Plus sur la violence et les droits des animaux

Chères collègues et chers collègues :

Un certain nombre de personne m’ont écrit dans les dernières semaines pour me demander de me prononcer sur l’utilisation de la violence dans le cadre de la lutte pour les droits des animaux. J’ai déjà publié un essai
Un commentaire à propos de la violence– sur ce sujet et j’invite ceux qui sont intéressés à le lire. Mon prochain livre, The Animal Rights Debate: Abolition or Regulation?, que j’écris en collaboration avec l’expert en sciences politiques Dr. Robert Garner de l’Université de Leicester, abordera également ce sujet.

J’aimerais ajouter à mon essai précédent la réflexion suivante.

Il y a ceux qui affirment que l’éducation créative et non violente au véganisme, qui est la stratégie que je mets de l’avant pour changer le paradigme moral, est insuffisante parce que cette approche ne permettra pas de faire progresser les choses assez rapidement, considérant la sévérité du problème et la variété des conséquences sociales, politiques, économiques et écologiques de l’exploitation animale.

Je ne doute aucunement du fait que l’utilisation d’animaux constitue rien de moins qu’un désastre à tous les points de vue et qu’il s’agit de la principale cause de la situation périlleuse dans laquelle se trouve notre planète. Sauf que l’idée que la violence, même si elle était moralement justifiable – ce qui, à mon avis, n’est pas le cas -, pourrait constituer la manière la plus efficace de faire bouger les choses plus rapidement et de régler cette situation clairement alarmante dépasse l’entendement.

Comme je l’ai mentionné dans mon essai précédent, la plupart des humains considèrent l’utilisation d’animaux comme la situation par défaut, comme la manière « normale » de fonctionner. Les actes de violence « ne peuvent pas » être perçus autrement que comme des attaques contre une conduite jugée complètement correcte et moralement acceptable (tant qu’elle est « humaine » du moins) par la plupart des gens.

Avoir recours à la violence, ce qui serait nécessairement interprété par la plupart des personnes comme pathologique, ne poussera pas les gens à croire que l’utilisation d’animaux est condamnable; si la violence provoque une réaction, ce sera celle de servir les fins de ceux qui souhaitent laisser entendre que tous les efforts en vue de changer le paradigme actuel – incluant des efforts pacifiques et non violents – reposent sur un code moral pathologique et condamnable. La promotion de la violence est non seulement incohérente avec l’éthique de la paix; mais elle nuit à son acceptation.

L’éducation créative et non violente au véganisme est un travail difficile. Mais, contrairement à ses alternatives, elle est l’unique option qui permettra de changer le paradigme et d’aborder les questions morales sous-jacentes d’une manière fondamentalement différente. Contrairement aux alternatives, l’éducation créative et non violente au véganisme peut causer la révolution – celle du cœur.

Et en fin de compte, il s’agit là des seules révolutions qui fonctionnent.

Gary L. Francione
©2009 Gary L. Francione