Quelqu’un m’a envoyé ce visuel de PETA ainsi que la réponse de PETA concernant la critique que cette sorte de chose réifiait les femmes. Selon PETA, il serait « misogyne » de dire que ce visuel réifie les femmes parce que cela ne respecterait pas la décision des femmes de participer à un tel visuel.
Appeler cela un raisonnement confus de la part de PETA est la chose la plus gentille que je puisse dire sur ça.
Dans une société patriarcale (et sans aucune doute c’en est bien une), les femmes sont – par définition – vues comme des citoyennes de seconde classe dont la fonction première est de fournir des services sexuels. Bien que cela soit en train de changer à un certain niveau, toute personne qui croit que cela n’est pas le paradigme (très) dominant rêve. Dire que ce visuel ne représente pas l’auto-réification est absurde. Personne ne se pose la question de savoir si les femmes sont « libres » de faire ça. Bien sûr qu’elles sont libres de le faire. Le patriarcat encourage les femmes à s’auto-réifier. Dans une société patriarcale, les choix des femmes sont conditionnés par des normes sexistes. C’est le problème.
Ce type de visuel encourage manifestement et sans équivoque les gens à considérer les femmes comme de la « viande ». C’est faux – et cela n’amènera jamais les gens à arrêter de considérer les nonhumains comme de la « viande ». Dans une société patriarcale, la réification et l’auto-réification sont inévitables. Mais utiliser le sexisme pour (supposément) éduquer au spécisme est quelque chose que nous devrions pas faire.
Afin de comprendre l’absurdité de la position de PETA, considérons cette analogie. Cette société est raciste. Il n’y a pas de doute sur ce point. Les actrices et acteurs de couleur doivent très souvent incarner des stéréotypes qui renforce le discours raciste qui dit que les personnes de couleur participent à des actions criminelles et violentes. J’ai vu un acteur noir interviewé et à qui on demandait pourquoi il jouait toujours le dealer de drogues ou le proxénète. Sa réponse était qu’il s’agissait là des rôles qu’on lui proposait. Est-ce que ces actrices et acteurs incarnent ces rôles volontairement ? Bien sûr. On les paie beaucoup d’argent. Mais leurs choix sont limités par le racisme. Ces rôles renforcent-ils les stéréotypes racistes ? Bien sûr. Est-ce « raciste » de dénoncer ça ? Évidemment que non. Nous avons l’obligation de dénoncer ces sortes de choses.
Le même raisonnement s’applique dans le contexte sexiste.
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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.
Le monde est végane ! Si vous le voulez.
Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2018 Gary L. Francione