Nous changeons de direction. Vous êtes de la partie ?

Quelqu’un m’a écrit pour dire qu’un welfariste qui encourage les œufs « sans cage » et d’autres formes d’ « exploitation heureuse » insinuait que l’approche abolitionniste était limitée et ne fournissait pas de programme efficace pour le changement, contrairement aux réformes du bien-être animal qui auraient, elles, un effet plus large et influent.

Je dirais que c’est un non-sens, mais ce serait faire affront à l’absurdité.

Réfléchissez.

Pour commencer, imaginez l’effet que nous aurions si tous les grands groupes faisaient la promotion du véganisme comme principe de base au lieu de promouvoir leurs « sans cage », « sans batterie », « sans viande » et autres « veg/veggie/végéta*ien ».

Imaginez ce qui arriverait si tous les millions de dollars dépensés par ces groupes dans le but de promouvoir les réformes de bien-être animal et l’ « exploitation heureuse » étaient investis dans un message végan clair et sans équivoque reconnaissant que la valeur morale des animaux *signifie* que nous ne pouvons ni les manger, ni les porter, ni les utiliser – quelque « humanité » y mettions-nous. Imaginez la direction que prendrait alors la discussion sociale sur l’éthique animale.

En second lieu, *tout le monde* est capable, en 2013, de toucher de nombreuses personnes. Je suis une personne. Je n’ai pas d’association. Je n’ai pas d’employés. Nous pouvons tous éduquer de nombreuses personnes !

En troisième lieu, ne sous-estimez jamais l’effet que vous aurez en vous engageant dans des discussions créatives et non-violentes sur le véganisme avec de petits groupes de personnes. L’effet de votre intervention sera exponentiel, même à ce petit niveau.

En quatrième lieu, le principal effet du mouvement prônant les réformes de bien-être / l’ « exploitation heureuse » est de rendre le public plus à l’aise par rapport à l’exploitation animale. Il serait en effet absurde de suggérer le contraire. Est-ce qu’autant de sociétés, qui tirent profit des animaux, investiraient dans l’ « exploitation heureuse » si cela les obligeait à fermer boutique ? Jamais de la vie ! Whole Foods pense-t-il que son programme de « Classification du Bien-Etre Animal », annoncé par les welfaristes comme « pionnier », poussera les gens vers le véganisme et freinera ainsi leurs ventes de viande, de lait ou d’œufs ? Allons donc, revenons sur terre.

En cinquième lieu, regardez l’effet considérable que le mouvement abolitionniste a eu ces toutes dernières années. Sans l’appui d’aucune grande association ni de collectes de fonds, un mouvement populaire est en train d’émerger. Nous avons modifié les conversations au sein du mouvement. Nous pouvons étendre cela à la société dans son ensemble. Malheureusement, ce sont les welfaristes, qui contrôlent les grandes associations et ont formé de réels partenariats avec les exploiteurs institutionnels, qui sont devenus le plus grand obstacle.

Vous pouvez choisir de promouvoir les droits des animaux, ou bien l’ « exploitation heureuse ». Il n’y a pas de troisième choix. Ne choisissez pas cette dernière proposition juste parce que les welfaristes vous disent que c’est l’unique solution efficace pour aider les animaux. Cela est faux — à plusieurs niveaux.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le s’il vous plaît. Le véganisme est une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la terre et envers vous-même.

Et ne vous faites jamais avoir par cette idée insensée que nous devrions soutenir l’« exploitation heureuse » afin que les gens deviennent végans. C’est le contraire : l’industrie tout entière de l’ « exploitation heureuse » n’a qu’un seul but : faire en sorte que le public soit encore plus à l’aise avec l’exploitation animale.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2013 Gary L. Francione