Je n’ai jamais cessé d’être étonné par les gens qui prétendent que nous ne devrions pas promouvoir le véganisme comme impératif moral sous prétexte qu’ils ont mis du temps à devenir végans.
Quelle pertinence a la durée qu’a mis quelqu’un pour se rendre compte que devenir végan était la bonne chose à faire ? Réponse : absolument aucune.
Franchement, je ne suis pas du tout surpris qu’il ait fallu beaucoup de temps à la plupart des gens pour devenir végan étant donné qu’aucune des grosses associations de protection animale ne présente le véganisme comme principe moral de base, et qu’elles font toutes la promotion, à un degré plus ou moins grand, des réformes de bien-être et de l’exploitation heureuse. Je rencontre régulièrement des personnes qui ont été végétariennes pendant 20 ans et sont devenues véganes seulement après être tombées sur l’approche abolitionniste. Bien qu’elles soient presque toujours bénévoles dans une ou plusieurs associations animalistes, personne ne leur a jamais demandé de devenir végan, et moins encore ne leur a dit clairement que le véganisme constituait un impératif moral — un principe moral de base sans équivoque. De fait, la plupart des associations continuent de présenter le végétarisme comme une alternative au véganisme, et ceci n’est pas compatible avec le fait de présenter ou de promouvoir le véganisme comme impératif moral.
Le fait est que la validité des principes moraux ne dépend pas du temps qu’a mis une personne en particulier pour reconnaître leur validité. Aucun de nous n’en doute lorsque des humains sont concernés. Par exemple, si quelqu’un a mis dix ans avant de reconnaître que le racisme est mal et cesser d’employer des épithètes racistes, doit-on en déduire que nous ne devrions pas rendre clair le fait que le racisme est mal ? Bien sûr que non. Est-ce que quiconque oserait suggérer un « Vendredi Sans Blague Raciste » pour fournir à ceux qui mettent du temps à cesser d’être racistes une approche « progressive » de la chose ? Bien sûr que non.
De la même façon, le fait que certaines personnes puissent mettre des années avant de reconnaître que le statut moral des animaux exige qu’elles deviennent véganes, ne signifie pas que nous devons promouvoir des « Lundis Sans Viande », des œufs de poules « en liberté », du porc sans batterie ni toutes les autres absurdités de ce genre pour arranger ceux qui mettent du temps à tourner le dos au spécisme.
Nous devons toujours être clairs quant au fait que l’utilisation des animaux est injustifiable et que le véganisme constitue un impératif moral ; un principe éthique de base. Si quelqu’un désire faire moins que ce strict minimum qui est de devenir végan, alors c’est le choix de cette personne et jamais parce que nous approuverions une forme quelconque d’exploitation animale.
Enfin, être clair quant à nos obligations morales ne veut pas dire juger les gens. Beaucoup de mes connaissances ne sont pas véganes. Je ne les juge pas, mais je leur fais clairement comprendre que nous ne pouvons justifier moralement d’utiliser les animaux, et que le véganisme constitue, pour nous tous, une obligation éthique de base.
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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.
Le monde est végane ! Si vous le voulez.
Gary L. Francione
Professeur Distingué, Rutgers University
©2014 Gary L. Francione