Archives annuelles : 2012

Animaux tués sur les routes, œufs abandonnés, faire les poubelles

On me demande souvent s’il est « végan » de manger les « animaux tués sur les routes », les œufs abandonnés par les poules qu’on a comme compagnonnes, ou des produits d’origine animale trouvés dans les poubelles.

Ma réponse est courte : non.

Explication : bien que ces activités ne contribuent pas directement à la demande en produits d’origine animale, ils sont profondément problématiques en tant que faits symboliques. Ils renforcent l’idée que les produits d’origine animale sont des choses à consommer ; ils renforcent l’idée que les animaux sont des objets, qu’ils sont des ressources humaines ; ils renforcent la pratique sociale consistant à consommer les animaux ; ils renforcent la demande même s’ils n’y contribuent pas directement.

Mais si personne ne vous voit faire ces choses ? Dans ce cas, vous n’êtes engagés dans aucune activité symbolisant quoi que ce soit à quiconque, car nul ne le voit ni ne le sait. Vous ne renforcez pas la demande.

Mais vous observez ; vous êtes au courant. Vous participez à l’acte de consommer les animaux ; un rituel qui n’a aucun sens sinon la célébration spéciste que les animaux sont des choses à exploiter.

Etre végan signifie que vous rejetez l’idée selon laquelle les animaux sont pour nous des choses à consommer. Ils ne sont pas des produits ; ils ne sont pas des ressources.

Ils ne sont pas de la nourriture, pas plus que ne l’est un bras humain que vous trouveriez dans une benne.

Nous ne penserions jamais à manger un humain. Les humains sont des personnes morales. Nous ne mangeons pas les personnes. Mais les non-humains sont également des personnes. Ils ont une valeur morale. Leurs corps et les produits faits à partir d’eux ne sont pas à manger, même si nous les trouvons morts le long des routes ou dans une benne, ou même s’ils abandonnent leurs œufs.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est entièrement une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la planète et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Commentaire n° 24 : Lennox et le raisonnement éthique dans le contexte des droits des animaux

Mon dernier commentaire date d’un certain temps et je comptais en produire d’autres, mais j’ai hélas été très occupé.

J’avais notamment l’intention de faire un podcast à propos de mon article, Souci moral, impulsion morale et argumentation logique dans la défense des droits des animaux, que j’ai publié en mai et qui a reçu un formidable accueil.

Puis hier j’ai appris que, mercredi 11 juillet 2012, le Conseil municipal de Belfast (Irlande du Nord), avait tué Lennox, un chien que l’on prétendait être un pitbull, et dont l’élevage est illégal en Irlande du Nord. Une campagne internationale s’était mise en place pour sauver Lennox, et après qu’il a été tué, des protestations se sont fait entendre en Espagne, aux Etats-Unis, en Serbie et en bien d’autres lieux.

Dès que j’ai appris la nouvelle, j’ai publié l’article L’héritage de Lennox et j’ai décidé que le moment était venu de faire un nouveau Commentaire, car les réactions à l’histoire de Lennox exigeaient que nous songions à étendre notre souci moral aux autres animaux. Selon moi, si la mort de Lennox vous affecte mais que vous n’êtes pas végan, vous ne raisonnez pas de manière claire. Le cas de Lennox fait surgir certaines des questions qui se posaient déjà dans l’affaire Michael Vick.

Dans la première partie du Commentaire, je parle de Lennox. Je discute ensuite du raisonnement éthique dans le contexte de la défense des droits des animaux. Dans la seconde partie, j’aborde le concept de sentience.

J’espère que vous prendrez plaisir à écouter ce 24e Commentaire et qu’il vous aidera à penser l’éthique animale.

J’adresse également mes vifs remerciements à Paola Aldana de Meoño pour avoir dessiné l’avatar du nouveau Commentaire.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est entièrement une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la planète et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

L’héritage de Lennox

Hier, mercredi 11 juillet 2012, Lennox, que l’on prétendait être un pitbull, a été exécuté par le Conseil Municipal de Belfast, Irlande. Les pitbulls sont illégaux en Irlande du Nord. Une campagne internationale pour sauver Lennox s’était mise en place, et la mort du chien soulève aujourd’hui l’indignation du monde entier.

Et c’est normal.

Ce n’est rien d’autre que de l’ignorance que de considérer les pitbulls comme méchants. Quiconque connaît un tant soit peu ces chiens sait qu’ils sont doux et aimants, et qu’historiquement ils avaient pour rôle d’être babysitters pour les enfants humains. Certains pitbulls sont-ils méchants ? Oui, mais ce sont des humains qui les ont rendus tels. Et d’après ce que j’ai lu, l’affirmation des autorités de Belfast comme quoi Lennox était méchant, ou qu’il s’avérait, pour X raison, « nécessaire » de le tuer, ne reposait sur aucune preuve.

Mais l’histoire de Lennox a un sens plus profond. Le monde entier s’indigne parce qu’il n’y avait aucune justification pour procéder à son exécution. Le Conseil Municipal de Belfast a mal agi.

Mais que dire des 150 millions d’animaux nonhumains — sans compter les poissons — tués aujourd’hui à travers le monde pour la nourriture ?

Chacun de ces animaux est aussi innocent et vulnérable que l’était Lennox. Et il n’y a aucune justification non plus aux souffrances et à la mort que nous leur imposons. Nous tuons et mangeons les animaux parce que nous trouvons qu’ils ont bon goût ; nous avons pris cette habitude à seule fin de satisfaire notre plaisir gustatif. Rien de plus.

Beaucoup de ceux et celles qui ont protesté contre l’exécution de Lennox et désapprouvent les actes du Conseil Municipal de Belfast font pourtant exactement la même chose que ce que le Conseil Municipal de Belfast a fait avec Lennox : ils décident qui va vivre et qui va mourir.

L’indignation internationale soulevée par cette injustice montre qu’un grand nombre d’entre nous se soucient moralement des non-humains.

Si nous pouvions transformer cette étincelle en feu, et généraliser ce souci moral de sorte que tous ceux qui sont bouleversés par la mort de Lennox puissent de la même façon s’indigner de la mort des milliards d’animaux assassinés annuellement pour la nourriture, alors nous aurions enfin un véritable mouvement pour les droits des animaux.

Le mouvement pitoyable de la « viande heureuse », de la « consommation compassionnelle » qui existe actuellement n’a rien à voir avec les droits des animaux ; mais il a tout à voir avec la volonté de rendre les gens plus à l’aise par rapport au fait de consommer les non-humains.

Lennox a été tué injustement. Ce qui est arrivé est un grand mal. Ceux qui s’indignent de ce qui est arrivé à Lennox doivent reconnaître que continuer à consommer les animaux ne nous rend pas différents du Conseil Municipal de Belfast.

Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Sensibilisez les autres de manière créative et non-violente au véganisme, et faites-leur comprendre que le véganisme est la seule réponse rationnelle à la reconnaissance du fait que les animaux importent sur le plan moral.

Et si nous avons la possibilité d’adopter un animal sans foyer de n’importe quelle espèce, alors faisons-le. Si vous prévoyez d’adopter un chien, pourquoi pas un pitbull ou un chien du même genre ? Ce sont des chiens formidables !

Laissons notre conscience s’éveiller à la justice pour tous les animaux nonhumains : voici le message que Lennox nous lègue.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Sentience

Un être sentient est un être subjectivement conscient ; un être qui possède des intérêts ; c’est-à-dire un être qui a des préférences, des désirs, une volonté. Ces intérêts n’ont pas à être en quoi que ce soit semblables aux intérêts des humains. Si un être possède une quelconque sorte d’esprit qui lui fait expérimenter la frustration ou la satisfaction de n’importe quels intérêts qu’il possède, alors cet être est sentient.

Nous raisonnons de manière spéciste en affirmant qu’un être doit posséder un esprit de type humain pour compter sur le plan moral. Autrement dit, il est spéciste d’affirmer qu’un être doit avoir un sens réflexif de conscience de soi, ou des pensées conceptuelles, ou une capacité générale d’expérimenter l’existence à la manière des humains, afin d’avoir le droit moral de ne pas être utilisé comme ressource. Aussi longtemps que quelqu’un est subjectivement conscient, et qu’à sa manière propre se soucie de ce qui lui arrive, alors il possède nécessairement le droit moral de ne pas être utilisé comme ressource.

Y a-t-il une incertitude à esquisser une frontière entre le fait d’être sentient et non sentient ? Bien sûr. Néanmoins, il est clair et dénué de doute que tous les animaux que nous exploitons régulièrement — les poissons, les vaches, les cochons, les moutons, les chèvres, les poulets et d’autres oiseaux, les homards, etc. — sont sentients. Par conséquent nous savons tout ce que nous avons besoin de savoir pour prendre la décision éthique de cesser de manger, de porter ou d’utiliser ces animaux.

Pouvons-nous dire avec autant de certitude et empiriquement que les plantes ne sont pas sentients ? Oui, bien sûr que nous le pouvons. Les plantes sont vivantes ; les plantes réagissent à des stimuli. Mais les plantes ne réagissent pas selon un processus conscient. C’est-à-dire qu’il n’y a nulle raison de croire que les plantes possèdent une quelconque sorte d’esprit qui se soucie de ce qui leur arrive.

On dit souvent que je ne considère pas les insectes comme sentients. Cela est inexact. Je ne sais si les insectes sont sentients. Je penche en faveur de la sentience et je ne les tue pas intentionnellement. Par exemple, je fais attention en marchant de sorte à ne pas les tuer ni les blesser. Je ne sais si les palourdes ou d’autres mollusques sont sentients, bien que je penche là encore en faveur de la sentience, que je ne les mange ni n’achète de produits faits à partir d’eux.

Mais je répète : ne pas savoir où tracer la frontière ne veut pas dire que nous n’en savons pas assez, ici et maintenant, pour être absolument certains du fait que nous avons l’obligation morale de ne pas manger, porter ou utiliser les animaux, et que le véganisme doit constituer le fondement éthique d’un mouvement qui recherche pour eux la justice.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. Le véganisme est entièrement une question de non-violence. C’est d’abord une question de non-violence envers les autres êtres sentients. Mais c’est aussi une question de non-violence envers la planète et envers vous-même.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Post-scriptum, 13 juillet 2012

Plusieurs personnes m’ont écrit au cours du jour dernier en me demandant si j’estime que manger des palourdes est cohérent avec le fait d’être végan. Ces questions ont été motivées par la vidéo en lien ci-dessus.

Non, j’estime que consommer ces non-humains n’est pas cohérent avec le fait d’être végan.

Dans le cas des plantes, nous pouvons être aussi certains de leur non-sentience que nous le sommes à propos de n’importe quoi. La non-sentience des palourdes, des huîtres, etc., n’est, en revanche, pas certaine, et par conséquent, il me semble moralement indiqué de pencher, pour ces êtres, en faveur de la sentience et contre l’exploitation. Il y a d’autres mollusques (les céphalopodes tels que les calmars, les poulpes, etc.) qui sont neurologiquement plus développés et dont la sentience ne fait aucun doute. Par conséquent, je considère comme moralement indiqué de supposer que les palourdes, les huîtres, les coquilles Saint-Jacques et plus généralement l’ensemble des mollusques (les escargots inclus) sont des êtres sentients, et à ce titre de ne pas les manger ni les exploiter en tant que ressources humaines.

Animals Today, dimanche 8 juillet

Dimanche 8 juillet, je serai l’invité d’Animals Today. Je passerai à l’antenne entre 14 et 15 h, heure du Pacifique. Heure de l’Est : 17-18h.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. C’est facile, c’est meilleur pour votre santé et l’environnement, et par-dessus tout, c’est moralement la bonne chose à faire.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Besoin d’informations véganes pratiques ? Maintenant vous les avez.

Adam Kochanowicz et Sandra Cummings ont produit une base de données formidable, le Vegan Starter Kit.

Ce genre de projet est d’une grande valeur pratique et je suis content qu’Adam et Sandra l’aient réalisé. Je suis certain que vous en ferez bon usage.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. C’est facile, c’est meilleur pour votre santé et l’environnement, et, par-dessus tout, c’est moralement la bonne chose à faire.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Un échange sur Facebook

L’échange ci-dessous est extrait d’une conversation qui s’est déroulée sur la page Facebook d’Approche Abolitionniste.

Quelqu’un a posé la question suivante :

La Bible ne nous dit-elle pas que les animaux ont été créés par Dieu pour l’usage de l’homme, et les écritures coraniques et juives ne prescrivent-elles pas comment (et quels) animaux doivent être abattus pour la consommation humaine ? En mettant de côté les actes de cruauté gratuite et l’indifférence aux droits des animaux, il me semble que la Bible défend en partie le bien-être animal, mais certainement pas une approche abolitionniste — aussi, comment ne ferait-elle pas la promotion du spécisme ?

Voici ce que j’ai répondu :

J’ai plusieurs réponses à vous apporter :

Premièrement, à moins de croire que les livres sacrés d’une religion contiennent la parole littérale de Dieu, les textes religieux doivent être considérés, une fois replacés dans leur contexte historique, comme des sortes de brochures spirituelles. Ce qui avait valeur de principe central d’une religion peut (et c’est généralement d’ailleurs le cas) évoluer au gré du contexte historique. Quoi qu’il en soit, on peut être théiste, et même chrétien, sans considérer la Bible comme autre chose qu’un document qui s’est développé au cours de l’histoire et débattait de divers problèmes dont beaucoup n’avaient rien à voir avec la théologie, mais tout à voir avec le pouvoir et le contrôle qui sont l’apanage de *toutes* les institutions, qu’il s’agisse des églises, des sociétés commerciales ou des gouvernements.

Deuxièmement, allez lire la Genèse, le premier livre de l’Ancien Testament. Dans l’histoire originelle de la Création, tout le monde, les animaux inclus, était végan. Il est absolument clair que les humains ne mangeaient pas les animaux et que les animaux ne se mangeaient pas entre eux. C’est seulement après que l’alliance passée entre les humains et Dieu a été rompue que la consommation de la chair des animaux a débuté. Pour autant que je lise correctement, le véganisme était le mode de vie idéal et c’est à celui-ci que les humains devaient travailler (autrement dit travailler à cet état de paix où le meurtre n’existait pas, où même le lion s’allongeait côte à côte avec l’agneau et mangeait de la paille, etc.).

Troisièmement, le spécisme, qu’il se présente sous la forme d’une doctrine religieuse ou d’une doctrine séculière, promeut le spécisme. L’idée que la religion est marquée au coin du spécisme est complètement fausse. Les religions ont-elles été utilisées pour justifier le spécisme ? Oui. Les institutions séculières telles que le paradigme humaniste des Lumières ont-elles été utilisées pour justifier le spécisme ? Oui. La science dominante est-elle spéciste ? Bien sûr que oui. Aucune de ces institutions n’est intrinsèquement spéciste (ou raciste, ou sexiste, ou homophobe). En revanche, elles sont toutes dominées et façonnées par des gens qui sont spécistes (et sexistes, et racistes, et homophobes).

Quatrièmement, ce que je trouve ennuyant, c’est qu’une grande partie de la discussion sur ce sujet soit alimentée par des gens qui se déclarent « athées » parce qu’ils n’aiment pas le Pape, ou parce que l’Eglise Catholique a facilité et étouffé des affaires de pédophilie, ou parce que certains fondamentalistes (de quelque religion que ce soit) sont des gens odieux, haïssables, etc. Toutes ces choses peuvent être vraies, mais elles n’ont rien à voir avec le problème de savoir si Dieu existe ou si l’univers possède une dimension spirituelle.

Un grand nombre de défenseurs des animaux se déclarent « athées » alors que beaucoup d’entre eux embrassent certaines croyances spirituelles. D’autres ont même des croyances théistes. Ce qu’ils entendent par « athées » est qu’ils rejettent les religions organisées traditionnelles.

Cinquièmement, le Nouvel Athéisme en vogue parmi ces personnes, particulièrement les jeunes, est colporté par un groupe de réactionnaires politiques parmi lesquels figurent Richard Dawkins, Sam Harris et Chris Hitchens. Noam Chomsky les appelle des « fanatiques ». Pourquoi ? Parce qu’ils répandent l’idée que les problèmes du monde sont causés par la religion plutôt que par les facteurs économiques et géopolitiques qui sont réellement en jeu. En d’autres termes, ils veulent que vous pensiez que les problèmes du Moyen-Orient, par exemple, sont liés à l’islam plutôt qu’au pétrole et à l’impérialisme occidental. Ces Nouveaux Athéistes cherchent à donner une base « scientifique » au Nouvel Ordre Mondial. Si vous vous considérez comme quelqu’un de politiquement progressiste, alors demandez-vous si vous voulez vous identifier à ces penseurs réactionnaires.

Notez bien que je ne dis pas que l’athéisme est une mauvaise chose parce que Dawkins, Harris et Hitchens sont des réactionnaires politiques. Je dis seulement que les gens qui s’intéressent aux pensées critiques, rationnelles et progressistes doivent faire attention avant de suivre le mouvement du Nouvel Athéisme.

Sixièmement, je le répète : les arguments en faveur des droits des animaux que j’ai développés au cours des trente dernières années sont très différents des positions élaborées par Peter Singer et Tom Regan, et reposent sur la logique et la rationalité. Un point, c’est tout. Quiconque prétend le contraire soit ne connaît pas mon travail, soit le présente délibérément sous un faux jour. Mon travail parle pour lui-même : la logique et la rationalité y sont absolument essentielles.

Mais la logique et la rationalité ne font pas tout.

Afin que les gens traduisent, dans leurs propres vies, la logique et la rationalité de la position abolitionniste en changement significatif (en devenant végans c’est-à-dire) et militent auprès d’autrui pour l’amener à réaliser à son tour ce changement dans son existence, il est nécessaire qu’ils considèrent les animaux comme ayant une valeur morale. Ils doivent éprouver, à leur égard, une impulsion morale. Ils doivent les « voir », tous ou au moins certains d’entre eux, comme des membres de la communauté morale. La question n’est pas nécessairement d’ « aimer » les animaux ; la question, c’est de les considérer comme des membres de la communauté morale. C’est d’avoir la motivation de bien agir dès lors qu’il s’agit d’eux. Si les gens possèdent cette inquiétude ou cette impulsion morale à l’égard d’au moins certains animaux (et la bonne nouvelle, c’est que c’est le cas de beaucoup d’entre eux), je crois que l’approche logique que j’ai développée peut les amener à voir que tous les êtres sentients sont des membres de la communauté morale et que nous devons abolir, et non seulement réglementer, l’exploitation animale.

Si les gens rejettent l’idée que les animaux sont des membres de la communauté morale, alors la logique et la rationalité ne serviront pas à grand-chose. Laissez-moi l’expliquer dans le contexte suivant : vous estimez que les combats de chiens qu’a organisés Michael Vick sont une mauvaise chose. Je peux, en recourant à des arguments logiques et rationnels, vous amener à reconnaître que n’importe quel non-végan se place au même niveau que Michael Vick. Mais si vous pensez que les combats de chiens de Vick étaient une bonne chose, je n’irai pas très loin avec vous.

L’impulsion morale qui doit exister afin de fonctionner avec l’argumentation logique et rationnelle peut surgir de n’importe où — de sources théistes (ex. : la croyance en l’amour chrétien universel), de sources spirituelles (ex. : la croyance en la vision bouddhiste de l’interconnexion de toutes les vies), ou de sources entièrement athéistes et non spirituelles (ex. : la croyance que la proposition suivante : « Il est mal d’infliger des souffrances à un être sentient sans justification suffisante » est, en tant qu’intuition morale, une affirmation objectivement vraie).

Peu importe la source de votre inquiétude ou impulsion morale : seul compte le fait que vous l’ayez.

L’idée qu’un abolitionniste doit forcément être athée est aussi absurde que de prétendre qu’un athée ne peut être abolitionniste. Les abolitionnistes peuvent être athées, chrétiens, musulmans, bouddhistes, juifs, réalistes moraux laïques, ou ce que vous voulez. (Si l’on se place dans une perspective historique, il se trouve que la plupart des abolitionnistes de l’esclavage des humains étaient des croyants.)

Nous devons toujours critiquer le spécisme, quelque forme qu’il revête, quelque doctrine qu’il épouse. Mais cela ne signifie pas que nous devons nous moquer ou attaquer les croyances religieuses ou spirituelles en soi. Récemment, un de ces groupes animalistes réactionnaires et manquant de jugement issus du Nouvel Athéisme ont publié un dessin choquant qui comparait Jésus, Bouddha et Krishna à Charles Manson et Jim Jones. Qui peut croire qu’une telle comparaison, hormis le fait qu’elle est intrinsèquement fausse, va aider en quoi que ce soit les animaux ? Voyons, ce serait totalement irrationnel.

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Si vous n’êtes pas végan, devenez-le. C’est facile, c’est meilleur pour vous sur le plan physique, et par-dessus tout c’est éthiquement la bonne chose à faire. Si vous l’êtes déjà, alors sensibilisez les autres en leur démontrant que le fait qu’ils se soucient des animaux signifie qu’ils doivent, aussi, être végans.

Et si vous êtes en mesure de le faire, s’il vous plaît, adoptez ou devenez famille d’accueil pour un animal sans foyer. Les refuges sont pleins à craquer de toutes sortes d’animaux qui ont besoin de vous : des chiens, des chats, des oiseaux, des rongeurs, des poissons. Il y a quelqu’un pour chacun d’entre vous ! Si vous possédez du terrain et pouvez accueillir un grand animal (ou beaucoup de petits), alors faites-le !

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Débat avec le Professeur Michael Marder sur l’éthique végétale

Le Professeur Michael Marder, auteur du livre à paraître Plant-Thinking: A Philosophy of Vegetal Life, et moi-même avons brièvement débattu de l’éthique végétale sur le site de Columbia University Press. Vous pouvez retrouver ce débat ici.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. C’est facile, c’est meilleur pour votre santé et l’environnement, et, par-dessus tout, c’est moralement la bonne chose à faire.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Futur podcast sur une défense efficace des droits des animaux : un aperçu

La semaine dernière, j’ai posté deux articles : Souci moral, impulsion morale et argumentation logique dans la défense des droits des animaux et Images violentes et militantisme.

Les réactions que j’ai reçues ont été massives, et cela en l’espace de quelques jours seulement. J’ai reçu 52 courriels (jusqu’à présent) posant des questions sur l’application, dans des circonstances concrètes, des idées que j’ai développées.

Je sortirai un podcast à ce sujet dès que j’en aurai l’occasion. Cela dépendra de l’avancement de mon travail sur différents projets, et pourra prendre une semaine ou deux. Je n’en ai pas réalisé depuis un certain temps, et ce sujet semble suffisamment riche pour faire l’objet d’un ou deux podcasts.

En attendant, le point que je souhaite approfondir dans mes articles est que si les gens n’ont pas ce que j’appelle le souci moral des animaux (par quoi j’entends qu’au moins certains animaux ont, pour eux, une importance morale) et une impulsion morale les concernant (par quoi j’entends qu’ils sont motivés pour suivre cette voie, agir selon cette conviction de façon à vouloir faire ce qui est juste, et pas seulement le penser), alors la logique et la rationalité, face à ces personnes, ne serviront pas à grand-chose.

En revanche, si une personne a le souci moral des animaux et l’impulsion morale de vouloir bien agir envers eux, alors nous pouvons recourir à la logique et à la rationalité pour l’amener à adopter une éthique végane abolitionniste.

En d’autres termes, si quelqu’un me dit : « Je pense que ce que Michael Vick a fait à ces chiens est scandaleux d’un point de vue moral parce qu’il est mal de faire souffrir les animaux sans raison », je peux alors utiliser la logique et la rationalité afin de lui démontrer que notre pratique consistant à manger les animaux et les produits d’origine animale n’est en rien différente de celle consistant à utiliser des animaux dans des combats.

Mais si quelqu’un déclare : « Je ne me préoccupe pas de ce que Michael Vick, ou qui que ce soit d’autre, fait aux animaux. Je ne considère pas que ces derniers aient une valeur morale », il est improbable qu’une telle personne s’intéresse aux arguments logiques concernant la façon dont elle devrait s’acquitter de ses obligations morales envers les animaux. Elle ne reconnaît pas qu’elle en a.

La bonne nouvelle, c’est que la plupart des gens éprouvent un souci moral à l’égard d’une partie au moins des animaux. Notre défi en tant que défenseurs des animaux est d’utiliser la logique et la rationalité pour les amener à voir que leur souci moral a un sens seulement s’ils l’étendent à tous les êtres sentients et s’ils soutiennent l’abolition, à la fois dans leurs vies personnelles, sous la forme du véganisme et, au niveau social, sous la forme d’une éducation au véganisme non-violente.

Quant à ceux qui n’ont réellement aucun souci moral des animaux, nous ne pouvons utiliser la logique et la rationalité pour les forcer à changer, ni prouver qu’ils devraient s’en soucier. S’ils ne s’en soucient pas, ils ne s’en soucient pas.

Bien que notre défi en tant que défenseurs soit d’aider les gens à prendre conscience des implications de leur souci moral des animaux, il n’est pas pertinent de savoir pourquoi ils ont ce souci moral. Ce qui est pertinent, c’est de savoir qu’ils le possèdent. C’est ce que nous devons établir et c’est ce qui sert de prédicat, ou de base, à notre utilisation de la logique et de la rationalité pour démontrer que le véganisme est la seule réponse cohérente à la reconnaissance du fait que les animaux ont une importance morale.

Par conséquent, si quelqu’un dit : « Je pense que ce que Michael Vick a fait à ces chiens est scandaleux d’un point de vue moral parce qu’il est mal de faire souffrir les animaux sans raison », la réponse n’est pas de demander : « Pourquoi pensez-vous cela ? », et se mettre ensuite à raisonner avec la personne parce que vous êtes en désaccord avec la source de ses préoccupations morales.

Par exemple, si une personne déclare : « Je pense que ce que Michael Vick a fait à ces chiens est scandaleux d’un point de vue moral parce qu’il est mal de faire souffrir les animaux sans raison », votre tâche est de lui faire voir que son souci moral des animaux nécessite qu’elle arrête complètement de les consommer ou de les utiliser, et d’encourager les autres à faire de même.

Vous ne rendez pas service aux animaux si, dans cette situation, vous dites : « Et pourquoi pensez-vous cela ? », que la personne répond : « Parce que je suis bouddhiste et que je crois en l’interconnexion de toute vie », et que vous lui rétorquez qu’elle est idiote, ou irrationnelle, de croire au bouddhisme sous prétexte que vous, vous êtes athée, d’esprit « scientifique », et que vous ne croyez pas au bouddhisme.

De même, si le fondement de votre souci moral des animaux est le bouddhisme, votre tâche n’est pas de convaincre les autres de devenir bouddhistes. La source du souci moral d’une personne peut être en effet complètement différente de la vôtre et résulter de la lecture d’un poème de Byron, qui était athée (et pourtant tourmenté par la question de Dieu), ou encore de la relation qu’elle a tissée avec son chien. Ce qui compte, c’est que vous partagiez tous deux le souci moral des animaux. La raison pour laquelle vous éprouvez ce souci moral est hors de propos. Tout ce qui importe, c’est le fait que vous l’éprouviez.

Si une personne déclare que son souci moral vient de ce qu’elle a grandi dans une ferme avec des animaux, qu’un jour cela a fait tilt alors même que ces animaux étaient exploités par sa famille, qu’elle a reconnu à partir de là son affinité avec eux mais qu’elle n’est pas certaine pour autant de ce qu’elle doit faire au niveau pratique, notre tâche consiste à lui montrer en quoi son sens de l’affinité doit la conduire au véganisme et à soutenir l’abolition de l’exploitation. Notre tâche n’est pas de la critiquer sous prétexte que son sens de l’affinité avec les non-humains s’est développé dans une situation que nous considérons comme moralement répréhensible.

Je parle beaucoup de la non-violence comme source du souci moral quant aux questions impliquant des humains et des non-humains. Je crois juste de dire que beaucoup de gens partagent avec moi la conviction que la non-violence représente une valeur importante et fondamentale, indépendamment du fait qu’ils la relient généralement à une religion ou une tradition spirituelle particulière. De fait, de nombreuses personnes adoptent la non-violence en tant que concept purement laïque. Et c’est précisément parce que la non-violence est une valeur morale adoptée par beaucoup de gens malgré ce qu’ils peuvent croire par ailleurs qu’elle fournit une structure commune à partir de laquelle de nombreux sujets peuvent être abordés. Je ne parle jamais de la non-violence dans un contexte métaphysique ou spirituel particulier lorsque je discute d’éthique animale, car cela n’est ni utile ni pertinent. Si vous et moi partageons une préoccupation morale commune — notre croyance en la non-violence —, la raison pour laquelle nous l’éprouvons n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est que notre croyance commune est le fondement de notre préoccupation morale de la violence envers les animaux. De cette préoccupation morale commune, nous pouvons raisonner sur les importantes conclusions morales du véganisme et de l’abolition.

Je répète : nous ne devons pas nous soucier de la raison pour laquelle les gens sont concernés par les animaux ; ce qui importe, c’est qu’ils aient cette préoccupation. Les raisons pour lesquelles ils se préoccupent des autres animaux — humains ou autres — importent seulement dans la mesure où ces raisons limitent leur souci moral, non quand elles l’augmentent.

Plus à venir…

Si vous avez une question à me poser, veuillez la soumettre sur notre page Contact.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. C’est facile, c’est meilleur pour votre santé et l’environnement, et par-dessus tout, c’est moralement la bonne chose à faire.

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Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione

Images violentes et militantisme

On me demande souvent s’il est souhaitable, dans la sensibilisation d’autrui au véganisme abolitionniste, de recourir à des images violentes montrant des scènes d’abattage ou encore la réalité des élevages industriels. Lorsque je fais part de mes hésitations et de mes inquiétudes, les personnes qui connaissent mon passé me disent souvent : « Mais visiter un abattoir n’a-t-il pas eu un effet profond sur toi ? »

Cela est assurément le cas. Mais nous devons faire la différence entre l’origine de notre préoccupation morale des animaux et les arguments que nous déployons en faveur de l’abolition et du véganisme. Dans mon précédent post, Souci moral, impulsion morale et argumentation logique dans la défense des droits des animaux, j’ai maintenu que la rationalité est absolument essentielle pour une défense efficace des droits des animaux, mais que pour qu’une personne soit réceptive à l’argument rationnel, elle doit d’abord concevoir au moins une certaine inquiétude morale à l’égard des animaux. Elle doit avoir l’impulsion morale de vouloir faire la chose juste concernant au moins certains animaux, afin de pouvoir répondre positivement aux arguments logiques à propos de ce qu’est cette juste chose à faire. L’inquiétude et l’impulsion morales peuvent avoir plusieurs origines. Si, cependant, une personne ne se préoccupe tout simplement pas des animaux et ne les considère en aucune façon comme des membres de la communauté morale, la logique et la rationalité ne seront guère utiles.

Dans mon cas, mon inquiétude morale est née de la visite d’un abattoir et d’une reconnaissance simultanée qu’un engagement pour la non-violence était gravement incomplet s’il n’était pas appliqué aux animaux. Ce fut cette inquiétude et la très forte impulsion morale qui en a résulté qui m’ont conduit à développer l’approche abolitionniste des droits des animaux, laquelle considère que tous les êtres sentients font partie de la communauté morale et identifie le véganisme et l’abolition comme les seules réponses cohérentes à la reconnaissance de l’inhérente valeur morale des animaux.

Mais dire qu’une chose a servi à déclencher ou éveiller le souci moral d’une personne n’est pas dire qu’elle constituera également un outil de plaidoyer efficace pour ceux qui déjà se préoccupent moralement des animaux tout en hésitant à propos de ce que cela implique concrètement dans leurs vies et leurs efforts de plaidoirie. Montrer des vidéos sanglantes à quelqu’un peut déclencher chez lui un souci moral, mais la plupart de ceux qui visionneront de tels films sont déjà concernés par le sort des animaux et tentent simplement de comprendre que faire de leur propre inquiétude. Le danger est que les vidéos sanglantes incitent les gens à se concentrer sur le problème du traitement et non sur celui de l’utilisation des animaux, particulièrement lorsqu’elles sont présentées, ainsi qu’elles le sont souvent, comme des appels explicites ou implicites aux réformes de bien-être. C’est particulièrement le cas en ce qui concerne les vidéos consacrées aux élevages industriels ou aux « abus » commis au sein desdits élevages. Beaucoup de gens visionnant de tels films repartent avec un message welfariste très clair, selon lequel la solution réside dans les labels « heureux », les élevages familiaux, la CCTV, et plus généralement dans n’importe quoi excepté le véganisme. Nous connaissons tous de telles personnes.

Et c’est le risque. En effet, lorsqu’au départ nous avons ouvert ce site, il y avait en bannière des images sanglantes. L’une des raisons pour lesquelles j’ai retiré ces images est que certaines personnes en concluaient que les défenseurs des animaux devaient se focaliser sur les réformes de bien-être afin d’ « améliorer » le traitement des animaux. Ce qui allait à l’encontre des buts et de la philosophie du site !

En outre, je pense qu’il y a une différence significative entre visiter un abattoir et regarder un film le représentant. Celui-ci est sanglant, mais une partie de l’horreur d’un abattoir réside dans le contact visuel que vous établissez avec des animaux particuliers que jamais vous n’oublierez. Si ce genre d’expérience n’éveille pas en vous de prédisposition à vous sentir moralement préoccupé ou à ressentir de l’empathie envers les animaux nonhumains, je ne vois guère ce qui le fera.

Par conséquent, nous devons être prudents quant à l’utilisation, dans le cadre du militantisme, de ce genre de documentation. Je n’y suis pas absolument opposé ; il peut aider une personne se débattant avec ces questions à développer l’inquiétude morale qui la rendra réceptive aux arguments rationnels en faveur du véganisme et de l’abolition. Il peut aussi être utile pour persuader quelqu’un qui est déjà concerné et possède l’impulsion morale, de s’orienter vers l’abolitionnisme. Mais, dans ce dernier cas, il peut aussi pousser cette personne à se focaliser sur le traitement et non l’utilisation, et dès lors nous retombons sur la viande « heureuse » et les réformes de bien-être.

Je l’ai expliqué dans mon article consacré à l’inquiétude morale :

D’un point de vue général, je ne dis pas que nous devrions nous servir, dans notre plaidoyer en faveur des droits des animaux, de l’élément déclencheur de notre inquiétude morale. Cela n’aurait aucun sens. Si l’inquiétude morale de quelqu’un a été déclenchée par la lecture de Black Beauty étant enfant, je ne dis pas que nous devrions promouvoir la lecture de Black Beauty comme moyen de plaidoirie. En effet, beaucoup de gens ayant lu Black Beauty étant enfants ne sont pas devenus végans pour autant. Mais ce livre (à l’instar d’innombrables autres livres, expériences, etc.) peut avoir déclenché l’impulsion morale d’une personne, la rendant dès lors réceptive aux arguments rationnels que nous développons en tant qu’abolitionnistes afin de l’amener à considérer tous les êtres sentients comme des membres de la communauté morale, et le véganisme comme la seule réponse cohérente à son inquiétude morale. Mais si elle n’a pas en premier lieu d’inquiétude morale, elle ne sera pas réceptive à ces arguments.

Quelqu’un peut avoir développé son souci moral des animaux en travaillant dans un élevage, intensif ou non, mais nous n’allons pas militer afin que les gens aillent travailler dans ce genre d’endroits dans le but de les persuader de devenir végans. Non seulement ce serait peu réaliste, mais il n’est pas sûr que ce soit aussi efficace que de fournir des arguments logiques à une personne se souciant déjà moralement des animaux.

J’ai connu quelqu’un dont le souci moral fut déclenché en travaillant comme assistant-étudiant dans un laboratoire qui utilisait des animaux. Cette personne a arrêté de travailler dans le laboratoire, a fait du bénévolat pour un grand nombre d’associations de bien-être animal et est devenue végétarienne pendant plusieurs années. Elle a embrassé le véganisme après avoir lu Introduction to Animal Rights, a cessé de plébisciter les réformes welfaristes au profit de l’éducation au véganisme. Elle fut sensible aux arguments logiques exposés dans Introduction to Animal Rights parce qu’elle se souciait moralement des animaux, résultat de son expérience en laboratoire. Mais je ne recommanderais certainement jamais à quiconque de travailler dans un laboratoire animalier pour devenir végan.

Le point à retenir : ne pas confondre l’origine de la préoccupation morale, qui peut venir d’à peu près tout, avec les arguments logiques exprimés en faveur du véganisme et de l’abolition.

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Si vous n’êtes pas végan, s’il vous plaît, devenez-le. C’est facile, c’est meilleur pour votre santé et l’environnement. Par-dessus tout, c’est moralement la bonne chose à faire.

Le monde est végane ! Si vous le voulez.

Gary L. Francione
Professeur, Rutgers University
©2012 Gary L. Francione