On me demande souvent pourquoi j’emploie l’expression « animaux d’élevage » plutôt que celle d’ « animaux de ferme ».
Il me semble que la première est préférable en ce qu’elle fait ressortir que ce sont des non-humains qui sont exploités pour être élevés, sans refléter l’idée qu’ils représenteraient un type particulier d’animaux. Il n’y a pas d’ « animaux de ferme ». Il y a seulement des animaux que nous exploitons en les élevant.
C’est la même chose lorsqu’on dit qu’on ne doit pas utiliser d’« animaux de laboratoire », parce qu’il n’existe pas de tels animaux. Il y a seulement des animaux que nous exploitons dans les laboratoires.
J’ai conscience du problème. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un problème monumental, et je ne pense pas non plus qu’il cause une quelconque différence d’ordre pratique. Mais j’en ai conscience.
Quoi qu’il en soit, ce que je trouve confondant, c’est qu’un grand nombre (pas tous !) de défenseurs utilisant cette expression — ceux qui l’ont popularisée notamment — dissertent sur la viande et les produits d’origine animale « heureux ». Ils discutent de la manière dont nous devons lutter contre les « pires abus » (un concept dénué de sens puisque le processus dans son ensemble est un abus) de l’élevage industriel, et nous orienter à la place vers l’idyllique élevage « familial » — lequel, en passant, fait l’économie de l’éthique et n’est rien d’autre qu’un fantasme.
J’ai entendu l’un de ces « défenseurs » dire que nous ne devions plus avoir d’« animaux d’élevage » dans des élevages industriels, mais des « animaux de ferme » dans des élevages « familiaux ».
Dans la mesure où l’expression « d’élevage » fait référence aux animaux engagés dans le processus agricole industriel et qu’on nous dit que si ces animaux étaient exploités (soi-disant) de manière plus « humaine » dans des élevages « familiaux », ils deviendraient des « animaux de ferme », eh bien cela pose problème précisément parce que cela suggère que dans un contexte « humain », ils constitueraient un type d’animaux.
Quoi qu’il en soit, je ne pense pas que les appeler animaux « d’élevage » ou « de ferme » change grand-chose.
Promouvoir le véganisme comme base morale explicite et cesser de plébisciter l’exploitation « heureuse » ferait, en revanche, une énorme différence.
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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.
Le monde est végane ! Si vous le voulez.
Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione