Chères collègues et chers collègues :
Dans plusieurs de mes écrits, j’ai soutenu que la promotion de l’approche de la « viande heureuse » a non seulement rendu le public plus à l’aise de consommer des produits animaux, mais a entrainé la création d’une association troublante entre les défenseurs des animaux et les exploiteurs institutionnalisés. Ce sujet compte parmi les nombreuses questions à propos desquelles le professeur Robert Garner – qui défend le néo-welfariste ou la position « protectionniste » (comme il préfère la nommer) – et moi-même débattons dans notre livre The Animal Rights Debate: Abolition or Regulation?, à paraitre chez Columbia University Press cet automne.
De toute façon, le professeur Roger Yates a dirigé mon attention vers un communiqué de presse de la HSUS concernant l’engagement de Red Robin Gourmet Burgers à utiliser des œufs provenant de poules « élevées en liberté » dans ses magasins des É.U. d’ici 2010. Voici un extrait du communiqué de presse :
« La Humane Society des États-Unis a félicité Red Robin pour avoir joint le mouvement national consistant à renoncer aux cruelles cages en batterie », annonce Paul Shapiro, directeur principal de la campagne contre l’élevage industriel de la HSUS. « Nous avons hâte de travailler avec cette compagnie pour hausser la barre en matière de bien-être animal. »
Susan Lintonsmith, vice-présidente principale et chef du markéting de Red Robin, a déclaré « Les hauts standards de qualité de Red Robin et son service inégalé reste notre principale priorité. Nous reconnaissons que l’élimination des cages en batterie dans la production d’œufs est devenue une question d’une importance grandissante dans les communautés que nous déservons, nous sommes donc excités à l’idée de progresser vers une chaine de production n’incluant que des œufs provenant de poules élevées en liberté ».
« Nous apprécions sincèrement les conseils et les idées que la Humane Society of the United States a partagé avec Red Robin », affirme Lintonsmith. « Nous sommes heureux qu’ils appuient nos engagements et nous avons hâte de poursuivre notre dialogue avec la Humane Society à propos des questions de bien-être. »
Voilà un parfait exemple du problème qui me préoccupe. Premièrement, il est ici sous-entendu que les œufs de poules « élevées en liberté » représentent une augmentation significative du bien-être des oiseaux. Jetez un œil à ce qui est offert sur le site du Peaceful Prairie Sanctuary et demandez-vous si cela est vrai. Deuxièmement, il est impossible que cette « entente » entre la HSUS et Red Robin ne puisse aider à envoyer un message clair au public : la HSUS approuve le fait de manger chez Red Robin. Essentiellement, la HSUS dit au public : manger les vaches mortes et les autres produits d’origine animale offerts chez Red Robin. Red Robin se soucie du traitement « humanitaire » puisqu’il s’apprête à se convertir aux œufs de « poules en liberté » dans les deux prochaines années, afin que vous soyez à l’aise de consommer ses produits.
Je soutiens qu’il n’y a, en pratique, aucune autre façon d’interpréter ce type d’entente.
Je suis certain que mes amis à la HSUS croient sincèrement qu’il s’agit d’une bonne chose; je suis sincèrement en désaccord.
Gary L. Francione
© 2009 Gary L. Francione