Chers Collègues :
En 1982, Victor Schonfeld a réalisé l’influent The Animals Film, raconté par Julie Christie. The Animals Film était le premier film à exposer en détail les façons dont les humains traitaient les nonhumains. Pour beaucoup d’entre nous qui l’ont vu à l’époque (j’en fais partie), les images de ce film ont travaillé profondément nos esprits et nous ont aidés à renforcer le mouvement des droits des animaux alors émergent.
Schonfeld a récemment fait sa réapparition en réalisant un documentaire en deux parties pour la BBC World Service, One Planet: Animals and Us. Il y pose les questions suivantes : avons-nous fait des progrès depuis 1982 ? Notre rapport aux nonhumains est-il aussi exploiteur qu’il l’était avant cette date ? Dans la première partie, il se penche sur notre utilisation des animaux pour la nourriture, en se focalisant sur les élevages industriels. Dans la seconde, il se concentre sur la vivisection. En conclusion à la seconde partie, il exprime son inquiétude quant au fait que bien peu de progrès ont été réalisés, et appelle à ce que le véganisme devienne la « ligne de fond » du mouvement des droits des animaux.
La BBC World Service est le programme radiophonique le plus largement écouté au monde. Le fait qu’on y parle du véganisme est passionnant. Si vous n’avez pas encore entendu les deux parties d’Animals and Us, s’il vous plaît, faites-le. Je ne suis pas d’accord avec tout ce que dit Schonfeld, mais il a réalisé un travail énorme étant donné la complexité du problème et la courte période de temps dont il disposait.
Dans le Guardian (R.-U.) d’aujourd’hui, Schonfeld a publié un article intitulé Les cinq points faibles de l’activisme animal. L’accroche :
Des grotesques affiches de nus aux concepts aussi douteux que celui de « viande heureuse », les groupes des droits des animaux sont en train de perdre la bataille d’un changement réel.
Schonfeld déclare que son exploration de la scène contemporaine lors de la réalisation d’Animals and Us
a rendu éclatant le fait que les efforts des groupes organisés en faveur des animaux ont été largement infructueux sur le plan des buts finaux, et que les campagnes pour l’obtention de changements minimes sont sans doute contreproductives. L’activisme organisé a cruellement besoin de nouvelles perspectives.
Il a identifié cinq problèmes particuliers : (1) l’échec du mouvement animaliste à tendre la main et à se lier ainsi aux autres mouvements sociaux progressistes ; (2) l’utilisation du sexisme pour soi-disant promouvoir les droits des animaux ; (3) le partenariat qui s’est effectivement développé entre les grosses organisations animalistes et les exploiteurs institutionnels ; (4) la promotion de la « viande heureuse » et des produits d’origine animale ; et (5) l’absence générale de stratégie.
Schonfeld clôt son article ainsi :
Les activistes animalistes ne se sont pas posé les questions difficiles, et les tours de force de l’autopromotion organisée se substituent au travail moins séduisant qui consiste à comprendre comment aider chacun d’entre nous à changer notre manière de vivre. Beaucoup de bruit, peu d’évolution. Sans doute est-il temps d’inverser cette tendance.
Je terminerai ce billet par les trois réflexions suivantes :
Premièrement, Schonfeld a probablement déjà été bombardé par les grosses organisations de bien-être animal et leurs partisans qui lui reprochent d’oser critiquer la tactique des grands groupes. Nous savons tous qu’exprimer le moindre désaccord quant à la tactique des grands groupes, ou même demander qu’il y ait un débat à son propos, expose à la récrimination et aux accusations d’être des « diviseurs » et « de se moquer des animaux ». Ecrivez un petit mot à Schonfeld à info[-AT-]beyondtheframe.co.uk pour lui dire que vous appréciez qu’il ait le courage de soulever ces problèmes.
Laissez également un commentaire intelligent sur le site du Guardian. Beaucoup de ceux qui sont postés pour l’instant ne font rien pour inciter au débat et à la discussion.
Deuxièmement, aujourd’hui, qui est le jour où paraît l’article de Schonfeld au Royaume-Uni, est aux Etats-Unis la Journée Martin Luther King. Il y a hélas encore beaucoup de racisme ici et partout et aujourd’hui (et tous les jours), et nous devons méditer sur la manière dont mieux réaliser l’égalité dans le monde. Afin de rattacher les idées contenues dans l’article de Schonfeld avec la Journée MLK, posez-vous la question : Martin Luther King aurait-il fait la promotion d’une campagne intitulée « Plutôt nu qu’assis à l’arrière du bus ? » Non, bien sûr que non.
Troisièmement, rappelez-vous : Le monde est végane ! Si vous le voulez.
Gary L. Francione
©2010 Gary L. Francione