une population partagent une croyance inébranlable, cette croyance finit toujours par être adoptée par la majorité de la société. Les chercheurs, membres du Social Cognitive Networks Academic Research Center (SCNARC) à Rensselaer, ont eu recours à des méthodes statistiques et analytiques pour découvrir le point de bascule où la croyance d’une minorité devient l’opinion de la majorité. Cette découverte a des implications pour l’étude et l’influence des interactions sociétales, qui vont de la diffusion des innovations à celle des idéaux politiques.

« Quand le nombre de détenteurs d’opinions engagées est inférieur à 10 %, il n’y a pas de progrès visible dans la diffusion des idées. Cela prendrait un temps littéralement comparable à l’âge de l’univers pour que de tels groupes parviennent à la majorité », déclare Boleslaw Szymanski, Directeur du SCNARC et Professeur Distingué Claire and Roland Schmitt à Rensselaer. Une fois que ce nombre dépasse 10 %, l’idée se répand comme une traînée de poudre. »

Voici donc ma question :

Pourquoi chaque défenseur des animaux et chaque association animaliste ne travaillent-ils pas à atteindre ces 10 % au lieu de promouvoir les réformes de bien-être, la consommation « compassionnelle » et l’exploitation « heureuse » des animaux ?

Pourquoi HSUS, ASPCA, Farm Sanctuary, Mercy for Animals, Animal Legal Defense Fund, Compassion Over Killing, Compassion In World Farming (CIWF), The Humane League et World Society for the Protection of Animals font-elles campagne pour des cages de batterie « améliorées », d’autant que HSUS et CIWF ont explicitement reconnu que lesdites cages « améliorées » échouent à fournir, aux animaux, un niveau de bien-être acceptable ?

Pourquoi PETA, HSUS, Farm Sanctuary, Mercy for Animals, Compassion Over Killing, Viva! et Vegan Outreach ont-elles signé une lettre publique exprimant « reconnaissance et soutien » à Whole Foods pour son programme « pionnier » d’exploitation « heureuse » ?

Oui, je sais que « nous n’obtiendrons pas un monde végan du jour au lendemain » (le moyen favori des welfaristes pour présenter l’abolitionnisme sous un faux jour), mais justement : nous n’avons pas à le faire. Nous avons juste besoin de construire un mouvement végan solide rassemblant 10 % de personnes. Mais soyons pessimistes et disons que nous avons besoin d’atteindre 20 %. Même ça, nous pourrions le faire.

Mais nous n’y parviendrons jamais tant que nous dirons aux gens qu’ils agissent bien envers les animaux en consommant des produits d’origine animale « heureux ».

Bien sûr, tout cela passe par des appels aux donateurs qui veulent continuer de manger les animaux et qui sont donc trop heureux de payer un sceau d’approbation aux défenseurs des animaux à destination des industries comme Whole Foods, les uns et les autres leur serinant que, oui, ils peuvent consommer des produits d’origine animale en toute bonne conscience.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione